Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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La vie avant toutes choses
Si le vieux cri de «Mort aux exploiteurs !» ne retentit plus parmi les cités, c'est qu'il fait place à un autre cri, venu de l'enfance et d'une passion plus sereine : «La vie avant toutes choses !» Qu'il se propage, non dans les têtes mais dans les cœurs, et ne vous inquiétez plus de l'apathie où s'enlisent les archaïsmes de la soumission et de l'insoumission. La joie d'appartenir à l'incessant renouvellement de la nature est le meilleur antidote aux contraintes quotidiennes de l'exploitation et de la dénaturation. C'est le moment de l'innocence où l'enfant se révèle à soi-même, avant que l'éducation fasse payer le plaisir de naître par l'obligation de travailler. Là gît le secret dénouant la chaîne de remords, de sacrifices, de maladies, de frustrations et d'agressivités que forge anneau par anneau le libre-échange des culpabilités. Raoul Vaneigem Diplomatie Publique
Rédigé par psa le 02/11/2006 à 07:01
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Nos morts
Ils gisent dans le champ terrible et solitaire. Leur sang fait une mare affreuse sur la terre ; Les vautours monstrueux fouillent leur ventre ouvert ; Leurs corps farouches, froids, épars sur le pré vert, Effroyables, tordus, noirs, ont toutes les formes Que le tonnerre donne aux foudroyés énormes; Leur crâne est à la pierre aveugle ressemblant ; La neige les modèle avec son linceul blanc ; On dirait que leur main lugubre, âpre et crispée, Tâche encor de chasser quelqu'un à coups d'épée ; Ils n'ont pas de parole, ils n'ont pas de regard ; Sur l'immobilité de leur sommeil hagard Les nuits passent ; ils ont plus de chocs et de plaies Que les suppliciés promenés sur des claies ; Sous eux rampent le ver, la larve et la fourmi ; Ils s'enfoncent déjà dans la terre à demi Comme dans l'eau profonde un navire qui sombre ; Leurs pâles os, couverts de pourriture et d'ombre, Sont comme ceux auxquels Ézéchiel parlait ; On voit partout sur eux l'affreux coup du boulet, La balafre du sabre et le trou de la lance ; Le vaste vent glacé souffle sur ce silence ; Ils sont nus et sanglants sous le ciel pluvieux. Ô morts pour mon pays, je suis votre envieux. Victor Hugo |