Au Togo aussi, le 22 février 2020, « Que le Peuple fasse son devoir électoral, les représentants républicains feront le leur ». C’est ainsi que se manifeste et se prolonge toute résistance, toute quête de liberté. Jamais le renoncement pour cause d’imperfection des conditions n’est venu à bout d’aucune forme d’imposture politique.
Au Togo aussi, la conquête de la Dignité, le retour à la République, n’est rien d’autre que la confrontation de l’imperfection politique dans toutes ses manifestations et méthodes de confiscation du pouvoir. Pas plus au Togo qu’ailleurs, aucune dictature n’offre à ses adversaires les conditions idéales, saines, d’une élection démocratique.
Dans ce cahier du retour à la République au Togo, jamais les Togolaises et les Togolais n’ont cessé de rajouter des pages supplémentaires. Nous devons à la vérité que leurs humeurs et écritures sont loin d’être uniformes : leurs manuscrits sont souvent passés du désespoir à l’espoir. Mais on y retrouve surtout la foi libératrice de toutes les Nations opprimées.
La Vivante République !
Les termes de ce courage et de ce refus d’abandonner qui se dressent dans la volonté des Togolais sont assez clairs, comme partout dans l’histoire des Peuples. Croyons-en le vieux Hugo, bâtisseur de la République malgré toutes les misères de son temps :
« Proscrits, si la République est morte, veillons le cadavre ! Allumons nos âmes, et laissons-les consumer comme des cierges autour du cercueil : restons inclinés devant l’idée morte, et, après avoir été ses soldats pour la défendre, soyons ses prêtres pour l’ensevelir.
« Mais non, la République n’est pas morte !
« Citoyens, je le déclare, elle n’a jamais été plus vivante. Elle est dans les catacombes, ce qui est beau. Ceux-là seuls la croient morte qui prennent les catacombes pour le tombeau. »
Non, la République togolaise n’est pas morte. Et elle ne sera pas morte aussi longtemps que de toute lueur, modeste, tous ces hommes et femmes, ces enfants et ces vieillards resteront debout pour lutter « sans défaillance » aucune. Oui, nous le savons, l’honneur de tout un Peuple ne peut s’évanouir dans la léthargie, jamais datée, et toujours promise par les révolutionnaires.
De tout temps, le nom du Togo signifie bien Liberté. Ce sont ces cris persistants, Ablodé… Ablodé… Ablodé Gbadja, qui ont fait naître, conquérir et advenir la République togolaise, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, très tard dans la nuit d’ailleurs. Car, toujours, le jour vient au bout de la nuit noire.
Nul ne cesse un combat non terminé. Le 22 février 2020, c’est l’élection présidentielle au Togo. Et au Togo, rien ne ressemble à la normalité, sauf celle d’un pays à tâtons, une vraie bananeraie tropicale de contrebandiers et de contrerépublicains divers annonçant 9389 bureaux de vote sans leurs adresses, alors que le pays ne compte même pas autant d’écoles et lieux assimilés pour les y accueillir. C’est encore les ténèbres au Togo ; ce pays a besoin de veilleurs et d’éveilleurs et toutes les initiatives républicaines y sont les bienvenues.
Parce que c’est toujours la nuit des contrerépublicains et des Adowuinon, nous devons rester debout comme se dressent d’ailleurs tout le Togo et sa diaspora. C’est connu : « la nuit, ne dormant pas, le sommeil de la patrie devient l’insomnie des proscrits », des exilés et des bannis de la transparence électorale que nous sommes tous devenus… Tenons bon : « Que le Peuple fasse son devoir électoral, les représentants républicains feront le leur ».
PSA
Québec, Canada
[20 janvier 2020]