Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




L'Union chez Rubens
L'Union chez Rubens
Ceux et celles qui ont moindrement eu à gérer des journalistes, apprennent assez vite les situations de certains de leurs collègues qui n’arrivent pas à positionner leur point de vue analytique, lorsqu’il est question de prendre clairement position pour alléger une situation déjà entremêlée. Ceci me rappelle bien de souvenirs pas trop lointains…
L’auteur d’un texte intitulé L’incongruité des querelles de succession à la FTF, M. Abalo Balakyem Kpéouzim, sur togocity.com offre un parfait exemple, face à l’imbroglio « juridico-réglementaire » qui prévaut à la Fédération Togolaise de Football (FTF). Il a bien fait ressortir le caractère confus de la situation. Mais très rapidement, il s’est posé en expert capable de trouver le dénouement en taxant les uns et les autres d’incompétents en textes réglementaires puisque, à ses yeux, « l’inculture et la médiocrité » ont fait leur nid chez les Togolais. Pas Grave! Il poursuit en rejetant l’ancien texte puisque la FTF elle-même a adopté de nouveaux règlements en mai dernier. Lui reste alors à sacraliser les nouveaux textes basés sur les recommandations de la FIFA, l’organe suprême de gestion du football à travers le monde; ce qu’il a fait par ailleurs. Il se trouve que ses propres références prises dans les nouveaux textes et au-delà, à la FIFA, sont largement incomplètes. Rien d’étonnant pour moi, puisque c’est le caractère incomplet de tout cet arsenal réglementaire qui ouvre la porte à cette confusion, devenue… partisane. Mais demeure les faits : ils sont têtus. Les quatre se sont bien désolidarisés de la gestion de Tata Avlessi et conséquemment de celle des autres qui supportent ce président; ceux-ci sont majoritaires par rapport aux dissidents. Mieux encore, les Désolidaires peuvent raisonnablement être considérés comme démissionnaires pour plusieurs raisons dont leur absence chronique non-justifiée aux réunions de la FTF. Des dispositions existent qui permettent cette association entre absence et démission. Ces dispositions font jurisprudence et établissent une nouvelle règle de droit, particulièrement en l’absence d’autres dispositions dans les nouveaux textes. De deux choses l’une : soit Gabriel Ameyi s’empare de la présidence de la FTF et, en minorité, il provoque la démission des autres pour aboutir à une élection générale de laquelle il ne survivra probablement pas; soit Gabriel Ameyi négocie avec la majorité, aussi bien son retour effectif que des améliorations dans la gestion de la FTF sans forcément se retrouver à la présidence de l’organisation. Naturellement, cette dernière option me paraît réaliste et va au-delà des textes qui, de tout temps, n’ont jamais réglé des problèmes sans la volonté des antagonistes. Encore qu’il faut dire que l’ensemble du processus d’adoption des nouveaux textes ne me semble pas être achevé à la FTF.
L’incongruité des textes fait partie de la vie des organisations, l’humaine bêtise aussi. Il y a une solution à la crise de la FTF qui me paraît autre que les cas extrêmes. Une solution qui s’enracine dans la majorité silencieuse et l’urgence du moment qui se trouvent être du côté des héritiers de Tata Avlessi, lesquels ont choisi Louis Téyi Lawson-Gallus comme président. Malheureusement, au Togo on aime tout casser, tout corrompre, tout dire sauf l’essentiel qui est aussi la perspective des alliances en vue des prochaines élections à la Confédération Africaine de Football. Cela n'a rien à voir avec nos capacités de lire et comprendre les textes qui régissent le football au Togo, qu’ils soient de 1994 ou de 2007.


Silence


Rédigé par psa le 19/07/2007 à 10:35



Par Jacques Chirac lui-même... Lisons alors


« Conformément à l'idée que je me fais des exigences qui s'imposent à un responsable politique, j'ai, dès la fin du second mandat que m'ont confié les Français, fait savoir au magistrat chargé du dossier relatif au financement du Rassemblement pour la République que j'étais à sa disposition pour répondre aux questions qu'il voudrait me poser. Rendez-vous est pris à cet effet. Je ne vois rien là que de très normal et de conforme à la conception qui a toujours été la mienne des principes républicains.

C'est elle aussi qui me conduit à m'exprimer ici, afin d'éclairer, pour les Français également, la question du financement de la vie politique, devenue avec le temps de plus en plus incompréhensible, notamment pour les plus jeunes de nos concitoyens.
La durée et la diversité des responsabilités politiques que j'ai exercées m'autorisent à procéder à ce rappel.

Au tournant des années 1970, avant l'explosion des besoins de communication des formations politiques et par voie de conséquence des nécessités de leur financement, aucune disposition juridique n'encadrait ce sujet. C'était le temps où le droit était beaucoup moins présent qu'aujourd'hui. Des organisations aussi différentes que les partis politiques, les associations, les syndicats ou les cabinets ministériels fonctionnaient largement sur la base d'usages apparus au fil du temps. S'agissant des formations politiques, au-delà des contributions des adhérents, par essence limitées, il était fait appel à la générosité des uns et des autres. Des particuliers, militants ou non, des entreprises, voire des budgets publics, contribuaient ainsi au financement des formations politiques, à la prise en charge de leurs coûts ou au financement proprement dit des campagnes par le biais de financements directs, de prise en charge de frais, de mise à disposition de personnel ou de rémunération de permanents.

Cet état de fait, connu de beaucoup, était au fond accepté parce que les partis, qui jusqu'en 1988 n'avaient pas de statut, concouraient conformément à l'article 4 de la Constitution à l'expression du suffrage et assumaient à ce titre une mission d'intérêt général sans laquelle la démocratie n'aurait pu fonctionner.

La première élection du président de la République au suffrage universel en 1965 et l'apparition de deux scrutins majeurs – les européennes et les régionales – conduisaient inéluctablement à un changement. Le bouleversement a été rendu plus irrésistible encore du fait de l'explosion des dépenses de communication et de publicité liée au développement des médias. S'ils voulaient continuer à être entendus et à jouer leur rôle dans le débat démocratique, tous les partis étaient obligés de suivre, et donc de mobiliser des moyens financiers sans commune mesure avec ce qu'on avait jusqu'alors connu. Les juges, enfin, ont secoué le système en mettant au jour des pratiques occultes auxquelles nul ne s'était vraiment intéressé avant eux.

Parce que les esprits avaient évolué et que les sommes en jeu n'étaient plus les mêmes, un changement en profondeur des conditions de financement des formations politiques s'imposait.
Il a fallu passer, en quelques années, d'un monde d'usages et d'arrangements à un régime clairement fixé par la loi.

En France, mais aussi aux Etats-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni, les partis ont dû s'adapter à cette nouvelle réalité. Toutes les grandes démocraties ont connu une période difficile de passage d'une zone de non-droit ou d'usages devenus obsolètes à la fixation par la loi de principes clairs et adaptés aux besoins de financement des partis politiques. Il n'est pas rare qu'on ait dû s'y reprendre à plusieurs fois pour parvenir à une situation satisfaisante.

En France, où nous sommes aujourd'hui à la pointe de la rigueur et de la modernité, il ne nous a fallu pas moins de trois lois entre 1988 et 1995 : deux proposées par la droite et une par la gauche, mais toujours votées par une large majorité de parlementaires. Avec le président Mitterrand, nous avons fait adopter, le premier texte, la loi de 1988. Elle concernait le financement des campagnes électorales. C'est la loi de 1990 qui a traité du financement des partis par les entreprises. Mais ce n'est qu'en 1995 que nous sommes parvenus, au terme de ce processus, à ce qui me paraît être la meilleure solution : l'interdiction de tout financement par des entreprises. Nous avons mis en place un financement public, équitable et transparent, des partis politiques et des campagnes électorales.

C'est à cette période antérieure à la loi de janvier 1995, marquée par l'explosion des besoins et par l'inadaptation de règles parcellaires, que remontent ce que l'on a appelé les affaires de financement des partis politiques. Elles ont concerné toutes les formations, de gauche comme de droite.

Dans un esprit de clarté et de responsabilité, je compte rappeler précisément aux magistrats ce contexte sans lequel on ne peut pas comprendre. En ma qualité de président du Rassemblement pour la République, j'ai souhaité, dès 1984, la création de la société de développement et de publicité dont l'objet était de garantir la transparence du financement du mouvement. Et, j'ai voulu, d'une manière générale, que soient abandonnés les usages anciens. C'est ce que je compte aussi expliquer aux juges.

Je le ferai porté par une conviction que je veux faire partager aux Français : les responsables politiques de l'époque ont agi avec probité et dans le souci de l'intérêt général. Un effort pour se replacer à cette époque permet de mesurer à quel point leur tâche a été lourde. Sept ans de tâtonnements se sont avérés nécessaires pour parvenir au bon régime juridique et, dans le même temps, il a fallu passer au plus vite de pratiques héritées d'un passé parfois lointain et devenues inacceptables à des règles claires et transparentes, fixées par la loi.

Au-delà des présentations caricaturales, il y a une réalité : que ce soit à gauche comme à droite, ces dossiers n'ont que très exceptionnellement porté sur des cas d'enrichissement personnel – d'ailleurs sanctionné, parfois lourdement – et les lois mises en place dans cette période assurent aujourd'hui un cadre démocratique exemplaire.

De tout cela, je suis prêt à témoigner et à répondre, témoigner devant l'opinion, répondre devant les juges. Dans les deux cas, je le ferai en conscience. »

Jacques Chirac, ancien président de la République, LE MONDE



Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 19/07/2007 à 08:39



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