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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Un enseignant et un journaliste condamnés à la prison ferme pour offense au chef de l'État. C'est le Show de la réalité démocratique, lorsque le président de la république du Mali n'est pas content, et pas du tout. Tout un sujet de choix pour une future pièce de théâtre ou de film à grand succès…


'La maîtresse du président': une école réalité
LA FABLE pourrait s'intituler La Maîtresse du président de la République, le Professeur et le Procureur. Elle raconte comment un enseignant et une brochette de journalistes se sont trouvés en fâcheuse posture pour avoir offensé un chef d'État africain pourtant réputé démocrate.

L'affaire commence dans une salle de cours de Bamako, quelque temps après la réélection triomphale du président Amadou Toumani Touré, dit ATT. Un professeur de lettres propose à ses élèves de seconde de disserter sur un texte de son cru. Bassirou Kassim Minta a imaginé l'histoire d'une étudiante, qu'il a appelée Dily, contrainte de monnayer ses charmes pour subvenir à ses besoins.

La « prostituée économique » est prise dans une de ses « escapades charnelles » dans les « griffes du président de la République jusqu'à ce que grossesse s'ensuive ». Le géniteur présumé tente sans succès de la contraindre d'avorter en la menaçant d'assassinat. Après son accouchement, Dily parvient à interrompre un Conseil des ministres pour plaider sa cause devant les membres du gouvernement. Le premier ministre se range à son avis. Dans sa grande sagesse, le président finit par reconnaître l'enfant et promet de demander la main de sa maîtresse.

Procès à huis clos
La classe doit résumer le sujet au quart de son volume réel et commenter sous forme de dissertation le comportement du personnage central, la jolie Dily. L'exercice de littérature se gâte avec l'entrée en scène de Seydina Oumar Diarra, un journaliste d'Info-Matin prévenu de l'originalité de l'exercice. Interrogé, l'enseignant croit bon d'expliquer qu'il a voulu traiter un fait de société et indique qu'il s'est « inspiré des réalités qui l'entourent » . « La valeur d'un sujet traité n'est pas seulement pédagogique et intellectuelle, elle doit s'étendre au volet moral et civique », précise-t-il.

Deux semaines après la publication de l'article, la gendarmerie arrête le professeur et le journaliste. L'affaire de « la maîtresse du président » s'emballe. Les responsables de quatre journaux d'opposition qui ont repris l'information ou évoqué les embastillements sont à leur tour inculpés. Une grève générale des journalistes est décrétée. Seul un quotidien pro-gouvernemental continue de paraître.

Le procès des accusés s'est déroulé hier dans un palais de justice cerné par les forces de police par crainte de débordements. Il s'est déroulé à huis clos en l'absence des avocats de la défense, qui ont dénoncé une « mascarade ». L'enseignant a été condamné à deux mois de prison ferme et s'est vu notifier une interdiction d'exercer son métier. Le journaliste auteur du scoop a écopé de treize jours d'emprisonnement.

Les quatre directeurs de journal ont été condamnés à des peines de prison avec sursis pour avoir évoqué les frasques extraconjugales d'un chef d'État. Imaginaire, ce dernier n'a pu réagir. Quant au vrai président Amadou Toumani Touré, il garde le silence et prépare le premier tour des élections législatives qui se déroulent dimanche à Bamako.

Thierry Oberlé, Le Figaro ("La maîtresse du président", un mauvais conte malien)



Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 27/06/2007 à 11:29



Si vous n’avez qu’un texte à lire aujourd’hui, lisez celui-ci et ne vomissez pas. Mettez-vous plutôt en colère contre le peu de valeur qui guide nos politiciens déshumanisés et sans vision. Prenez aussi le temps de vous demander si vous laisserez aujourd’hui votre enfant de 18 ans, fille ou garçon, partir faire la guerre en Afghanistan. Pour ma part, je ne le laisserai pas faire…


Une jeunesse de paix en 2007
Une jeunesse de paix en 2007
« Sur l'écran de la télé de RDI surgit le visage d'un adolescent de 17 ans. Il porte le casque militaire, la mitraillette, bref, le costume du fantassin. Dans quelques semaines, entraîné par l'armée canadienne depuis quelques années déjà, il quittera sa Mauricie pour Kandahar.
Il viendra alors tout juste d'avoir ses 18 ans, cet âge merveilleux où, au Canada de Stephen Harper, Stéphane Dion et Gilles Duceppe, on peut aller faire la guerre à l'autre bout du monde, dans un pays misérable, chasser et tuer le taliban ou ce qui lui ressemble ou se faire tuer avant même de commencer à vivre. Cela, au nom de la défense de la démocratie!

Il a hâte de partir, l'ado, parce que la guerre, estime-t-il, c'est une activité «extrême». Ça va le changer des mollesses familiales, précise-t-il, et de sa soeur, sans doute une mauviette, qui voudrait bien qu'il ne parte pas: elle ne se rend pas compte, elle, qu'à 17 ans, on est un vrai homme, quand même! Et que la démocratie, on le sait si bien à cet âge de grande sagesse, ça se défend, ça se promeut par les armes!

À quoi s'attend-il au juste, en Afghanistan?
«Je l'sais pas trop, j'suis jamais allé à la guerre... !», répond-il, le visage encore poupin traversé d'un sourire gêné. Ses «frères d'armes», comme ils disent, affirment à la caméra que cet enfant a du caractère. Ils ont, du haut de leurs 22 ou 23 ans, l'air d'être fiers du jeune, et ils vont éventuellement le protéger, leur benjamin!

La larme qu'on pourrait avoir envie de verser devant ce spectacle ahurissant, sinon obscène, se transforme rapidement en rage vive quand apparaissent peu après, sur les écrans, ces sépulcres blanchis de politiciens qui viennent bêler leur discours propagandiste et mensonger sur la justesse de cette guerre et le respect dû aux soldats. Ces jeunes, affirment-ils, vont volontairement risquer leur vie, risquer de verser leur sang, en notre nom, pour le mieux-être de ces pauvres Afghans et, surtout, de ces pauvres Afghanes qui, on l'aura remarqué, ont la burqa très opportune aux mains de la bande de Stephen Harper et de ses vassaux, y compris ceux qui pérorent à l'Assemblée nationale du Québec en dénigrant les opposants à la guerre et à l'armée.

Car enfin, n'y a-t-il pas quelque chose de proprement odieux à entendre nos politiciens, seigneurs de guerre, ceux-là mêmes qui envoient nos jeunes soldats mourir dans la violence et la souffrance à mille lieues de chez eux, accuser, le trémolo dans la voix, les pacifistes antiguerre de manquer de respect aux soldats? On croirait rêver devant tant d'évidente mauvaise foi!

Faut-il comprendre que le Canada en est vraiment rendu à accepter de sacrifier ses propres ados sur le champ de bataille, sous prétexte que s'ils le veulent, s'ils sont prêts à risquer leur vie pour défendre la démocratie, la liberté d'expression et les droits fondamentaux de la personne -- toutes choses qui, comme le laissent entendre les politiciens, sont des évidences lumineuses dans l'esprit des ados en mal de voyage --, il faut les y expédier?

Qui donc, dans ce pays, manque de respect aux soldats: les antiguerre ou ces tristes politiciens qui acceptent d'armer des cégépiens en mal de sport extrême et de les dresser contre des populations démunies? C'est à vomir! »

Jacques Keable, texte d'opinion dans Le Devoir (À 17 ans, fin prêt pour Kandahar)



Mot à Maux


Rédigé par psa le 27/06/2007 à 10:49



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