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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Depuis son message de la Lettre Pastorale du 27 avril 2016, message acclamé par toute la population, l’Église catholique du Togo est devenue de plus en plus floue, sibylline, énigmatique, funambule, même sinusoïdale et bizarroïde. Aurions-nous alors besoin d’une « Association des Catholiques pour la Démocratie » avant de nous faire entendre, et demander l’actualisation du message très contemporain de Jésus-Christ? La Vérité ou rien d’autre!


Who's this... Jésus-Christ est du côté du Peuple...
Who's this... Jésus-Christ est du côté du Peuple...



Cinquante ans d’errements plus tard au Togo, le diagnostic demeure sans équivoque et conforme aux Saintes Écritures : « Quand on le jugera, qu'il soit déclaré coupable, et que sa prière passe pour un péché! Que ses jours soient peu nombreux, qu’un autre prenne sa charge! » Il n’y a donc aucun mal à persister dans l’acte libérateur du Togo : le peuple togolais veut la pleine démocratie et l’alternance. Et la voix du peuple togolais, tel qu’elle résonne et s’entend de partout, est aussi cette voix inaltérable de Dieu. Partout, la voix du peuple c’est la voix de Dieu.

Comment pouvait-il en être autrement lorsque, témoins privilégiés de l’histoire du Togo, les membres de la Conférence des Évêques du Togo appelaient encore, à peine dix mois, à la conscience collective par un si dense et généreux message : « Soyons responsables dans la Justice et la Vérité »? C’était il y a dix mois. Dix mois prophétiques au bout desquels, en pasteurs avisés, les Évêques sont allés à la rencontre de leurs fidèles pour leur ouvrir, davantage, la fenêtre de l’écoute et de l’espoir; véritablement et sans désespérer, les Évêques togolais avaient su lâcher et relâcher la colombe de l’espoir.

Au Togo également, ce n’est qu’au prix de cette persévérance dans le salut de la Vérité et dans le renoncement aux glissements et aux flottements, pas si lointains, que les terres inondées de la République émergeront de nouveau : « Les eaux allèrent en diminuant jusqu'au dixième mois. Le dixième mois, le premier jour du mois, apparurent les sommets des montagnes. (…)Noé ouvrit la fenêtre qu'il avait faite à l'arche. (…) Il lâcha la colombe, pour voir si les eaux avaient diminué à la surface de la Terre. (…) La colombe revint à lui sur le soir; et voici, une feuille d'olivier arrachée était dans son bec. »


Autant que le Verbe sauve la Démocratie

Faure Gnassingbé a besoin de la Vérité, celle d’avant comme celle d’aujourd’hui; cette Justice et cette Vérité que commande d’ailleurs l’infalsifiable histoire du Togo : la démocratie sauve autant que sauve la parole du Christ. C’est bien cette combinaison gagnante que monseigneur Isidore de Souza, en 1990, avait su incarner aux côtés de Mathieu Kérékou pour accoster « sans violence ni effusion de sang » l’arche Bénin, longtemps en perdition. Et, c’est en portant plus loin encore l’œuvre initiale admirable de l’un des nôtres, Édem Kodjo –pratiquement au prix de la vie de celui-ci, que le clergé local vient d’arrimer l’arche Congo à l’espoir d’une alternance démocratique projetée pour décembre 2017.

Le Togo n’a d’avenir que dans cette Vérité inlassablement servie en des termes clairs et limpides, des mots rassurants et puissants; un message sans cesse répété comme dans la Lettre Pastorale d’il y a seulement dix mois : « le principe de l'alternance politique, avant d'être une valeur démocratique, est surtout une exigence de droit naturel. Précisément parce que les gouvernants sont à notre service, il est légitime de les remplacer quand nous estimons qu'ils ne remplissent plus leur mission ou qu'ils ont atteint une limite qui ne leur permet ou ne leur permettrait plus de bien remplir cette mission.»

La Conférence des Évêques du Togo ne peut donc s’arrêter au beau milieu d’un si bon chemin menant au salut de sa communauté, ou encore se contenter d’un minimum de service après son propre appel à chaque volonté humaine à « Faire son devoir de citoyen ». Les Togolaises et les Togolais s’attendent à ce que l’Église de leurs entrailles leur ressemble au quotidien, dans leurs espoirs et espérances; plus que jamais, que cette Église se montre fière, digne, reconnaissable, luminescente et scintillante même, particulièrement par ces temps de noirceur et d’invouloir persistant.

Après avoir si longtemps accompagné la République, l’Église du Togo ne peut renoncer aux siens; « Après avoir été accompagnés par l'Église, ils poursuivirent leur route à travers la Phénicie [Lomé] jusqu’à la Samarie [Dapaong], racontant la conversion des païens, et ils causèrent une grande joie à tous les frères. » C’est aussi ce devoir de joie que les citoyens attendent et désirent partager avec leur Église. Sans peur ni retenue, Jésus-Christ reste un démocrate.


Silence


Rédigé par psa le 19/01/2017 à 22:22



C’est à croire que Faure Gnassingbé qui préside aux destinées du Togo n’est vraiment pas préparé à assumer le Togo devant l’histoire. Ce Togo où « Nous avons laissé humilier l’intelligence des pères /Nous avons laissé la lumière du verbe s’avilir/Jusqu’à la honte et au mépris de soi dans nos frères ». Une fois encore, Faure Gnassingbé tourne en rond. Faure Gnassingbé qui déjà ne parle pas, tourne et tourne autour du Togo, s’arrête, vise et rate la cible de la démocratie en ce début d’année 2017. Et nous voilà repartis sur d’inutiles chemins de traverse.


Achille son Talon, Faure son Invouloir
En attente d’une allocution de fin d’année, des vœux a minima pour certains, un improbable état de la nation pour d’autres, les citoyens du Togo se sont retrouvés face à un curieux substitut : un décret présidentiel portant création d’une nouvelle « Commission de réflexion sur les réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles », un alliage de tout et de rien pour nourrir l’appel d’air créé par les pressions diverses que subies le Togo dans ses vices démocratiques. Une confusion, un amalgame, une togolaiserie, un dilatoire éhontés à la Faure Gnassingbé. Le chef de l’État togolais finira par se décider à servir un message de vœux, sans relief ni prise sur les préoccupations des citoyens...

L’astuce toute trouvée, est l’apocryphe Recommandation 8 du rapport de la Commission Vérité, Justice Réconciliation, la CVJR, qui renferme plus d’une soixantaine de recommandations, et des dizaines d’autres exhortations dissimulées tout le long du document. Évidemment, le Rapport final de la CVJR n’a jamais parlé de « Commission de réflexion » dans sa Recommandation 8, même si le terme « réflexion » s’y trouve.

Mais au Togo, l’on sait profiter des situations les plus floues et en jouir jusqu’à satiété : arrêter tout et décréter la réflexion entre un groupe de personnes dont la distance et l’autonomie resteront légitimement questionnables. La curieuse Recommandation 8 parle de « questions complexes (…) modèle occidental (…) ce modèle éprouve du mal à régir notre société nationale pluriethnique où les réflexes grégaires ou communautaristes continuent d’être prédominants ». En clair, la Recommandation 8 demeure la recommandation de l’invouloir politique, probablement introduite malicieusement par une main non innocente. Le terme réflexion y figure avec la prétention démesurée que les politiques togolais devraient réinventer la démocratie et l’adapter à leur réalité. Ridicule Recommandation 8 : tout le monde est en démocratie partout autour, et au Togo on décrète la réflexion pour la réinventer.

Toutes les dérives du dilatoire sont ainsi effectuées au nom de cette Recommandation 8 : le « Haut-commissariat à la réconciliation nationale et au renforcement de l’unité nationale », le fameux HCRRUN, et son « Atelier de réflexion et d’échanges sur les réformes politiques et institutionnelles » de juillet 2016 qui n’a rien trouvé d’autre que ce qui existait déjà dans la pensée des Togolaises et des Togolais : mettre en œuvre les réformes longtemps convenues. Puis, en janvier 2017, cette nouvelle « Commission de réflexion », sans horizon, sans échéance; une « Commission de réflexion » restée monocolore, pour être prise au sérieux dans sa capacité de refléter l’intérêt général.


Seule la Démocratie sauvera les Gnassingbé

Comme de nombreux Togolais, Gilchrist Olympio, partenaire du pouvoir présidentiel discrètement appelé au secours de la « Commission de réflexion » ne semble pas en être convaincu non plus : « cet intérêt général pour revêtir sa forme historique ne saurait être différent de ce que tous nos pays voisins ont réussi, et dont le Togo peine à trouver la voie. Je veux parler de l’alternance politique, une alternance dont l’esprit de dialogue au sein de la classe politique togolaise devrait partager la nécessité et les promesses à tous. » Manifestement, l’année 2017 ne commence pas sous des perspectives convergentes en matière d’alternance politique au Togo.

Nonobstant la valeur des personnes appelées à réfléchir dans cette fameuse « Commission de réflexion sur les réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles », il ne fait l’ombre d’aucun doute, au Togo et dans sa Diaspora, que l’essentiel a déjà été dit; l’essentiel a déjà été convenu entre tous les acteurs togolais quant aux conditions nécessaires à l’avènement de la démocratie et de l’alternance. Réformes, bonne foi, éthique républicaine.


Achille par Johann Heinrich Füssli
Achille par Johann Heinrich Füssli
La faiblesse d’Achille était son talon. Malgré toute la fougue de sa jeunesse, tous les actes de sa mère, tous les conseils de son père et tous les avis de ses conseillers, Achille périra par sa faiblesse. La faiblesse de Faure Gnassingbé est son invouloir, son indécision, son refus de la démocratie, son dilatoire, son obstination à croire qu’il peut tromper indéfiniment ses concitoyens et s’éterniser au pouvoir. Dans l’invouloir, Faure Gnassingbé n’a aucun avenir. Sans la démocratie, Faure Gnassingbé est en sursis politique; il est la première personne à le savoir. L’avenir même de Faure Gnassingbé est enchâssé dans la démocratie au Togo. La démocratie sauve!

Il est important de comprendre l’histoire, l‘intégrer efficacement pour mieux refléter l’avenir dans les décisions politiques. L’histoire du Togo n’est particulièrement pas élogieuse sur l’épopée des Gnassingbé. C’est essentiellement ce qui ressort de crucial et d’incontournable du Rapport final de la CVJR dont l’essentiel tient au devoir de justice et de réparation face aux « cas d’assassinats, d’exécutions sommaires, de tortures et de traitements inhumains, de disparitions forcées, même pour les faits couverts par l’amnistie ». Il faut donc passer aux actes de la démocratie.

Alternance politique, une incontournable solution

Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse à travers mille et une Commission, l’alternance démocratique est porteuse de réconciliations au Togo. Dans ce sens, elle est inévitable. Il n’y a donc pas une autre option pacifique et raisonnable au Togo : Faure Gnassingbé doit adhérer à la pleine démocratie, allez au-delà des attentes de ses compatriotes, se montrer généreux dans les réformes attendues de lui, et mériter l’indulgence de la République. Personne au Togo ni à travers le monde ne saurait oublier les conditions de captation du pouvoir par Faure Gnassingbé, sans un sauf-conduit délivré par le peuple togolais en situation de souveraineté démocratique. C’est cela la valeur protectrice de la démocratie.

La fracture ethnique et son corollaire militaire, tel qu’ils existent au Togo, ne forment aucune protection infinie ou un droit à la perpétuation de l’arbitraire. Le Togo bouge autant que l’Afrique et le monde. Rien d’autre ne sauvera Faure Gnassingbé que le peuple togolais lui-même; un peuple envers qui Faure Gnassingbé se serait montré humble, audacieux et respectueux. L’appartenance ethnique ou encore tous les discours de diabolisation de l’opposition togolaise ne sanctifieront pas Faure Gnassingbé. On a déjà vu s’écrouler les pires dictatures sur leur propre base de contradictions et de dénégations.

La démocratie sauve en plus d’ouvrir la voie à la réconciliation, au développement, à l’émergence, à la dignité humaine et à une République nouvelle. Cette réflexion ainsi que les preuves qui la supportent existent depuis longtemps. Le Togo n’est pas né sous Faure Gnassingbé, et Faure Gnassingbé seul ne peut définir la démocratie au Togo en compagnie de quelques adeptes retranchés dans le maquis de la complaisance, en dehors des valeurs universelles. La réflexion ne s’est jamais arrêtée au Togo : du Grand Pardon au Grad, le Groupe de Réflexion et d’Action pour le Dialogue, la Démocratie et le Développement, en passant par l’Appel des Patriotes, le Mouvement Panafricain Alaga, le Groupe de réflexion et d’action Femme Démocratie et Développement et autres organisations de la société civile, de la diaspora ou des partis politiques à vocation démocratique. Seules l’écoute et l’action manquent au Togo.

« Nous sommes d’hier », disait bien Job… Agissons en conséquence… Agissons, « nous qui avons laissé humilier l’intelligence des pères. Nous avons laissé la lumière du verbe s’avilir jusqu’à la honte et au mépris » partout au Togo, en Afrique et au-delà. Il y a dix ans, le 9 janvier 2007, naissait l'objet qui a le plus révolutionné le XXIe siècle : l’iPhone. Dix ans, que le Togo est resté à la même place de l’invouloir politique, même après un Accord politique global (APG). « Il y a bien une honte et une limite à se maintenir dans les ténèbres de la nuit » dit-on d’ailleurs au Togo. Vous n’avez pas inventé le bouton à trois trous et vous voulez inventer la démocratie? Demandez-vous d’abord, pourquoi les boutons à deux et à quatre trous seuls existent… À d’autres!

Fini le dilatoire! Que vienne le jour! Que vienne la démocratie au Togo! Maintenant.


Mot à Maux


Rédigé par psa le 09/01/2017 à 00:02



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