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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Dans un contexte préélectoral et de politisation extrême, la victoire réelle et symbolique de Barack Obama à travers la validation de son assurance santé -le fameux ObamaCare, par la Cour Suprême demeure un cantique à l’éthique politique, particulièrement dans un pays où des millions de citoyens devraient choisir entre se soigner et se loger. Même si la bataille des Présidentielles ne fait que commencer, cette épisode trace désormais une claire ligne entre valeurs démocrates et républicaines d’une Amérique nouvelle.


ObamaCare : Un Engagement Personnel et Éthique
Pour Barack Obama, la validation de la réforme de la santé confirme le principal succès de sa présidence. Elle récompense aussi un engagement personnel et moral. Aucun président avant lui n’avait réussi ou cherché à réformer un système de santé gangrené par les lobbies et miné par une explosion incontrôlable des coûts. Au moment des débats sur l’Affordable Care Act, beaucoup avaient dénoncé le manque de poigne de la Maison-Blanche. Or, contre l’avis de son vice-président, Joe Biden, et de ses conseillers, Barack Obama a voulu mener la réforme à bien, malgré les vents contraires provoqués par la crise financière et l’obstructionnisme républicain. Le changement confirmé jeudi par la Cour suprême est donc historique. En répartissant les risques des assureurs maladie sur un plus grand nombre d’assurés, l’administration démocrate a induit un bouleversement philosophique au pays du sacro-saint individualisme en osant parler aux Américains de solidarité.

Ce n’est pas le seul argument qui plaide en faveur de l’ObamaCare, une loi pourtant imparfaite. Il y a aussi une rationalité économique. A l’heure où la santé consume 17% du PIB américain, un record mondial, la réforme devrait permettre de limiter la hausse des primes des assurés qui assument les coûts des non-assurés et de réduire les coûts en favorisant la prévention, largement négligée aux États-Unis. Les Américains sans couverture santé n’attendront pas d’être gravement malades avant de se faire soigner. Ils ne devront plus choisir entre payer l’hypothèque de leur maison ou une assurance maladie. L’OCDE partage cette analyse, jugeant que la réforme est une chance de maîtriser à terme les coûts de la santé, principale menace budgétaire.

Quant à la Cour suprême, discréditée après les commentaires «inappropriés» du juge Scalia sur la Maison-Blanche, elle a pris une décision courageuse dans un contexte de politisation à outrance. Elle ne va cependant pas mettre fin au combat politique. Ayant fait de son opposition à l’ObamaCare son cheval de bataille, le Tea Party est sonné. Mais il promet de voter l’abrogation de la loi en juillet à la Chambre des représentants et de faire élire Mitt Romney à la présidence en novembre. Or, en tant que gouverneur du Massachusetts, le républicain, qui jure d’éradiquer la réforme d’Obama, promulgua, en 2006, une réforme similaire à l’ObamaCare qui fut surtout financée par Washington… /////Stéphane Bussard


Horizon


Rédigé par psa le 04/07/2012 à 06:47
Tags : Obama Obamacare Éthique Notez



DSK avait-il réellement l’ambition de gagner la présidentielle? Deux journalistes du «Monde» révèlent comment les proches de Dominique Strauss-Kahn ont tenté de le protéger de lui-même. Même Nicolas Sarkozy l’avait mis en garde avant qu’il ne parte au FMI. Leur livre qui se lit comme un polar révèle la distance entre François Hollande et celui qui aurait pu occuper sa place à l’Élysée. De DSK, François Mitterrand parlait déjà d'un «jouisseur sans destin».


DSK: Le livre du parfait suicide politique
«C’est l’aventure moderne d’un homme porté par une puissante agence de communication, persuadée qu’on peut tout bâtir avec des images, et qui s’appliqua chaque fois à colmater soigneusement les fissures dans le mur de sa réputation.» C’est par ces mots que Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, journalistes au Monde, présentent elles-mêmes «le» livre qui ne va pas tarder à s’arracher en librairie. Les Strauss-Kahn (Éditions Albin Michel), malgré son titre, raconte moins l’histoire d’un couple que celle d’un homme et de son clan. On croyait tout savoir de la double vie de celui qui, il y a treize mois encore, semblait promis à l’Élysée? On découvre que DSK, qui s’apprêtait pourtant à déclarer sa candidature quelques jours après son arrestation à New York en mai 2011, ne semblait pas prendre d’autres précautions pour cacher ses pratiques libertines et son appétit obsessionnel du sexe que de tenter de crypter ses téléphones portables auprès d’un ami spécialiste de la criminalité…

DSK avait-il réellement l’ambition de gagner la présidentielle? A la lecture de cette enquête fouillée qui se lit comme un polar, on est en droit de se demander si ce n’est pas davantage son entourage que l’ancien directeur du FMI lui-même qui nourrissait ce dessein. Plus encore que la «firme», ce cercle qui veillait en 2007 sur la campagne de Nicolas Sarkozy, une véritable «bande, formée de proches issus de l’agence de pub RSCG, s’efforçait visiblement de protéger Dominique Strauss-Kahn de lui-même ou de réparer les dégâts qu’il ne pouvait s’empêcher de commettre. Sous la plume des deux journalistes, le portrait de Ramzi Khiroun est le plus féroce. L’«âme damnée» de DSK, entré au culot dans l’intimité de l’homme politique, se chargeait particulièrement d’étouffer tous les incendies. Comme lorsque Le Nouvel Observateur publie à l’été 2003 un article explosif. Un journaliste de l’hebdomadaire s’est alors lui-même immiscé dans une boîte échangiste pour y décrire par le menu les agissements d’«un ministre». Panique de Khiroun, qui pense que le nom de son mentor va être dévoilé. Il bondit au siège du journal pour obtenir un exemplaire avant parution. Fausse alerte. Le nom de DSK n’est pas cité…

Le penchant compulsif de DSK pour les femmes était connu bien avant l’affaire du Sofitel, confirment les deux auteurs. «Lorsqu’il était à Bercy, DSK s’épanchait parfois auprès d’une de ses collaboratrices. Il lui avait avoué qu’il rangeait ses conquêtes dans trois cases différentes: «en cours», «en stock» et «archives», écrivent-elles. Piquant: même Valérie Trierweiler, qui n’était pas encore la compagne de François Hollande, avait été approchée mais l’avait sèchement éconduit. Anne Sinclair, malgré la mise en garde de ses amies, ne voulait rien savoir. «Tant qu’il la séduisait et qu’elle le séduisait…»

Avant son départ pour Washington, ceux qui protègent les secrets de DSK sont pourtant peu nombreux à oser le mettre explicitement en garde. Peur, pour ces courtisans, d’être disgraciés? L’un des seuls à l’avertir est alors un certain… Nicolas Sarkozy! «Je te préviens: fais attention avec les femmes. Tu connais les Américains, ils ne plaisantent pas», lui confie celui qui est alors président et qui vient de propulser au FMI celui qui pourrait devenir son adversaire en 2012. Sarkozy, qui connaissait très bien DSK et dînait régulièrement chez lui une vingtaine d’années plus tôt, a-t-il réellement cherché à le protéger? Toujours est-il que celui qui fut longtemps ministre de l’Intérieur n’ignorait rien des fiches de police le concernant. Y compris celle faisant mention d’un contrôle dans une voiture stationnée en plein milieu de la chaussée au Bois de Boulogne, haut lieu de la prostitution. A moins que l’ancien président n’ait préféré faire éclater «la bombe» DSK en pleine campagne présidentielle? La nuit de son arrestation à New York, c’est l’un des fils de Sarkozy, Pierre, qui juge l’information suffisamment importante pour réveiller son père, révèle le livre. Mais le président va alors soigneusement se garder d’exploiter l’affaire. Au contraire. Il reçoit Yvan Levaï, l’ex-mari d’Anne Sinclair, et à cet étonnant émissaire il promet de «tenir ses troupes»!

Dans son propre camp politique, Martine Aubry l’avait elle aussi incité à faire preuve de prudence, écrivent les auteurs. «Tu fais attention avec les filles? Tu as arrêté?» DSK balaie la question en deux secondes: «Mais évidemment! Tu penses! Je ne suis pas dingue!» Il est si catégorique que la première secrétaire du Parti socialiste se dit qu’elle n’a pas de raisons de douter. Celle qui avait noué avec DSK un pacte de non-agression n’aurait pas été seulement gênée par ce travers de DSK. Le luxe ostentatoire de son riad de Marrakech l’avait aussi indisposée. «Dominique, vous êtes riche. Vous avez le droit, c’est de l’argent légitimement gagné par la famille d’Anne. Mais, quand on est riche, il faut être généreux. Il faut que vous créiez une fondation.» Un conseil qu’il n’a jamais suivi…

L’intérêt du livre ne réside évidemment pas dans le sel dont il est pimenté. Le document éclaire notamment les liens entre François Hollande et celui qui aurait pu être son rival pour l’Élysée et que François Mitterrand décrivait déjà autrefois comme un «jouisseur sans destin». DSK ne vouait que mépris à celui qui se flattait d’être un «candidat normal». «S’il m’emmerde, celui-là, je l’écrase!» Une détestation réciproque. On apprend ainsi que François Hollande est le seul dirigeant socialiste qui n’a ni téléphoné ni écrit à DSK ou à Anne Sinclair après l’affaire du Sofitel. Et lorsque, invité sur Europe 1 quelques jours avant son élection, François Hollande y croise Ramzi Khiroun, il l’écarte fermement, rapportent les auteurs du livre. Salarié de Lagardère, propriétaire de la station, l’ange gardien de DSK voulait lui dire qu’il y serait toujours le bienvenu…///////////Joëlle Meskens


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