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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le Kpↄsi est la personne ou l’instance par égard pour qui, par crainte de qui, par respect pour qui on nous craint, on nous respecte. Dans une situation où la loi, les institutions et surtout les hommes qui représentent cette loi, qui font cette loi, qui animent cette institution sont considérés avec une certaine crédibilité, elles constituent ensemble notre Kpↄsi.


KPODZRO, notre Kpↄsi



Il faut commencer par dire que nos langues nous offrent une grande possibilité de ramasser parfois en un seul mot toute une phrase, une grande idée métaphoriquement exprimée, une sorte de litote qui pourrait, pour l’interlocuteur, si on devait en transcrire le développement, s’étendre sur plusieurs pages. C’est à ce genre de lecture que je vous invite face à mon titre qui pour l’ewephone suffirait à tout dire.

Néanmoins, pour le lecteur totalement étranger à nos langues, à nos habitudes langagières, je vais donner quelques éléments d’éclaircissement.

Ceux qui s’intéressent tant soit peu à la vie politique togolaise connaissent bien Monseigneur Philippe Fanoko Kossi Kpodzro. Ce prélat a présidé la Conférence Nationale Souveraine au Togo et a été élu, à l’issue de cette conférence, pour présider le Haut Conseil de la République, parlement de Transition dans les années 90. Et ces derniers temps, en particulier dans la désignation du candidat Agbéyomé Kodjo à l’élection présidentielle et dans la campagne menée par ce dernier, on a beaucoup parlé, et on parle encore, après cette élection, de la dynamique Monseigneur Kpodzro.
Il ne me reste donc plus qu’à expliquer ce mot composé Kpↄsi.
Deux verbes substantivés entrent dans cette composition : « Kpↄ » et « Si ».

« Kpↄ » signifie voir, regarder, et, dans un champ lexical plus vaste, faire attention, tenir compte de, avoir des égards pour… On peut même y ajouter, dans des constructions avec des adverbes : surveiller, prendre soin de, s’occuper de…
« Si » peut être traduit en français par craindre, avoir peur de, fuir, redouter, respecter.

Le Kpↄsi est donc la personne ou l’instance par égard pour qui, par crainte de qui, par respect pour qui on nous craint, on nous respecte. Dans une situation où la loi, les institutions et surtout les hommes qui représentent cette loi, qui font cette loi, qui animent cette institution sont considérés avec une certaine crédibilité, elles constituent ensemble notre Kpↄsi.
C’est en ce sens que Monseigneur Kpodzro pourrait être notre Kpↄsi.
Levons tout de suite l’équivoque.
Ce n’est pas parce qu’il est homme de Dieu et représente pour les Togolais au moins une autorité morale. Ce n’est pas non plus à cause des rôles qu’il a joués dans la vie politique togolaise que nous avons déjà cités.
Mais la question que les Togolais se posent, dans une situation de confusion telle que nous la vivons est de savoir si nos institutions et les hommes qui les animent sont crédibles, si les lois votées, à commencer par la Constitution sont regardées comme protégeant réellement les citoyens dans leur vie de tous les jours, qu’ils soient riches ou pauvres, puissants ou faibles, appartenant à telle ou telle catégorie, telle ou telle partie du territoire.


Le 29 avril 2015, j’ai publié sur nos sites, un article intitulé Cet homme est faux. Ce n’est pas un homme en tant qu’individu que vise un tel article, mais un système dont l’homme en question, qui est à sa tête, est emblématique. Et ce système est un ensemble comprenant Constitution, institutions, lois et hommes ; ces hommes font les lois et les appliquent au nom du peuple et pour le peuple. Mais lorsque tout ce système semble plutôt dirigé contre le peuple, en s’appuyant sur la violence des armes, la conséquence logique n’est-elle pas que ce peuple cherche ailleurs son Kpↄsi : un homme par lequel ou une instance par laquelle se faire respecter dans ses droits, par lequel (laquelle) se faire défendre dans une situation d’injustice, de brutalité, de souffrance et de misère qui lui est imposée par le système ? Qu’il le veuille ou non, le prélat à la retraite est devenu le recours, l’unique recours des Togolais dans cette situation de détresse.


Il n’y a pas longtemps, j’ai publié un autre article dans lequel je présente ainsi Monseigneur Kpodzro : Ecce Homo. J’utilisais donc les mêmes termes dans lesquels Ponce Pilate livrait Jésus-Christ à une foule de Juifs que la passion haineuse poussait à réclamer la crucifixion de celui qui a déclaré qu’il est le fils de Dieu. Je voudrais tout particulièrement souligner la notion de passion. Dans le cas des Juifs du temps de Jésus, il s’agissait de la haine que les dirigeants religieux, pharisiens et scribes, membres du Sanhédrin qualifiés par Jésus de « tombeaux blanchis, beaux à voir de l’extérieur, mais pleins de rapines à l’intérieur », ont réussi à inculquer au peuple, pour différentes raisons, dont la peur de perdre les avantages qu’ils tiraient des impôts du temple.


Nul ne peut nier la passion qui pousse nos compatriotes à se ruer vers la possession des biens matériels, et comme des fauves dans la jungle, ne pas hésiter pas un seul instant à écraser, dévorer, anéantir les plus faibles. Bien entendu, Ecce Homo m’avait, avant tout, été inspiré par une démarche effectuée par Monseigneur Kpodzro, seul, allant, marchant péniblement, s’aidant de sa canne, sur le trottoir qui longe le mur de l’Ambassade de France ; c’est de là que l’évêque émérite de Lomé allait livrer son message, qui s’adressait, bien sûr, à différentes catégories de destinataires, dont principalement la France : cette puissance est la dernière à avoir administré le Togo avant la proclamation de l’indépendance ; elle n’est nullement étrangère à la tragédie fondatrice du régime actuel et nul ne peut nier qu’elle est intervenue, à différentes époques, d’une manière ou d’une autre, pour soutenir le régime, surtout lorsqu’il est menacé par un mouvement populaire.

Entre les lignes du discours de Monseigneur Kpodzro devant l’Ambassade de France, le lecteur avisé peut aussi très bien distinguer la peine du prélat à constater l’incapacité dans laquelle se trouvent (ou se sont mis) les dirigeants de nos partis dits de l’opposition à sortir le peuple de la dramatique position où il est d’année en année précipité.

Une autre équivoque à lever : connaissant un peu Monseigneur Kpodzro qui se définit lui-même comme un disciple et un serviteur du Christ, je ne crois pas qu’il interpréterait le « Ecce Homo », comme une manière de l’identifier au sauveur du monde. Mais plutôt, je voudrais juste qu’on le perçoive comme un homme en qui Dieu et les hommes ne trouveraient pas une intention ou des actions frauduleuses ; le disciple Nathanaël a été jugé ainsi par Jésus : « Voici vraiment un Israelite dans lequel il n’y a pas de fraude » (Jean 1, 47).

Dans mon enfance, j’avais connu un prêtre catholique togolais, à qui ces paroles peuvent s’appliquer. Son nom est Père Jean Gbikpi-Bénissan. Le petit peuple l’appelait par sa formule de salutation devenue fameuse : « Ne wa kafu Yesu-Kristo ! Tegbe ! Tegbe ! Amen (Loué soit Jésus-Christ ! À jamais, ainsi soit-il) ».
C’est grâce au père Gbikpi que le corps de Sylvanus Olympio, assassiné le 13 janvier 1963, n’a pas été malmené par les auteurs ou agents exécutants du coup d’État, mais a pu être transporté à Agoué, en terre dahoméenne pour y être enterré. D’une certaine façon, l’histoire est-elle en train de se répéter ?


Mais, ce qui m’intéresse, avant tout, c’est le témoignage de Jésus sur la nature de Nathanaël. De tels hommes existent réellement. Ce qui a frappé Jésus, c’est l’absence de fraude remarquée en la personne de ce candidat disciple au moment où il recrutait ceux qui allaient le suivre. Or, le vrai Israelite est celui qui ne baignait pas dans la mare ambiante de fraude, mais qui ayant reçu la loi, l’observait et avait le regard tourné vers le royaume de Dieu, c’est-à-dire sur les valeurs.
Ce qu’en matière de vocabulaire de critique littéraire et théologique allemande on nomme "Sitz im Leben" (lieu social où se situe le texte) peut être comparé à celui du Togo actuellement, où la fraude, la fausseté, les jeux troubles constituent l’ambiance dans laquelle baignent principalement les politiques togolais. Non seulement en matière d’élections, mais aussi dans la vie quotidienne entre citoyens.

Et dans ce Sitz im Leben, en attendant que la situation se décante, que les lois de la République reprennent leur force et les institutions leur crédibilité, Monseigneur Kpodzro demeure notre seul Kpↄsi : son existence sur la scène sociale, politique et spirituelle nous garantit le respect des droits en tant que citoyens et en tant qu’hommes.

La mission de Monseigneur Kpodzro pour le Togo d’aujourd’hui et de demain est immense et n’est encore terminée. Qu’il vive encore pendant plusieurs années !


Sénouvo Agbota ZINSOU
Munich, Allemagne


Ad Valorem


Rédigé par SAZ le 24/03/2020 à 08:17



Piqué au vif par le commentaire en pirouette d’un journaliste, qui a fini par ignorer le bourreau et n’accuser que les victimes, j’en suis venu à me demander : pourquoi ? Pourquoi tant de complaisance ? Pourquoi tant d’ignorance à peine dissimulée ? Pourquoi tant de défaut de rigueur à soi et aux autres ? Voilà que la France aussi y succombe. C’en est trop ! Ça bogue !


Victor Hugo, Gavroche
Victor Hugo, Gavroche


C’est de notoriété publique que le problème du Togo, les problèmes du Togo politique, ne viennent aucunement de l’Opposition, mais réellement de Faure Gnassingbé et ses affidés, les nombreux Adowuinon nationaux et étrangers y compris.

Comment en sommes-nous arrivés là, ici, qu’au pays de Sylvanus Olympio, la référence de tout un continent en matière d’administration privée et publique, au point que les deux camps rivaux de l’époque, le Groupe de Casablanca et le Groupe de Monrovia, en soient venus à confier au président togolais la direction de la rédaction de la Chartre de la future Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Comment et pourquoi les uns et les autres, en sont-ils réduits, si nombreux, et si souvent, à l’oubli de la République ? L’oubli de l’Éthique républicaine…

Probablement que, Togolaises et Togolais, nous en sommes responsables, un peu beaucoup, de tant d’oubli de fierté de nous-mêmes. Le traumatisme de l’assassinat du premier président togolais démocratiquement élu, Sylvanus Olympio, les abus de faiblesse qui en découlèrent à l’endroit de tout un peuple, les exagérations quant au culte de la personnalité, tous ces symptômes de la simple cupidité humaine se transformèrent en un virus teigneux de soumission au ridicule.


La France Vizir et le Togo Faure
L’arnaque de la preuve à la togolaise

C’est à cette soumission au ridicule que Marc Vizy, l’ambassadeur de France au Togo, accompagné de Frank Paris, conseiller Afrique du président Emmanuel Macron, ont subordonné toute une institution de la République togolaise, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de Communication (HAAC). Mettre à genoux toute une institution prévue par la Constitution togolaise est une prouesse que ni l’ambassadeur ni le conseiller de l’Élysée ne pouvaient rêver sans la cupidité suffisante des neuf membres de la HAAC, partis à l’assaut de deux journaux privés, Liberté et L'Alternative, coupables d’avoir semé le doute sur les prises de position de ces deux personnalités.

Les articles des journaux incriminés étaient d’ailleurs d’une banalité critique que leur condamnation ne pouvait relever que de la mauvaise foi coupable de la France politique au Togo et serviable vis-à-vis de l‘imposture dictatoriale qui y sévit depuis 54 ans. Le Togo d’une si pérenne dictature reste un bonbon régulièrement léché par la France officielle, de Frank Paris à Marc Vizy, qu’ils s’y permettent et s’accommodent de toutes les exagérations, les adorations, les prosternements et les génuflexions qui leur sont offertes. MM. Frank Paris et Marc Vizy le savent bien, ou ils devraient le savoir pour des fonctionnaires de si haut rang : c’est le droit minimum de la Presse, Liberté et Alternative également de protéger leurs sources et de ne rien en divulguer pour des raisons aussi menues que leur orgueil individuel ou étatique.

C’est aussi bas, diversement bas dans la désolation et l’humiliation d’elles-mêmes, que sont rendues les institutions togolaises : la Cour Constitutionnelle, la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la HAAC, le gouvernement sortant et que sais-je encore… C’est aussi bas et au bord du ridicule que se retrouvent ces institutions qui persistent à refuser à nier le droit de leur peuple à la démocratie pluraliste, l’alternance politique, bien inscrite dans le Préambule de la Constitution togolaise.

Le comble du ridicule est qu’à chaque occasion, la Présidentielle du 22 février 2020 notamment, les organisateurs fraudeurs, les organisateurs contre républicains, les contrebandiers des élections en arrivent à demander la preuve de leur malfaisance frauduleuse aux spoliés et aux dépouillés de l’Opposition togolaise. Et, ces derniers, les gagnants réguliers des élections, ont fini par croire à la bêtise incompétente de ces institutions scélérates qui renversaient le fardeau de la preuve sur les éternels arnaqués. Le comble des combles, c’est que les partis politiques spoliés, les volés et les dépossédés, en soient arrivés à exiger des preuves de victoire entre eux-mêmes. Erreur… Insoutenable légèreté !

La non-divulgation de la preuve des résultats de la Présidentielle par les organisateurs et arnaqueurs de la République, est une atteinte au droit des Togolaises et des Togolais, en particulier celui du président élu Agbéyomé KODJO. Car, au regard des fraudes effroyablement massives de la dernière Présidentielle, Togo 2020, dès lors que le parti traditionnellement mieux placé a reconnu son propre recul au profit d‘un autre participant dans les rangs de l’opposition, la preuve du contraire doit venir des institutions organisatrices.

En somme, refuser de supporter les résultats de la Présidentielle 2020 par ses détails justificatifs, bureau de vote par bureau de vote, est un renversement du fardeau de la preuve universellement inacceptable et mondialement illégal. En aucun cas, nul ne peut renverser le fardeau de la preuve sur les partis politiques ayant pris part au scrutin présidentiel du 22 février 2020 au Togo. C’est un Principe général : l’Éthique, le bon sens, l’inalliable, l’infalsifiable, l’évidence qui s’impose à tous.

Le principe universel général en action ici est : "Il ne faut refuser de divulguer aucun renseignement s'il existe une possibilité raisonnable que la non-divulgation porte atteinte au droit"… Une atteinte au droit fondamental des Togolaises et des Togolais est reliée au refus de divulguer les résultats de la Présidentielle, #BVparBV; une atteinte au droit fondamental du Président élu des Togolais est ici perpétrée.



La France Vizir et le Togo Faure
Recommencer le Togo en urgence

Désormais, il faut faire la bonne guerre. La bataille décisive contre l’imposture des Gnassingbé elle-même, et non pas la ruineuse guerre interne chez les dépossédés de ces Gnassingbé. C’est probablement cette bataille contre l’imposture vraie que ferait Sylvanus Olympio aujourd’hui. Sylvanus Olympio qui n’a pas eu que du succès continuel face aux bluffeurs colonisateurs et leurs valets locaux, avant d’en arriver au grand soir du 27 avril 1958 annonciateur de l’indépendance minutieusement préparée pour le 27 avril 1960…

Pendant les 54 ans de la Grande Imposture, même 57 ans et plus, c’est selon, les citoyens du Togo ne sont pas restés des ignorants... L’objectif est clair et limpide : #FaureDoitPartir. Faure doit partir pour que le Togo recommence. Et le Togo ne peut recommencer que par la Transition, une transition politique. C’est ce les Togolais ont majoritairement compris, et que les Amis du Togo, la France officielle en premier, doit admettre et cessez de jouer au grand vizir au Togo.

Pourquoi Frank Paris et Marc Vizy obtiennent-ils des institutions constitutionnelles du Togo ce qu’ils n’auront jamais eu en France auprès de la moindre structure administrative ? En attendant, sauf des pressions discrètes, rien n’est offert aux Togolaises et aux Togolais comme une marque d’engagement sans équivoque dans l’urgence nationale au Togo : la démocratie par l’alternance politique. À la différence de l’ambassadeur Marc Vizy, c’est cette haute compréhension affichée par l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique au Togo, Bill Stromayer, qui fait devoir d’estime chez les hommes et les femmes du Togo. Au Togo, la France doit choisir son camp… Clairement… Choisir entre le camp de la perpétuation d’une dictature obsolète ou le camp de la Dignité des Togolais qui commencent à compter leurs vrais amis… Le Togo s'impatiente...


PSA
[24 mars 2020]

togo_pourquoi.pdf Togo Pourquoi.pdf  (853.28 Ko)

Mot à Maux


Rédigé par PSA le 23/03/2020 à 23:32



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