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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




● Extrait d’un texte en préparation : "Togo… L’arbitraire électoral est anticonstitutionnel" ●


L'Imparfait Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO
L'Imparfait Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO

(…) Clairement, c’est l’obligation de justifier leurs propres résultats, bureau de vote par bureau de vote, qui frappe et anéantit aussi bien la CÉNI que la Cour Constitutionnelle. L’ambassadeur des États-Unis d’Amérique, Eric Bill Stromayer, en demandant la preuve des résultats aux institutions organisatrices de la Présidentielle du 22 février 2020, n’a fait qu’appeler ces organes à leur propre mission issue de la Constitution togolaise.

L’ambassadeur américain au Togo n’aura donc agi que pour devancer ou supplanter, légalement et légitimement, les nombreux ayants cause togolais : partis politiques, ordre des avocats, professeurs de droit ou juristes professionnels, autres universitaires ou intellectuels et étudiants, syndicats et regroupements des gens d’affaires, autorités religieuses, traditionnelles et morales, regroupements de la société civile ou de la diaspora togolaise, etc.

Tous ces ayants cause possèdent toujours le droit, raisonnablement inaliénable, d’exiger de la CENI et de la Cour Constitutionnelle de remplir leurs obligations d’éviter « l'arbitraire, la dictature, l'injustice » ou même l’apparence de l’arbitraire, de la dictature et de l’injustice, en publiant les infrarésultats au niveau le moins diviseur possible du tissu social togolais, bureau de vote par bureau de vote, afin de justifier, hors de tout doute républicain, les scores attribués aux différents participants d’une Présidentielle restée décriée.

Sans être une excitée du droit constitutionnel, toute personne dotée du bon sens peut comprendre ça. Tout individu qui, au moins une seule fois dans sa vie, a déjà emprunté ou traversé une rue qui passe devant une quelconque université peut comprendre ça, sans avoir forcément assisté à aucune formation universitaire de toute son existence… C’est le gros bon sens universel qui réside dans l’air que nous respirons à Tsévié ou à Kiev, à Pagouda ou à Calcutta…


Le Principe universel du bon sens étant que « tous les renseignements pertinents doivent être divulgués comme des éléments de preuve, que ce soit devant le chef de village ou devant le juge ». Et, le Principe du droit international qui s’impose ici, est que : en l’absence d’un "droit au secret" qui lui-même peut faire l’objet d’un examen minutieux, en aucun cas, « nul ne peut refuser de divulguer aucun renseignement s'il existe une possibilité raisonnable que la non‑divulgation porte atteinte au droit des ayants cause de présenter une défense pleine et entière, peu importe que ces renseignements constituent une preuve inculpatoire ou disculpatoire » pour les institutions qui les détiennent. De la manière dont la Présidentielle du 22 février 2020 fut conduite au Togo, il y a urgence républicaine de libérer la vérité des urnes dans sa plus petite présentation digeste pour tous les citoyens.

Plus que jamais, le devoir de Transparence institutionnelle campe, bel et bien, le "fardeau de la preuve" chez le gouvernement sortant, la CÉNI et la Cour Constitutionnelle. Le défaut par ces institutions de remplir leur obligation constitutionnelle de "l'idéal démocratique" alourdit leur fardeau ainsi que leur responsabilité, mais ne les annule pas ou encore moins, ne les renverse pas sur les partis de l’Opposition togolaise.

Erreur grossière… Erreur stratégique que les partis politiques de l’Opposition se livrent à de l’autoflagellation en s’attribuant une tâche impossible de collecte absolue et intégrale des procès-verbaux dans un contexte de violence, de voies de fait et de fraude par de massifs bourrages des urnes électorales. Pire encore, entre eux, les partis de l’Opposition togolaise s’érigent en insolites censeurs des revendications républicaines du "juste résultat" et de la "vérité des urnes", se transformant même en faux-procureur l’un contre l’autre, l’ANC contre la Dynamique Mgr. KPODZRO. Combat inutile!


Non ! Il y a mieux à faire… Il y a lieu de se réunir contre le seul et vrai imposteur ayant pris en otage les institutions constitutionnelles. Au Togo, malgré toutes les imperfections ayant surgies depuis la Coalition de la C14, malgré toutes les insultes et les maladresses politiques antérieures au 22 février 2020, c’est toujours et toujours les sacrifices pour le retour à la République qui ont primauté sur nos saines et saintes frustrations.

C’est notre Heure Juste républicaine… Gabriel Messan Agbéyomé KODJO est bel et bien le Président élu des hommes et des femmes du Togo… Jusqu’à nouveau désordre… Faure Doit Partir...


PSA

[27 mars 2020]
● Extrait d’un texte en préparation : "Togo… L’arbitraire électoral est anticonstitutionnel" ●


Silence


Rédigé par PSA le 27/03/2020 à 12:54



Le Kpↄsi est la personne ou l’instance par égard pour qui, par crainte de qui, par respect pour qui on nous craint, on nous respecte. Dans une situation où la loi, les institutions et surtout les hommes qui représentent cette loi, qui font cette loi, qui animent cette institution sont considérés avec une certaine crédibilité, elles constituent ensemble notre Kpↄsi.


KPODZRO, notre Kpↄsi



Il faut commencer par dire que nos langues nous offrent une grande possibilité de ramasser parfois en un seul mot toute une phrase, une grande idée métaphoriquement exprimée, une sorte de litote qui pourrait, pour l’interlocuteur, si on devait en transcrire le développement, s’étendre sur plusieurs pages. C’est à ce genre de lecture que je vous invite face à mon titre qui pour l’ewephone suffirait à tout dire.

Néanmoins, pour le lecteur totalement étranger à nos langues, à nos habitudes langagières, je vais donner quelques éléments d’éclaircissement.

Ceux qui s’intéressent tant soit peu à la vie politique togolaise connaissent bien Monseigneur Philippe Fanoko Kossi Kpodzro. Ce prélat a présidé la Conférence Nationale Souveraine au Togo et a été élu, à l’issue de cette conférence, pour présider le Haut Conseil de la République, parlement de Transition dans les années 90. Et ces derniers temps, en particulier dans la désignation du candidat Agbéyomé Kodjo à l’élection présidentielle et dans la campagne menée par ce dernier, on a beaucoup parlé, et on parle encore, après cette élection, de la dynamique Monseigneur Kpodzro.
Il ne me reste donc plus qu’à expliquer ce mot composé Kpↄsi.
Deux verbes substantivés entrent dans cette composition : « Kpↄ » et « Si ».

« Kpↄ » signifie voir, regarder, et, dans un champ lexical plus vaste, faire attention, tenir compte de, avoir des égards pour… On peut même y ajouter, dans des constructions avec des adverbes : surveiller, prendre soin de, s’occuper de…
« Si » peut être traduit en français par craindre, avoir peur de, fuir, redouter, respecter.

Le Kpↄsi est donc la personne ou l’instance par égard pour qui, par crainte de qui, par respect pour qui on nous craint, on nous respecte. Dans une situation où la loi, les institutions et surtout les hommes qui représentent cette loi, qui font cette loi, qui animent cette institution sont considérés avec une certaine crédibilité, elles constituent ensemble notre Kpↄsi.
C’est en ce sens que Monseigneur Kpodzro pourrait être notre Kpↄsi.
Levons tout de suite l’équivoque.
Ce n’est pas parce qu’il est homme de Dieu et représente pour les Togolais au moins une autorité morale. Ce n’est pas non plus à cause des rôles qu’il a joués dans la vie politique togolaise que nous avons déjà cités.
Mais la question que les Togolais se posent, dans une situation de confusion telle que nous la vivons est de savoir si nos institutions et les hommes qui les animent sont crédibles, si les lois votées, à commencer par la Constitution sont regardées comme protégeant réellement les citoyens dans leur vie de tous les jours, qu’ils soient riches ou pauvres, puissants ou faibles, appartenant à telle ou telle catégorie, telle ou telle partie du territoire.


Le 29 avril 2015, j’ai publié sur nos sites, un article intitulé Cet homme est faux. Ce n’est pas un homme en tant qu’individu que vise un tel article, mais un système dont l’homme en question, qui est à sa tête, est emblématique. Et ce système est un ensemble comprenant Constitution, institutions, lois et hommes ; ces hommes font les lois et les appliquent au nom du peuple et pour le peuple. Mais lorsque tout ce système semble plutôt dirigé contre le peuple, en s’appuyant sur la violence des armes, la conséquence logique n’est-elle pas que ce peuple cherche ailleurs son Kpↄsi : un homme par lequel ou une instance par laquelle se faire respecter dans ses droits, par lequel (laquelle) se faire défendre dans une situation d’injustice, de brutalité, de souffrance et de misère qui lui est imposée par le système ? Qu’il le veuille ou non, le prélat à la retraite est devenu le recours, l’unique recours des Togolais dans cette situation de détresse.


Il n’y a pas longtemps, j’ai publié un autre article dans lequel je présente ainsi Monseigneur Kpodzro : Ecce Homo. J’utilisais donc les mêmes termes dans lesquels Ponce Pilate livrait Jésus-Christ à une foule de Juifs que la passion haineuse poussait à réclamer la crucifixion de celui qui a déclaré qu’il est le fils de Dieu. Je voudrais tout particulièrement souligner la notion de passion. Dans le cas des Juifs du temps de Jésus, il s’agissait de la haine que les dirigeants religieux, pharisiens et scribes, membres du Sanhédrin qualifiés par Jésus de « tombeaux blanchis, beaux à voir de l’extérieur, mais pleins de rapines à l’intérieur », ont réussi à inculquer au peuple, pour différentes raisons, dont la peur de perdre les avantages qu’ils tiraient des impôts du temple.


Nul ne peut nier la passion qui pousse nos compatriotes à se ruer vers la possession des biens matériels, et comme des fauves dans la jungle, ne pas hésiter pas un seul instant à écraser, dévorer, anéantir les plus faibles. Bien entendu, Ecce Homo m’avait, avant tout, été inspiré par une démarche effectuée par Monseigneur Kpodzro, seul, allant, marchant péniblement, s’aidant de sa canne, sur le trottoir qui longe le mur de l’Ambassade de France ; c’est de là que l’évêque émérite de Lomé allait livrer son message, qui s’adressait, bien sûr, à différentes catégories de destinataires, dont principalement la France : cette puissance est la dernière à avoir administré le Togo avant la proclamation de l’indépendance ; elle n’est nullement étrangère à la tragédie fondatrice du régime actuel et nul ne peut nier qu’elle est intervenue, à différentes époques, d’une manière ou d’une autre, pour soutenir le régime, surtout lorsqu’il est menacé par un mouvement populaire.

Entre les lignes du discours de Monseigneur Kpodzro devant l’Ambassade de France, le lecteur avisé peut aussi très bien distinguer la peine du prélat à constater l’incapacité dans laquelle se trouvent (ou se sont mis) les dirigeants de nos partis dits de l’opposition à sortir le peuple de la dramatique position où il est d’année en année précipité.

Une autre équivoque à lever : connaissant un peu Monseigneur Kpodzro qui se définit lui-même comme un disciple et un serviteur du Christ, je ne crois pas qu’il interpréterait le « Ecce Homo », comme une manière de l’identifier au sauveur du monde. Mais plutôt, je voudrais juste qu’on le perçoive comme un homme en qui Dieu et les hommes ne trouveraient pas une intention ou des actions frauduleuses ; le disciple Nathanaël a été jugé ainsi par Jésus : « Voici vraiment un Israelite dans lequel il n’y a pas de fraude » (Jean 1, 47).

Dans mon enfance, j’avais connu un prêtre catholique togolais, à qui ces paroles peuvent s’appliquer. Son nom est Père Jean Gbikpi-Bénissan. Le petit peuple l’appelait par sa formule de salutation devenue fameuse : « Ne wa kafu Yesu-Kristo ! Tegbe ! Tegbe ! Amen (Loué soit Jésus-Christ ! À jamais, ainsi soit-il) ».
C’est grâce au père Gbikpi que le corps de Sylvanus Olympio, assassiné le 13 janvier 1963, n’a pas été malmené par les auteurs ou agents exécutants du coup d’État, mais a pu être transporté à Agoué, en terre dahoméenne pour y être enterré. D’une certaine façon, l’histoire est-elle en train de se répéter ?


Mais, ce qui m’intéresse, avant tout, c’est le témoignage de Jésus sur la nature de Nathanaël. De tels hommes existent réellement. Ce qui a frappé Jésus, c’est l’absence de fraude remarquée en la personne de ce candidat disciple au moment où il recrutait ceux qui allaient le suivre. Or, le vrai Israelite est celui qui ne baignait pas dans la mare ambiante de fraude, mais qui ayant reçu la loi, l’observait et avait le regard tourné vers le royaume de Dieu, c’est-à-dire sur les valeurs.
Ce qu’en matière de vocabulaire de critique littéraire et théologique allemande on nomme "Sitz im Leben" (lieu social où se situe le texte) peut être comparé à celui du Togo actuellement, où la fraude, la fausseté, les jeux troubles constituent l’ambiance dans laquelle baignent principalement les politiques togolais. Non seulement en matière d’élections, mais aussi dans la vie quotidienne entre citoyens.

Et dans ce Sitz im Leben, en attendant que la situation se décante, que les lois de la République reprennent leur force et les institutions leur crédibilité, Monseigneur Kpodzro demeure notre seul Kpↄsi : son existence sur la scène sociale, politique et spirituelle nous garantit le respect des droits en tant que citoyens et en tant qu’hommes.

La mission de Monseigneur Kpodzro pour le Togo d’aujourd’hui et de demain est immense et n’est encore terminée. Qu’il vive encore pendant plusieurs années !


Sénouvo Agbota ZINSOU
Munich, Allemagne


Ad Valorem


Rédigé par SAZ le 24/03/2020 à 08:17



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