Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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Theo Geschwind
Nicolas Sarkozy sur les pas d'Alain Juppé ? Tout un paquet qui se déficelle? On pourrait le croire, à la lumière du revirement que vient de confirmer Christine Lagarde à propos de l'accession à la propriété. Le gouvernement va revenir sur l'une des promesses phares de l'actuel président - la déductibilité des intérêts d'emprunt immobilier - pour étendre une mesure initiée par l'ancien Premier ministre en 1995 : le prêt à taux zéro. Nicolas Sarkozy fait une nouvelle fois la preuve de son grand pragmatisme : le crédit d'impôt sur les intérêts n'a pas donné les résultats escomptés. Non seulement il coûte cher au budget de l'État, mais il n'a pas boosté l'accession à la propriété pour laquelle la France enregistre toujours un retard sur ses partenaires européens. Il a plutôt servi d'effet d'aubaine pour des ménages aisés ; bref, c'est une niche fiscale créée par le pouvoir actuel que l'actuel pouvoir s'apprête à supprimer.
Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy aura tardé à entendre les parlementaires de sa propre majorité qui, dès 2007, l'avaient mis en garde contre l'inefficacité de cette mesure. Comme il avait refusé d'écouter - et même sévèrement recadré - son ministre du Budget de l'époque, un certain Éric Woerth, qui s'était élevé contre la rétroactivité du crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt et le coût que cela représentait. Rendons à César ce qui est à César : Éric Woerth avait vu juste, puisque le Conseil constitutionnel avait par la suite recalé cette disposition. Décidément, le paquet fiscal ficelé à l'été 2007 n'en finit pas de se défaire. La défiscalisation des heures supplémentaires existe toujours, mais la crise en a fait une coquille presque vide. Le sacro-saint bouclier fiscal va lui-même subir une première brèche, puisque les hauts revenus seront mis à contribution (légère) pour le financement des retraites. C'est tout un pan du sarkozysme triomphant de 2007 qui s'effrite sous les coups de la crise économique, mais aussi d'une bataille de communication qui a été perdue par le pouvoir. On comprend mieux que le président cherche à compenser en revenant lourdement sur ses autres « fondamentaux » : l'immigration et la sécurité. Le paquet qui se déficelle. La question est maintenant de savoir si les Français verront dans ces revirements la marque d'un pragmatisme ou le symbole d'un pilotage à vue, le signal d'une nouvelle sagesse ou le début d'un affolement.///////Bruno Dive Silence
Rédigé par psa le 06/08/2010 à 01:50
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