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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




C’est le ras-le-bol de l’austérité à l’italienne et le désir d’une moralisation de la vie politique…


Pier Luigi Bersani
Pier Luigi Bersani


La gifle magistrale que les Italiens ont administrée aux partis traditionnels lors des législatives de dimanche et lundi en ne consacrant aucun vainqueur et en offrant un quart de leurs voix au mouvement populiste de Beppe Grillo a précipité le pays dans une zone de turbulences politiques. Avec des conséquences immédiates et néfastes: déjà mal en point, la Péninsule a vu le coût de sa dette augmenter. Ce n’était évidemment pas le but recherché.

Le succès fracassant du chantre de l’anti-politique s’explique non seulement par le ras-le-bol de l’austérité (qui a également profité à Silvio Berlusconi), mais aussi par le rejet massif et violent d’une classe politique qui, toutes formations confondues, ne cesse d’être éclaboussée par des scandales de corruption et d’usage répréhensible des deniers publics.

Il émane des 25% d’électeurs qui ont soutenu le Mouvement 5 étoiles, mais aussi des quelque 25% de personnes qui ont renoncé à voter (l’abstention est en hausse de plus de 5 points par rapport à 2008), un impérieux appel à un changement radical passant par une moralisation de la politique. Sera-t-il entendu? Il est trop tôt pour le dire, mais les premiers signes ne sont pas encourageants: depuis que les résultats sont connus, l’heure n’est guère à l’introspection dans les rangs des partis traditionnels. En coulisses, seuls les marchandages et les considérations stratégiques ont voix au chapitre, alors que démarrent les négociations destinées à former un gouvernement.

Trop heureux d’être revenu d’entre les morts, Silvio Berlusconi prépare les revendications qu’il entend faire valoir auprès de ses partenaires potentiels dans une coalition. Peu réceptif pour l’heure, Pier Luigi Bersani, contraint de chercher un allié au-delà du centre pour former une majorité, promet pour sa part des «changements», concernant notamment «la réforme de la politique». Une démarche qui tient davantage de l’appel du pied à l’intention du Mouvement 5 étoiles que de la proposition désintéressée. À ce stade, il est difficile d’imaginer que ce dernier entre en matière, son leader, Beppe Grillo, ayant juré qu’il ne frayerait avec aucun des camps honnis.

Qu’il s’y résolve ou pas, les tractations en cours n’offrent de toute façon que des perspectives limitées. Même s’il parvient à voir le jour, le gouvernement en gestation sera le fruit d’une alliance fragile. Il paraît d’ores et déjà condamné à une échéance assez brève, avec, à la clé, un retour des Italiens aux urnes. La Péninsule se prépare à une année encore plus difficile que prévu, au grand dam d’une Europe piégée dans son orbite. /////////Sandra Moro


Ad Valorem


Rédigé par psa le 27/02/2013 à 03:27