Partout, il y a modernité dans la gouvernance publique. La modernité de la gouvernance publique prend sa source dans les insatisfactions facilement justifiables et le désir ardent de mieux faire, le culte du résultat concret et mesurable en termes d’adhésion non partisane et la suprématie de l’éthique publique en plus. Une telle modernité se nourrit de l’audace du dépassement et de l’autorité de la raison; cette modernité se développe ainsi au moyen d’une raison élargie et ouverte, une raison démocratique et participative, c'est-à-dire une raison non imposée, non aliénée, non sectarisée et non réduite.
Dès lors et en rapport avec la Terre-de-nos-Aïeux, c’est à l’intérieur des contraintes mêmes de la société togolaise qu’il faut concevoir et réaliser chacun de ses pas pour son avancée, chacune de ses conquêtes quotidiennes pour son salut. Gouverner le Togo aujourd’hui revient à l’optimiser au meilleur des Togolais et non à leur évitement; gouverner le Togo aujourd’hui c’est l’agiliser afin de l’extraire, au mieux, de son état quasi-végétatif sans en briser tous les ressorts. Un pays qui ne bouge pas et ne soulève plus l’enthousiasme de ses propres citoyens est un pays du passé, un pays bien éloigné de la gouvernance moderne, c'est-à-dire un pays végétatif, apathique et indolent. Nul n’aimerait son pays dans cet état.
Il s’agit véritablement pour les dirigeants du Togo, Faure Gnassingbé en particulier, de donner un sens moins suspect à la démocratie elle-même, moins étiqueter la démocratie en somme. Par la suite, il pourra féconder ses pensées et ses actions loin du conservatisme ambiant et avec une audace démocratique raisonnée et sans dol.
C’est bien là l’éthique républicaine qui toujours fonde nos attentes répétées. Mieux encore : « C’est bien là de nos cœurs, le plus ardent désir » nous dit l’hymne national du Togo. Et, parce qu’une philosophie unique, aussi puissante soit-elle, ne peut faire un pays d’avenir toute seule et à son seul rythme, ceux qui ont la responsabilité de gouverner le Togo se doivent d’avoir des repères et des perspectives clairement lisibles et identifiables de partout et par tout le monde.
Assumer le Togo… du Défi Éthique au Bréviaire Faure
Encore une fois, c’est notre conviction qu’il faut désormais assumer le Togo. Faure Gnassingbé doit assumer le Togo autrement. En quoi faisant? Eh bien, en se donnant un bréviaire audible, lisible, visible, sensible et reconnaissable. Un bréviaire autre que celui qu’il a utilisé jusqu’à maintenant, un bréviaire différent et meilleur, par exemple un bréviaire neuf à neuf points d’actions, de résultats et de raisons, spécialement un bréviaire Faure démocratique comme celui-ci :
1. Communiquer et être en contact direct avec les Togolaises et les Togolais ainsi que ceux qui contestent le pouvoir;
2. Favoriser et soutenir la délibération démocratique dans un espace public sain doté d’une presse indépendante;
3. Professionnaliser et rendre l’administration publique efficace et indépendante des allégeances et des partisanneries politiques;
4. Concevoir et partager un idéal commun, rassembleur et respectueux de tous les citoyens du Togo;
5. Proscrire et bannir la violence tout comme le recours à la force et à l’humiliation de la vie politique du Togo ainsi que dans les rapports entre les citoyens et tous les détenteurs de pouvoirs;
6. Libérer les prisonniers politiques ainsi que les prisonniers d’opinion au Togo;
7. Redonner la fierté aux Togolaises et aux Togolais en suscitant en eux l’enthousiasme du Togo ainsi que leur participation au développement du pays;
8. Réunir les deux solitudes togolaises et valoriser réellement la diaspora togolaise;
9. Gouverner et gérer par responsabilisation et par résultats.
Ainsi donc, assumer le Togo reste un défi éthique d’avenir qui ne peut plus tarder d’être clairement énoncé et relevé, un défi distinctement annoncé, partagé, réalisé, évalué et célébré… collectivement. Le Togo le mérite largement de tous ses dirigeants et de ses enfants que leur regard soit réellement tourné vers l’avenir avec un enthousiasme certain.
Certes, la philosophie de l’histoire est séduisante et très tentante. Cette approche se dégage d’ailleurs comme la dominante de l’action politique de Faure Gnassingbé. Sauf que la philosophie de l’histoire demeure irrationnelle par essence et peu évolutive, voire même très conservatrice et redondante par nature.
Faure Gnassingbé ne peut plus baser sa politique sur la philosophie de l’histoire pour mobiliser les gens, les ramener à une vision unique, à un parti politique fédérateur, etc. Il risque de ne se retrouver qu’avec les conservateurs de son camp, les laudateurs incertains et sans conviction ni projet ainsi que les aigris des partis politiques adverses. Tout cela est le portrait de la petite politique, l’ordinaire et le passé d’un Togo qui se doit d’être propulsé ailleurs, dans la diversité des raisons politiques, dans la fertilité de l’adversité.
Il tarde au Togo de toujours attendre son redémarrage par tous ses citoyens. La situation créée par la facilité de la philosophie de l’histoire est réellement celle d’un pouvoir qui, au lieu d’être ouvert, se referme progressivement sur lui-même en ne comptant que les victoires gagnées par lassitude et conflit des adversaires; la situation créée par la facilité de la philosophie de l’histoire est effectivement celle d’un État toujours frileux de la démocratie et qui finit par faire écran au Togo en empêchant tous les Togolais d’accéder à leur pays, de le réaliser et de l’enrichir de leur différence.
C’est pour tout cela qu’il urge de corriger cette philosophie de l’histoire en mobilisant toutes les raisons au Togo. Car il devient clairement irrationnel et difficilement acceptable de conserver tout un pays à l’abri et hors de portée de ses citoyens. Le Togo ne peut plus demeurer rien qu’un rêve pour une partie de sa population, quelle que soit cette partie de Togolaises et de Togolais.
Mobiliser les raisons au Togo évitera, particulièrement au pouvoir exécutif et au pouvoir administratif, de surprotéger le Togo et d’empêcher les Togolaises et les Togolais de faire leur pays. C’est bien là assumer un Togo moderne.
Assumer le Togo consiste véritablement à mobiliser les raisons, toutes les raisons disponibles dans le grand espace public togolais. Assumer le Togo c’est bien user d’un bréviaire à large spectre qui permet d’interpréter et de retranscrire le Togo dans la modernité et à l’encre indélébile d’un avenir original et motivateur. Assumer le Togo c’est indubitablement se donner les moyens de rester connecter aux traits constants de l’enthousiasme des citoyens sans renoncer à l’effort continu pour y parvenir et en maintenir l’éclat.
Tout ceci peut et doit se tracer avec un large consensus dans ce Togo, à Lomé même la capitale du pays, dans la bonne foi, à moindre coût politique, à forte valeur ajoutée républicaine.
Le Togo en est à cet ardent désir d’avenir, là, maintenant, aujourd’hui.
11 juillet 2010
(Fin de la Coupe du Monde 2010 de football en Afrique du Sud)