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Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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La fin des exonérations fiscales pour les riches n’est plus taboue. Les Patriotic Millionaires veulent payer plus d’impôt et le font savoir à Barack Obama : «Notre pays a été bon envers nous. Il nous a donné les conditions-cadres qui nous ont permis de réussir. Maintenant, nous voulons apporter notre contribution pour maintenir ces bonnes conditions-cadres de sorte que d’autres puissent réussir.»
Las Vegas, Wes Stevenson et son cheval à dompter
Un symbole. Le républicain Jim DeMint a annoncé jeudi qu’il quittait le Sénat pour diriger le groupe de réflexion conservateur Heritage Foundation à Washington. Le sénateur de Caroline du Sud est l’une des figures de proue du Tea Party au Congrès. Pour lui, toute hausse d’impôt est contraire à l’esprit de l’Amérique. En restant au Sénat, Jim DeMint aurait dû avaler des couleuvres dans le cadre des négociations sur le «précipice budgétaire». Le Congrès pourrait accepter d’augmenter le taux d’imposition des 2% de foyers les plus riches gagnant plus de 250 000 dollars. Rien n’est pour l’heure décidé, mais le président américain le répète à chaque occasion. La hausse de la fiscalité des plus aisés est une condition sine qua non pour trouver un accord visant à réduire le déficit budgétaire (7% du PIB en 2012) et la dette (16 200 milliards) et à augmenter les recettes de l’État de plus de 1000 milliards sur dix ans. Longtemps réfractaires, les républicains n’excluent pas de briser un tabou pour autant qu’un effort important soit fourni du côté des dépenses sociales. Une concession que Ronald Reagan, critique d’un État trop présent, avait dû faire en 1983. Pour Jim DeMint, il y a pourtant pire cauchemar: si le précipice budgétaire (conjugaison de hausses fiscales et de coupes dans les dépenses pour un montant de 500 milliards dès le 1er janvier) devient réalité, les impôts de tous les Américains vont augmenter et le pays pourrait plonger dans la récession. Le combat fiscal américain est multiforme. D’un côté, Barack Obama, qui a fait campagne sur le sujet et qui a été réélu avec une confortable avance, estime avoir un mandat pour agir et pour protéger la classe moyenne. L’État doit avoir les moyens de restaurer un système d’éducation en perte de vitesse et les infrastructures obsolètes du pays. La Maison-Blanche s’appuie sur des chiffres. Selon les économistes Emmanuel Saez et Thomas Piketty, 93% des hausses de revenus depuis 2009 ont bénéficié à 1% des contribuables. Le milliardaire Warren Buffett soutient le président démocrate, estimant qu’il est injuste de «payer moins d’impôt que sa secrétaire». Dans son sillage, des centaines de millionnaires réunis au sein de l’association Patriotic Millionaires jugent normal d’augmenter la fiscalité des Américains dont les revenus dépassent le million de dollars. Dans une lettre adressée au président, ils déclarent: «Notre pays a été bon envers nous. Il nous a donné les conditions-cadres qui nous ont permis de réussir. Maintenant, nous voulons apporter notre contribution pour maintenir ces bonnes conditions-cadres de sorte que d’autres puissent réussir.» Quant aux grands patrons consultés par Barack Obama, plusieurs d’entre eux approuvent une hausse d’impôt pour autant que l’administration opère des coupes budgétaires. Ce qui leur importe, c’est que l’Amérique se débarrasse du climat d’incertitude qui pèse sur l’économie. Retrouver le taux d’imposition de l’ère Bill Clinton De l’autre côté, le Tea Party, Grover Norquist, le président de l’association «Les Américains pour une réforme fiscale», et d’autres milieux anti-étatistes avancent que faire payer davantage les riches, c’est une manière de sanctionner l’esprit d’entreprise et le succès qui est l’un des moteurs du rêve américain. C’est surtout risquer de porter un coup dur à la croissance économique, car ce sont les riches qui, par leurs entreprises ou leurs investissements, créent de l’emploi. Or, le Congressional Budget Office, un organisme non partisan, a fait ses calculs. Si seuls les riches ne bénéficient pas d’une extension des allégements fiscaux de l’ère Bush, l’économie ne perdrait que 0,1 point de croissance par rapport à une situation où tous les allégements seraient reconduits. Rival de Barack Obama dans la course à la présidence, le républicain Mitt Romney est lui-même concerné par les débats de Washington. Ayant une fortune personnelle estimée à 250 millions, il a payé en 2011 14% d’impôts sur des revenus de 20 millions issus de ses investissements. Plusieurs grosses fortunes ont soutenu la candidature de Mitt Romney, dont le milliardaire Sheldon Adelson qui aurait pu, dit-on, épargner 2 milliards de dollars d’impôts, si le républicain avait été élu et que son plan budgétaire avait été mis en œuvre. Concrètement, quatre millions des 114 millions de foyers que compte l’Amérique pourraient subir une hausse d’impôt. L’imposition maximale des hauts revenus pourrait passer de 35 à 39,6% et retrouverait le niveau des années de la présidence de Bill Clinton. Les gains en capitaux, actuellement imposés à 15%, pourraient l’être à 20%. Quant aux dividendes, l’administration propose de les taxer comme d’autres revenus. C’est à ce niveau que les riches pourraient être les plus touchés, car c’est de leurs investissements qu’ils retirent le principal de leur richesse. Les riches pourraient aussi être touchés par la suppression d’une centaine de déductions fiscales dont le coût est estimé à 1100 milliards. L’effort fiscal serait une manière de combler une grave lacune: le code fiscal américain est dépassé et arbitraire. En raison d’une perception d’impôts inefficace, l’État n’engrange pas assez de recettes. /////////Stéphane Bussard Ad Valorem
Rédigé par psa le 09/12/2012 à 21:42
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