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Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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Des dizaines de centrales solaires tout autour du Sahara, qui enverraient une partie de leur électricité vers l'Europe : c'est le projet démesuré baptisé Desertec, lancé par des industriels allemands. Le financement pour y arriver est déjà bouclé. Seule la bénédiction formelle de l’Union européenne est attendue pour garantir la coopération internationale Et personne ne se moque plus de ces futurologues triomphants…
Bernard Buffet, Les Folles
L'Europe a besoin d'une énergie propre. Le Sahara brûle sous le soleil. Pourquoi ne pas capter là-bas les photons qui seraient utiles ici ? Sur cette idée est né le projet Desertec, qui réunit essentiellement des poids lourds de l'industrie et de la finance allemandes, comme Siemens et la Deutsche Bank, ainsi que, par exemple, l'espagnol Abengoa Solar et l'algérien Cevital.
Une trentaine d'installations seraient réparties en bordure des zones désertiques, essentiellement en Afrique du Nord et au Proche-Orient, des côtes marocaines jusqu'à la péninsule arabique, mais aussi en Espagne, en Sicile et en Grèce. En tout, ces centrales couvriraient des milliers de kilomètres carrés. La technologie serait la plus classique : le thermosolaire. Des séries de miroirs de section parabolique, capables de suivre la course du soleil, concentreraient la lumière vers une structure cylindrique, échauffant un fluide jusqu'à 400°C. Sa chaleur serait transmise à un circuit d'eau, transformée en vapeur et faisant tourner des turbines. La production électrique serait acheminée par des câbles enfouis dans le sol ou sous-marins pour la traversée de la Méditerranée. Pour 400 milliards d'euros, à dépenser sur quarante ans, cette réalisation pharaonienne pourra fournir 15% de l'énergie consommée en Europe en 2025, affirment ses partisans. Réunis aujourd'hui autour de la compagnie de réassurance Munich Re, les industriels intéressés devraient décider de la mise en place d'un consortium pour faire avancer sérieusement le projet. Le gouvernement allemand soutient l'idée et veut la soumettre à la Commission européenne pour décider du financement et de la collaboration avec les pays concernés, qui accueilleront ces centrales. Collaboration internationale obligatoire Une partie seulement de l'électricité produite serait dirigée vers l'Europe. C'est une manière, expliquent les promoteurs de Desertec, de répondre aux besoins présents et futurs des pays du sud. Certains ont du pétrole mais doivent désormais penser à la phase suivante, quand les puits seront épuisés. Et tous les autres devront faire face à des demandes croissantes, dont on estime qu'elles auront augmenté de 70% dans vingt ans. Impliqué dans les discussions, l'Observatoire méditerranéen de l'énergie (OME) est favorable au projet, à condition qu'il intègre d'autres sources d'énergies renouvelables, l'éolien notamment mais aussi l'utilisation de la biomasse. Le projet a ses détracteurs, qui dénoncent son coût (50 des 400 milliards seraient consacrés au transport de l'électricité), sa complexité technique mais aussi politique. De plus, expliquent-ils, l'idée tourne le dos à un des avantages des énergies renouvelables qui est celui de la décentralisation possible, pour promouvoir au contraire un maintien des monopoles sur la production d'électricité. Le tarif de l'électricité, enfin, risque d'être assez élevé. Les promoteurs du projet insistent, eux, sur la robustesse des techniques envisagées, bien rôdées. Quant aux possibles soucis politiques, ils existeront sûrement, mais une telle entreprise internationale serait aussi l'occasion d'une collaboration entre de nombreux pays. Enfin, estiment-ils, le tarif, lui, devrait un jour devenir concurrentiel. /////// Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences Silence
Rédigé par psa le 13/07/2009 à 21:59
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