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Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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Le top-modèle devra dire à la barre si le chef de guerre lui a bien offert un diamant du sang en 1997, ce qui prouverait que l’ancien homme fort du Liberia a bien été en possession de pierres précieuses, ce qu’il a toujours réfuté. Ce jeudi, Naomi Campbell n'aura de choix que de dire la vérité, toute la vérité. La table est mise...
Entamé en janvier 2008 à La Haye, le procès-fleuve du président déchu du Liberia, Charles Taylor, le deuxième ancien chef d’Etat à être jugé par une cour internationale après le Serbe Slobodan Milosevic, a peu à peu été délaissé des chroniqueurs. Ce jeudi, il accaparera de nouveau toute l’attention des médias, y compris des gazettes people. Le mannequin Naomi Camp-bell se présentera à la barre à 9 h pour expliquer si un soir de septembre 1997 à Pretoria, en Afrique du Sud, l’homme fort de Monrovia lui a oui, ou non, offert un imposant diamant brut.
La fougueuse beauté britannique se serait bien passée d’une telle mise en lumière. Mais elle n’a pas eu le choix: après avoir refusé de s’entretenir avec l’accusation, elle a été citée à comparaître par les juges du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL). Si sa déposition ravive l’intérêt pour le procès, elle pourrait aussi «faire s’écrouler toute la défense de Taylor», affirme l’avocat genevois Alain Werner, qui fut l’assistant de la procureure, l’Américaine Brenda Hollis. Pour Courtenay Griffiths, l’avocat britannique de Taylor cité par l’AFP, ce témoignage n’aura au contraire «aucune importance». En juillet 2009, Charles Taylor, le premier appelé à témoigner pour sa propre défense, a affirmé ne jamais avoir été en possession de diamants (bruts), à l’exception de certains bijoux. Or l’accusation soutient que lorsqu’il régnait sur le Liberia, il a armé les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) qui s’étaient alliés au Conseil révolutionnaire des forces armées (AFRC), pour supplicier la Sierra Leone, de 1991 à 2002. Ce parrainage à distance lui aurait permis de mettre la main sur les ressources naturelles du pays, ses bois précieux et ses diamants. Charles Taylor doit répondre devant le TSSL de 11 chefs d’accusation de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, qu’il réfute en bloc. C’est précisément les poches pleines de ces «diamants du sang», avance l’accusation, que l’ex-rebelle fraîchement élu à la présidence du Liberia avait traversé le continent en 1997, se rendant d’Afrique du Sud au Burkina Faso, en passant par le Nigeria ou la Libye. Durant cette tournée, il aurait négocié l’achat d’une cargaison d’armes, livrées un an plus tard aux rebelles de la Sierra Leone. Et c’est lors de la première étape de son périple, à Pretoria, qu’il se serait délesté d’une pierre, la faisant livrer dans la chambre d’hôtel de Naomi Campbell, qui venait de le subjuguer au cours d’une réception donnée par Nelson Mandela et son épouse Graça Machel. Telle est en tout cas l’histoire rapportée par l’actrice américaine Mia Farrow, elle aussi du dîner, sur la base des confidences que lui aurait faites le mannequin, abasourdi par ce «cadeau». Appelées elles aussi à témoigner au procès, Mia Farrow, tout comme Carole White, qui était à l’époque l’agent du mannequin noir, confirmeront lundi à La Haye cette version déjà contée aux médias, mais niée par l’ancien chef de guerre. Naomi Campbell, elle, qui n’a jamais été au Liberia, a toujours refusé de s’en expliquer, sous prétexte de protéger les siens. «Si elle ment, en témoignant sous serment, elle encourt la prison», rappelle Alain Werner. Donné pour durer dix-huit mois à ses débuts, le procès de Charles Taylor se poursuit, jour après jour, dans une salle prêtée par la Cour pénale internationale au TSSL. «Il a pris du retard, mais le plus important est qu’il se déroule bien, avec un procureur, des juges et une défense très compétents», souligne Elise Keppler, de Human Rights Watch. Au cours des treize premiers mois, l’accusation a fait défiler 91 témoins, qui ont décrit le pire, les mutilations, le cannibalisme et les cadavres entassés au bord des routes. «La preuve est solide comme du «béton»; 35 témoins de «l’intérieur» ont été produits», affirme Alain Werner, qui travaille aujourd’hui pour l’ONG britannique Aegis. Depuis juillet 2009, la défense a pris la parole, sous la houlette experte de Courtenay Griffiths. Toujours tiré à quatre épingles et très poli, Charles Taylor s’est raconté durant une quinzaine de semaines. Dix-huit autres témoins appuient sa défense, dont ces jours-ci Issa Sesay, l’un des meneurs du RUF, condamné à 52 ans de prison par le TSSL. «Cette phase devrait s’achever à la fin de l’année et le jugement sera probablement rendu au milieu de l’année 2011», indique Salomon Noriba, le porte-parole du TSSL. Ce dernier avait été mis sur pied en 2002 par la Sierra Leone et les Nations unies pour juger, à Freetown, les principaux auteurs des exactions commises durant la guerre civile. Des poursuites ont été lancées contre treize accusés, y compris Charles Taylor, le seul dont le procès ait été dépaysé en Europe et le seul qui soit toujours en cours. Trois accusés sont morts, un autre court encore. Les huit derniers ont été condamnés à des peines de 6 à 52 années de prison, qu’ils purgent au Rwanda où ils ont été transférés en octobre 2009. S’il est condamné, Charles Taylor effectuera la sienne en Grande-Bretagne.//////// Angélique Mounier-Kuhn Mot à Maux
Rédigé par psa le 05/08/2010 à 00:05
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