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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Dans le contentieux helvéto-libyen, désormais européanisé, l’UE attend une solution avant la fin de la semaine. Nous y sommes ou presque. Du coté du Niger, las de l’ignominie et de la bassesse de leur président Mamadou Tandja, les militaires reprennent du service pour rétablir la dignité, la bonne gouvernance et la démocratie que tout le monde voyait fuir. C’est un coup d’État attendu et partagé qui renvoie Tandja, et même son premier ministre Ali Badjo Gamatié –pourtant jeune, honteusement à la retraite politique. Du côté du Lac Léman comme des bords du fleuve Niger, l’on va devoir faire vite : la comédie avait trop duré. Pour une fois, le Niger ressemble à la Suisse dans un combat de dignité politique pour s’extirper des barbelés de l’humiliation.


Suisse et Niger : Combat de Dignité



Au terme d’une journée marquée par un intense ballet diplomatique, la résolution de l’affaire libyenne, devenue européenne, semble progresser. L’UE attend une solution avant la fin de la semaine. Mais il est difficile d’esquisser une perspective claire, car le différend a fortement gagné en complexité. C’est aussi ce que cherchait la Suisse en faisant valoir son droit de veto dans le cadre des visas Schengen: elle est servie. L’affaire est complexe parce qu’elle constitue une addition de vengeances expansives. A l’arrestation musclée d’Hannibal Kadhafi, la Libye a répondu par la prise en otage de deux Suisses. En guise de contre-attaque, la Suisse a actionné le levier Schengen, qui a empêché 200 Libyens de se déplacer en Europe. En réplique, Tripoli refuse l’accès de son territoire aux ressortissants des pays de l’espace Schengen. Ces blocages ont eu un premier effet: le dialogue direct entre Berne et Tripoli a été renoué. Micheline Calmy-Rey et son homologue libyen, Moussa Koussa, ont pu s’entretenir sous l’œil attentif de la présidence espagnole de l’UE. Mais les tensions restent très vives, et rien ne permet d’affirmer que le dégel attendu sera rapide. D’autres médiations seront peut-être nécessaires.
Pour ne rien arranger, l’UE n’affiche pas un front uni. L’Italie entretient une relation historique avec la Libye qu’elle ne souhaite pas rompre. L’Allemagne, qui s’est engagée au côté de la Suisse, a davantage de recul envers Tripoli, et il n’est pas interdit de penser que la concurrence entre régions productrices de ressources énergétiques y soit pour quelque chose. Du côté suisse, on ne peut nier que des fautes ont été commises à Genève, principalement la fuite qui a permis au quotidien local de publier des photographies du fils Kadhafi prises après son arrestation. Le communiqué diffusé par le procureur Daniel Zappelli, s’il ne dit rien de neuf, est en soi un événement. Il montre que quelque chose bouge enfin au bout du lac. Mais ce communiqué ne suffira pas. Un résultat est nécessaire, histoire de montrer à la Libye, qui pratique une forme de justice très aléatoire, que la Suisse est, elle, un authentique Etat de droit. //////Bernard Wuthrich


Horizon


Rédigé par psa le 19/02/2010 à 05:02