Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Entre délectation et cauchemar : la Nation ou la réflexion
Entre délectation et cauchemar : la Nation ou la réflexion
Et tout cela se passe sans qu’un coup de fusil ne soit tiré ou une mitraillette mise au service d’une quelconque cause. C’est ce qui fait le charme du débat canado-québécois, dont il faut être fou de s’en passer. Tellement, il présente des défis analytiques à geler les neurones, à qui n’y verrait qu’inutile conspiration de politiciens en mal de sensation.
Ainsi, pour Le PM canadien Stephen Harper, Le Québec serait bel et bien une Nation. C’est une évidence, qu’il faut simplement ouvrir les fenêtres ou circuler une seule fois dans une province ou territoire, autre que la dénommée Belle Province, pour s’en apercevoir. Naturellement, il faut du temps à certains pour s’en rendre compte, et surtout, oser l’affirmer. Lorsque l’on sort de la période de politique minimaliste de Jean Chrétien, auréolée par un retentissant Scandale des commandites qui balaya héritiers et adversaires de cette approche libérale de ne Rien dire, Rien voir, Rien écouter, l’anesthésie intellectuelle générale prend du temps à s’évaporer, afin que l’oxygénation du cerveau redevienne normale au Canada. Le réveil s’opère maintenant. La déclaration de Harper de reconnaître le Québec comme une Nation en est la preuve. Et l’évidence de la chose fait que très peu vont s’y opposer. Très peu, d’entre ceux qui s’y sont toujours opposés.

L’audace de Michael Ignatieff
En ce point, Michael Ignatieff a eu le génie de proposer à son parti politique, le Parti libéral du Canada, l’idée de cette reconnaissance. A la faveur de la course au leadership au PLC, l’ancien professeur de Harvard demeure assez bien inspiré dans cette position dont se réclame aujourd’hui le PM canadien. Ce dernier ne coupe pas l’herbe sous les pieds encore chancelants du prétendant à la direction du PLC, le même parti que les Trudeau, Chrétien et compagnie. Mais, pour avoir eu l’idée assez tôt et en faire un cheval de bataille, Ignatieff sanctifie l’audace qui, à mon avis, manque cruellement aux politiciens. Dans ce sens au moins, il pourrait se réclamer de Trudeau, même si le fils de ce grand politique -Justin Trudeau qui, nous dit-on, viendrait un jour en politique parce que simplement fils-de-son-père, Pierre Elliot Trudeau, sans en avoir la stature- s’est opposé dernièrement à l’inévitable reconnaissance du Québec comme Nation. Lui, le Justin Trudeau, avait raté une occasion de se taire, et continuer à faire ses classes, avant de nous sortir, autrement, ce qu’il a dans le corps…

L’embarras de Gilles Duceppe
Nation unique au Canada au point d’en être indépendante ? Pour les souverainistes, le Québec doit oser traverser la ligne. La reconnaissance actuellement proposée, fragilise un peu cette position de quête d’indépendance, dont le Bloc québécois et son chef, Gilles Duceppe, sont porteurs à Ottawa, et mandatés à cet effet par une partie importante des Québécois. Mais à l’analyse, la preuve d’un cheminement commun dans un Canada Uni doit encore être apportée par les fédéralistes, qui sont souvent restés sourds, muets et aveugles face aux besoins des provinces canadiennes, héritières d’une Constitution qui leur avait cédé des charges immenses de gouvernance, l’argent devant les accompagner en moins. Toutes ces Provinces et Territoires ne demandent pas pour autant, leur indépendance du Canada. La question demeure : Pourquoi donc le Québec ? La réponse est probablement aussi ailleurs. Et nous voilà de retour à la case de départ. Nous voilà reprojetés dans la réflexion permanente sur ce pays. Véritable mission de politicien!

C’est donc de la délectation papillante que nous réservent ces prochains jours, ces prochaines semaines, et au moins jusqu’aux élections québécoises et fédérales de 2007. C’est mon plaisir, et je ne peux m’en soustraire autrement qu’en le partageant. Maintenant que c’est fait, je peux passer à mes autres mille-et-une choses, tout aussi captivantes...