Les temps changent et l’incertitude vient hanter le sommeil de certains Chefs d’État africains, Omar Bongo, Sassou Nguesso et Obiang Nguema notamment. Rien n’est joué encore, certes. Mais il est édifiant de voir que ces puissants Chefs d’État francophones soient ainsi pris à défaut par l’aveugle justice française qui vient ainsi de leur nier des privilèges quasi inamovibles des années antérieures. La seule possibilité de poursuite judiciaire ainsi ouverte par la décision de la doyenne Françoise Desset met au grand jour cette fragilité des puissants de ce monde. Elle met également au pied du mur la puissance étatique française qui a la possibilité de retarder les procédures véritables au moyen de divers recours, compte tenu des intérêts français en jeu au Gabon, au Congo et en Guinée équatoriale. Cette situation illustre à merveille le succès relatif de la Chine dans certains pays africains à forte valeur économique. Les Chinois ne posent pas de questions, assurent leurs intérêts propres en garantissant en retour la discrétion totale et la protection privilégiée aux dirigeants africains. Dans tous les cas, loin d’élucider ici même ce phénomène dans tous ses aspects, nous assistons néanmoins à une marque nouvelle d’une époque qui ne promet plus des lendemains tranquilles aux formes diverses de la malfaisance dans l’espace publique ; des paradis fiscaux aux gouvernants indélicats, plus rien ne résiste désormais à l’éthique. En fait, l’impertinente juge Françoise Desset qui déjà se fait remarquer aux côtés de son collègue Renaud van Ruymbeke dans l’instruction de l’affaire Jérôme Kerviel et la Société générale est bien dans son élément sur le terrain financier.