Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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Hilaire Camille
La fragilité des États est une réalité répétitive dont la gestion est des plus compliquées. La superpuissance étasunienne elle-même en a fait l’expérience autant à travers l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 que par la réponse inappropriée trouvée par elle en déclarant la guerre à l’Irak le 19 mars 2003. Cette fragilité est d’autant plus perceptible que depuis la déclaration de fin de guerre du 1er mai 2003 de Georges Bush -sous une grande bannière Mission Accomplissed (Mission accomplie) déployée fièrement devant des centaines de Marines en tenue d’apparat sur le Porte avion nucléaire Abraham Lincoln- les combats n’ont jamais été plus intenses sur le terrain, au plan de la diplomatie internationale et sur d’autres fronts… économiques, des milliards de dollars engloutis, cinq années plus tard. C’est de cette fragilité économico-financière qui ne répond plus aux vieilles règles gauchères des théories du keynésianisme économique ou encore celles plus droitières, relativement récentes et encore triomphantes à la Milton Friedman de la fameuse école monétariste de Chicago, qui nous interpelle aujourd’hui. Cette fragilité ne se traduit plus par une petite migraine économique née de la combinaison de la stagnation ou ralentissement et de l’inflation ou hausse démesurée des prix ; ce que les initiés nomment la stagflation. Fini ce machin de stagflation qui ne sert qu’au discours savant des professeurs d’économie. La fragilité des États aujourd’hui, des Etats-Unis à Haïti en passant par le Zimbabwe et le Burkina Faso, c’est une fragilité d’urgence : la faim, le chômage, les hypothèques impayées, etc. La spéculation financière que les théories économiques n’ont jamais su intégrer adéquatement dans leur analyse vient en réalité de prendre littéralement le contrôle de la richesse mondiale. Que ce soit dans la fixation des prix des matières premières et des ressources naturelles que dans la détermination des diverses règles du jeu en usage dans plusieurs autres marchés de biens et services. En fait, l’illusion de l’existence d’un marché pour tout et pour tous, un marché où viendront se rencontrer de gentils Offreurs et de conscients Demandeurs pour conclure de louables et loyales ententes dans des conditions idéales de concurrence pure et parfaite, cette illusion tourne au drame chez des populations entières, autant aux États-Unis qu’en Afrique, et même en Europe et ailleurs… Sous nos yeux se déroulent effectivement la fin d’une certitude. Et lorsque dans la panique, le remord et la conscience interpellée et dérangée la Banque mondiale, du haut de se session de printemps dans la grisaille de la capitale américaine, accorde 10 millions de dollars à Haïti pour faire face à l’inacceptable envolée des prix des denrées de première nécessité dans tout un pays d’environ 10 millions d’habitants, on se demande si ces Experts en pauvreté internationale n’avouent pas une fois encore leur incapacité à faire face à la donne répétitive qui deviendra bientôt de simples manchettes de journaux. Il y a véritablement une éthique de l’économie à insuffler et à faire valoir dans le désarroi actuel. Tout porte à croire que lesdits pauvres sont décidés à se faire entendre aux portes de l’universelle dignité humaine. La mondialisation nous avait pourtant laissé croire en sa capacité à retarder, pour de bon, cette Revanche des pauvres annoncée depuis des années, depuis le début de ce siècle. Finalement, dirions-nous Mission-Non-accomplie ?
Horizon
Rédigé par psa le 13/04/2008 à 18:16
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