Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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Retour à Genève
«Imaginez la tête des passagers dans le tram! Ils voient tout à coup Kofi Annan monter à bord, si soudainement que les portes se referment devant les gardes du corps. Lesquels ne peuvent que poursuivre le wagon en courant. Toute la Suisse a pu voir ces images… et constater que le secrétaire général de l'ONU n'avait pas pris de billet!»
Hilarité générale. Il fallait voir hier soir l'assistance se tordre de rire en écoutant le président de la Confédération. Croyez-le ou non, c'est en ces termes que Moritz Leuenberger a honoré le plus genevois des Ghanéens, Kofi Annan. Avant de lui remettre, sous un tonnerre d'applaudissements, un cadeau des plus helvétiques: un abonnement général des CFF (un des Groupes de Transports publics suisses, proprétaire du Tram emprunté par M. Annan... sans en payer le prix du passage). Mais ce n'était là que l'épisode le plus spectaculaire d'une très touchante cérémonie. La Fondation pour Genève a en effet décerné hier, à La Pastorale, son prix 2006 à Kofi Annan. Pour le remercier de son soutien à la cité de Calvin. Et peut-être surtout, manifester au secrétaire général, qui quittera le 31 décembre son poste à New York, toute l'affection que lui porte le peuple du bout du lac Léman. D'où une avalanche de discours souvent émouvants. Celui du banquier Ivan Pictet, en vieil ami qui se réjouit de le voir revenir s'installer à Genève. Celui du maire André Hédiger, qui se souvient d'avoir jadis refait le monde, rue de Carouge, avec le brillant étudiant africain. Celui du président du Conseil d'Etat Pierre-François Unger, qui souhaite la bienvenue au futur ex-patron de l'ONU en lui prêtant ces mots d'Albert Einstein: «Je veux mourir en Suisse… parce que tout y arrive avec dix ans de retard.» Une histoire d'amour Visiblement ému, Kofi Annan confie pour sa part accepter le prix «humblement». Car, souffle-t-il d'une voix hésitante, «je ne suis pas sûr de mériter toutes ces louanges». Ce n'est certainement pas l'avis des 500 invités des plus éminents, parmi lesquels figuraient entre autres Carla Del Ponte, Jean Ziegler, Ruth Dreifuss, Adolf Ogi, François Longchamp, Martine Brunschwig-Graf, Carlo Lamprecht, Guy-Olivier Segond, Jacob Kellenberger, Cornelio Sommaruga ou encore le peintre suisse Hans Erni. Qu'importe. De Genève, Kofi Annan dit que c'est un peu sa deuxième patrie. Parce qu'il a fait ses études de troisième cycle aux HEI. Parce qu'il a entamé ici sa carrière onusienne, au sein de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Surtout, parce qu'il a rencontré dans notre ville, alors qu'il travaillait au Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), l'amour de sa vie: la Suédoise Nane Lagergren. Et de conclure par le plus beau des hommages: «Genève incarne, à bien des égards, ce que défendent les Nations Unies: un carrefour de tolérance, de paix et de démocratie, où se rencontrent les langues, les religions et les cultures. Les hommes dans toute leur diversité.» Une fondation pour l'Afrique Personne n'ose le dire ouvertement mais tout le monde en parle: Kofi Annan aurait été sollicité par la Confédération. Pour faire quoi exactement? Mystère. Sans doute, dit-on, exercerait-il un rôle dans le domaine humanitaire. Mais Berne n'est pas seule à disputer ses faveurs. Mille demandes sont sur sa table. Pour l'heure, il n'y répond pas. Le Ghanéen et son épouse souhaitent d'abord disparaître quelques mois. Prendre le large. Puis s'installer à Genève. Et créer une fondation pour l'Afrique. On n'en saura pas davantage. Est-il vrai que vous comptez vous installer à Genève et que vous êtes à la recherche d'un appartement? Avez-vous trouvé votre bonheur? C'est vrai, mon épouse Nane et moi comptons vivre entre Accra (ndlr: capitale du Ghana) et Genève. Mais je ne peux pas encore vous dire où exactement… Malgré votre fort attachement affectif pour Genève, vous cherchiez d'abord un logement dans le canton de Vaud. Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis? Genève est au centre de mes projets. Je vais créer une fondation pour l'Afrique. Il sera plus aisé de rencontrer ici les chefs d'Etats avec lesquels je souhaite travailler. Quel sera le défi majeur auquel votre successeur Ban Ki-moon sera confronté? Sans aucun doute: la crise au Moyen-Orient. Andrés Allemand, Tribune de Genève Publié le 21 novembre 2006 Ad Valorem
Rédigé par psa le 21/11/2006 à 07:24
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