Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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La question mérite que l’on s’y attarde. Voici quelqu’un, Yahya Jammeh, qui arrive au pouvoir par un coup d’État et y passe plus de deux décennies, conduisant un État Patapa loin de toute démocratie, parce que Dieu l’aurait voulu et l’y aurait même aidé selon lui. Que c’est si facile pour les imposteurs de mêler Dieu à tous leurs excès et abus!
Ils sont même déjà partis sans avoir encore quitté le pouvoir
Plus de vingt-deux années après, à la faveur d’une élection, Yahya Jammeh reconnaît publiquement sa défaite, appelle son adversaire, lui concède la victoire et l’assure de sa collaboration durant la période de transition. En ce mois de décembre 2016, Yahya Jammeh reçoit les éloges publics, universels. Puis… Puis patatras! Yahya Jammeh, le sortant, refuse de partir. À peine avions-nous décoché des flèches à l’endroit des autres présidents africains ambianceurs, ridiculement incapables d’assumer les dignes alternances politiques pacifiques de leur époque, à peine nos javelots flamboyants étaient partis que toutes nos cibles se remettaient en mouvement. Tout ce qu’on nous avait appris, tout ce que nous savons pratiquer devenait crucial. Il y a même eu des tentatives habiles de moquerie, de remise en cause de notre adresse à viser des cibles sans cesse en mouvements disgracieux et erratiques. Certes, en si peu de temps, des méprises ont été commises. C’est connu : un dictateur, un ambianceur, énormément ça trompe, ça change d’avis souvent, et ça prend ses rêves de durer éternellement au pouvoir Car-ce-que-je-fait-est-béni-par-Dieu pour des réalités à imposer aux millions d’autres qui aimeraient le voir partir de la gouverne de leur pays. Eh bien! Nous n’avons pas de bonnes nouvelles pour les ambianceurs et autres apprentis sorciers ainsi que leurs conseillers et prophètes de tout acabit. Tous, ils sont du mauvais côté de l’Histoire. Sortants qu’ils sont, ils sortiront. Partants qu’ils restent, ils partiront. Ils sont même déjà partis sans avoir encore quitté le pouvoir. Ils ne sont plus que de remarquables oubliés de la grande Histoire de leur pays. Yahya Jammeh peut changer d’avis autant de fois qu’il voudra, en si peu de temps, ceci ne sera que la preuve de cela : son incapacité à suivre le rythme de son époque. La Gambie est ailleurs déjà, ailleurs depuis des jours, et bien ailleurs depuis trop longtemps pour reculer ou être retardée par un amuseur politique. Aucune peur de démocratie que de l’avenir Par la voix de Lady Macbeth, le Vieux Shakespeare disait, il y a quelques siècles, dans l’autre millénaire même : « What’s done cannot be undone ». Il est grand temps que cela soit entendu et compris. Ce qui est fait est fait. Ce qui est dit doit être fait. La promesse est une dette. L’éthique fait la loi. La Gambie est ailleurs, l’Afrique est ailleurs, les Africains sont loin devant leurs dirigeants ambianceurs, médiocres amuseurs, indécis, incorrigibles et incommodes, eux qui n’écoutent qu’eux-mêmes, leurs prophètes de malheur, courtisans et autres poilus Adowuinon de leurs intangibles vassaux. Aucune peur n’est désormais de mise pour l’accomplissement de la démocratie en Afrique : en Gambie, au Togo ou ailleurs. Le lourd passé de tous les ambianceurs de la République, déguisés en chefs d’État-royaume-aux-Constitutions-avariées, un tel passé ne peut être effacé que par leur peuple. Comme du temps de Shakespeare, tous les parfums de l’orient et de l’occident, ceux du midi et du septentrion, même les erreurs de leurs adversaires, ne peuvent effacer leur crime de la non-démocratie et de l’invouloir récurrent. Seul le peuple sauve et réhabilite ses propres dictateurs. Ce fut le cas en Argentine, au Ghana, au Bénin, etc. C’est sur le point de se réaliser en Colombie et en Gambie. Ce sera le cas au Congo, au Gabon, en Haïti, au Togo, ailleurs et partout où besoin sera dans les abjectes et pales démocratures. Les Sortants doivent se résoudre à sortir honorablement. Toutes leurs tromperies ne passent tout simplement pas; depuis toujours, leurs menteries sont restées au travers des gorges de leurs citoyens. Les Sortants ont beau échafauder des plans en groupe et en syndicat, entre frères et amis qu’ils disent; ils ont beau rigoler de leur peuple et de leurs opposants, ils ont beau se penser plus intelligents que tout le monde, ils ont beau partager experts et expériences en duperies, le temps est à l’avenir, et l’avenir est à la démocratie et à la dignité. Ambianceurs de toutes ces Républiques africaines, faites-vous porter en triomphe, en démocrates triomphants, par votre peuple. C’est si facile, et c’est si reposant par la suite… Mot à Maux
Rédigé par psa le 12/12/2016 à 00:00
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Semons la bonne nouvelle : les choses changent. En France, en Gambie, là-bas en Autriche, ailleurs aussi. Et au Togo? Pourquoi pas! Pourquoi les choses ne changeraient-elles pas au Togo? Si Yahya Jammeh change et adhère à son époque, pourquoi Faure Gnassingbé ne changerait-il pas? Et, avec le réveil de sa Diaspora, tous les ingrédients sont en place pour le changement au Togo.
Incidemment, on ne saurait faire mieux dans la Diaspora togolaise. Ainsi, le quatrième congrès du Conseil Mondial de la Diaspora (CMDT) a remis au goût du jour l’Esprit de Bonn qui avait présidé à sa naissance. Cet Esprit luit désormais à travers la nouvelle Conscience dégagée à Paris : État de droit, Convergence des idéaux et Développement du Togo.
Il ne s’agit pas d’une renaissance du CMDT, mais d’une opportune et nécessaire connivence avec l’air du temps. Le plus grand danger, nous le savons tous, c’est l’entre-deux-chaises, c’est la peur, c’est l’enfermement, c’est le conservatisme, c’est la non-évolution des mœurs politiques. La Diaspora togolaise l’a compris qu’elle ne veut que du bien pour la Terre de nos Aïeux. Ensemble, osons la démocratie! Il est vrai qu’actuellement, le Togo court derrière un risque d’isolement. Chacune et chacun le comprennent bien : le Togo sera démocratique, réconcilié et développé ou il continuera à se ridiculiser et se verra dépassé par tout le reste des États de sa région, et de tout le continent africain s’il le faut. Car, aucune réconciliation ni développement ne peut se faire au Togo sans l’État de droit, sans un pas décisif dans la transition politique qui mènera à la démocratie. Et le Togo possède les moyens de penser sa dignité, panser ses plaies et passer à sa propre revalorisation. Le temps presse! Partout en Afrique, la non-démocratie n’est plus à la mode. Il y a donc de la place à la dignité et au Grand Pardon, même dans la politique togolaise. Le président gambien Yahya Jammeh vient encore de le prouver, après avoir frisé le ridicule par tous les moyens et à toutes les occasions, Yahya Jammeh a su se ressaisir. Et le Grand Pardon s’est mis en marche : autant les victimes de l’arbitraire passé connaîtront réparation, autant la justice et la réconciliation renaîtront. Et l’espoir revit tout comme le simple sourire. Les sortants doivent sortir Et pourquoi donc Faure Gnassingbé, au Togo, n’entendra-t-il pas raison? Les sortants doivent sortir. La lucidité doit aussi amener Faure Gnassingbé à reconnaître son échec. Car, pour un fils à Gnassingbé Eyadema, c’est un échec que de n’avoir pas su réconcilier le Togo, en dehors de toute envie de conservation du pouvoir. Reconnaître son impuissance à remplir les attentes de démocratie, de réconciliation et de développement du Togo. Place à une autre personne. Place à la sagesse. Place à la valorisation des autres ressorts et habiletés du Togo. Faure Gnassingbé est devenu le gagne-pain des uns et des autres : ceux et celles qui gonflent son ego plutôt que son intelligence au service du Togo. L’essentiel du Togo est ainsi occulté. La seule chose qui est sûre, c’est que de la manière dont le Togo est organisé, régenté et administré, il ressort que le nombre de perdants n’a cessé d’augmenter chaque jour, en commençant par Faure Gnassingbé lui-même et tous ses Adowuinon. Au Togo, un inacceptable fractionnement s’est installé depuis plus de cinquante ans. Au Togo, a poussé Racine, un processus politique de segmentation chaotique, obscur, mais visible, mafieux, glouton, vorace et dévastateur. Surtout, un processus sans aucun avenir qui a littéralement catégorisé les citoyens, a déclassé les uns et rehaussé les autres, la fameuse « minorité », sur des piédestaux fragiles, insatiables et obsessionnels : du « Chacun pour-soi » dans un pays qui n’en est plus un. Tout cela fait partie des motivations d’une Diaspora togolaise en consciente ébullition : trop c’est trop. Les Togolaises et les Togolais n’en peuvent plus d’un pays sans audace ni volonté de se recréer. Le Togo doit reprendre un chemin différent de la voie sans issue empruntée jusqu’à maintenant. Le devoir d’alternance devient alors un impératif politique catégorique. Tout change, et le Togo doit changer. Vivement et vitement!
Stéphane Hessel invitait déjà le Togo à la démocratie...
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