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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Semons la bonne nouvelle : les choses changent. En France, en Gambie, là-bas en Autriche, ailleurs aussi. Et au Togo? Pourquoi pas! Pourquoi les choses ne changeraient-elles pas au Togo? Si Yahya Jammeh change et adhère à son époque, pourquoi Faure Gnassingbé ne changerait-il pas? Et, avec le réveil de sa Diaspora, tous les ingrédients sont en place pour le changement au Togo.


Si la Gambie change, pourquoi pas le Togo?
Incidemment, on ne saurait faire mieux dans la Diaspora togolaise. Ainsi, le quatrième congrès du Conseil Mondial de la Diaspora (CMDT) a remis au goût du jour l’Esprit de Bonn qui avait présidé à sa naissance. Cet Esprit luit désormais à travers la nouvelle Conscience dégagée à Paris : État de droit, Convergence des idéaux et Développement du Togo.

Il ne s’agit pas d’une renaissance du CMDT, mais d’une opportune et nécessaire connivence avec l’air du temps. Le plus grand danger, nous le savons tous, c’est l’entre-deux-chaises, c’est la peur, c’est l’enfermement, c’est le conservatisme, c’est la non-évolution des mœurs politiques. La Diaspora togolaise l’a compris qu’elle ne veut que du bien pour la Terre de nos Aïeux. Ensemble, osons la démocratie!

Il est vrai qu’actuellement, le Togo court derrière un risque d’isolement. Chacune et chacun le comprennent bien : le Togo sera démocratique, réconcilié et développé ou il continuera à se ridiculiser et se verra dépassé par tout le reste des États de sa région, et de tout le continent africain s’il le faut. Car, aucune réconciliation ni développement ne peut se faire au Togo sans l’État de droit, sans un pas décisif dans la transition politique qui mènera à la démocratie. Et le Togo possède les moyens de penser sa dignité, panser ses plaies et passer à sa propre revalorisation. Le temps presse!

Partout en Afrique, la non-démocratie n’est plus à la mode. Il y a donc de la place à la dignité et au Grand Pardon, même dans la politique togolaise. Le président gambien Yahya Jammeh vient encore de le prouver, après avoir frisé le ridicule par tous les moyens et à toutes les occasions, Yahya Jammeh a su se ressaisir. Et le Grand Pardon s’est mis en marche : autant les victimes de l’arbitraire passé connaîtront réparation, autant la justice et la réconciliation renaîtront. Et l’espoir revit tout comme le simple sourire.

Les sortants doivent sortir

Et pourquoi donc Faure Gnassingbé, au Togo, n’entendra-t-il pas raison? Les sortants doivent sortir. La lucidité doit aussi amener Faure Gnassingbé à reconnaître son échec. Car, pour un fils à Gnassingbé Eyadema, c’est un échec que de n’avoir pas su réconcilier le Togo, en dehors de toute envie de conservation du pouvoir. Reconnaître son impuissance à remplir les attentes de démocratie, de réconciliation et de développement du Togo. Place à une autre personne. Place à la sagesse. Place à la valorisation des autres ressorts et habiletés du Togo.

Faure Gnassingbé est devenu le gagne-pain des uns et des autres : ceux et celles qui gonflent son ego plutôt que son intelligence au service du Togo. L’essentiel du Togo est ainsi occulté. La seule chose qui est sûre, c’est que de la manière dont le Togo est organisé, régenté et administré, il ressort que le nombre de perdants n’a cessé d’augmenter chaque jour, en commençant par Faure Gnassingbé lui-même et tous ses Adowuinon.

Au Togo, un inacceptable fractionnement s’est installé depuis plus de cinquante ans. Au Togo, a poussé Racine, un processus politique de segmentation chaotique, obscur, mais visible, mafieux, glouton, vorace et dévastateur. Surtout, un processus sans aucun avenir qui a littéralement catégorisé les citoyens, a déclassé les uns et rehaussé les autres, la fameuse « minorité », sur des piédestaux fragiles, insatiables et obsessionnels : du « Chacun pour-soi » dans un pays qui n’en est plus un.

Tout cela fait partie des motivations d’une Diaspora togolaise en consciente ébullition : trop c’est trop. Les Togolaises et les Togolais n’en peuvent plus d’un pays sans audace ni volonté de se recréer. Le Togo doit reprendre un chemin différent de la voie sans issue empruntée jusqu’à maintenant. Le devoir d’alternance devient alors un impératif politique catégorique. Tout change, et le Togo doit changer. Vivement et vitement!

togo_le_monde_change.pdf Togo Le Monde Change.pdf  (320.37 Ko)

Stéphane Hessel invitait déjà le Togo à la démocratie...
Stéphane Hessel invitait déjà le Togo à la démocratie...

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Rédigé par psa le 06/12/2016 à 01:00



Il persiste une idée reçue que la non-démocratie togolaise va continuer, et traverser le temps. Que Faure Gnassingbé qui a hérité du pouvoir au Togo de la manière inacceptable que nous savons, en 2005, va régner et transmettre ce pouvoir à son propre enfant, au grand désarroi des Togolaises et des Togolais, occupés à se battre entre eux, le plus souvent autour des miettes d’indignité et d’invouloir, par ci et là occasionnellement jetées. Erreur!


Une Tragédie : le Togo Exaspération
En écoutant le silence togolais, c’est un autre son de cloche que l’on entend. Plutôt en transit entre deux périodes de son histoire, le Togo connaît un vide, audible et instructif, qui attend forcément d’être rempli par un inévitable changement. Curieusement, un tel pari de connaître et de reconnaître le Togo profond échappe toujours à certains zélés, des poilus de tout acabit et grands marchandeurs de leur propre dignité pour peu qu’ils se retrouvent en Afrique.

La fausseté togolaise, dite et redite, est que Faure Gnassingbé est là, et bien là pour rester, indéfiniment même. Que parce que son géniteur de père, le président Gnassingbé Eyadema, ayant nuitamment toiletté la Constitution togolaise à son profit, que l’armée togolaise exagérément clanique et désespérément non républicaine, que l’opposition togolaise divisée et sans moyens conséquents, que mieux vaut alors accepter l’inacceptable en consentant aux caprices politiques et aux incomplétudes managériales du Faure Gnassingbé, tels que lui-même continue à les imposer au Togo en sévissant sur ses compatriotes en quête de démocratie et d’alternance.

Et voilà! C’est comme si la fausseté rendait heureux. Il fallait donc se bousculer, s’inscrire absolument à la fausseté ambiante, en profiter coûte que coûte, en vivre, et même y prendre appui pour « se présidentialiser ». Chacun en rajoute. Le premier ministre français, Manuel Valls, qui n’a prouvé quoi que ce soit de mémorable lui-même, comme chef de gouvernement de la France, ce Manuel Valls totalitaire trouve l’occasion belle pour en profiter, vertement et sans retenue ni respect. Un prétexte additionnel pour nous rappeler, Togolaise et Togolais, à notre inlassable devoir du changement par nous-mêmes, et avant tout à travers l’éducation de nos actions.

Ainsi, à la grande surprise des citoyens togolais, Manuel Valls déclare ressentir les « vibrations » qu’émettent les « grands dirigeants », seulement après quelques heures de séjour au Togo, dans la même veine que le « dirigeant d’exception » que proclame Louis Michel quelques jours après. Faure Gnassingbé dirigeant d’exception ou grand dirigeant? Il y a bien longtemps que les Togolais eux-mêmes l’auraient su, avant de l’apprendre des invités de fin de semaine aux motivations insondables... Mais, comme chacun le sait, la tartuferie et la fausseté ne durent pas toujours.

Ce qui fait courir tous les Adowuinon du Togo et d’ailleurs est sur le point de disparaître. Ce monde-là, victime de lui-même, victime de l’illégitimité et de la soif de paraître, ces personnages qui sont tombés à côté de l’histoire et totalement en dehors de tout idéal, aussi bien au Togo qu’ailleurs, toutes ces personnes qui s’accroupissent à tout vent et à tout intérêt malsain, tous, sont bien sur le point de succomber sous leur propre imposture. Comment pouvait-il en être autrement? Lorsqu’on gouverne sans l’appui de l’avenir qu’est la jeunesse togolaise, le poids du passé se prolonge irrémédiablement dans le présent. En politique, gouverner sans avenir c’est l’autre nom de l’échec.


Un repos suspect...
Un repos suspect...
Brouiller les pistes menant au Togo Mitimi

L’inracontable décennie Faure Gnassingbé, stérile en Démocratie-Réconciliation-Développement, qui se prolonge et boucle les cinquante ans du même système hérité de son père, est restée très caractéristique de la longue préhistoire politique qui se poursuit au Togo. C’est bien l’audacieux Winston Churchill qui le disait : « Pour s'améliorer, il faut changer. Donc, pour être meilleur, il faut avoir changé souvent ». Au Togo, on change peu; au mieux, on s’abonne à l’amateurisme d’État. On est alors loin du « grand dirigeant » et du « dirigeant d’exception » en voulant mettre Faure Gnassingbé au rang des Winston Churchill, Charles de Gaulle, Nelson Mandela, Père Damien, etc. Totalement ridicule!

Le palmarès en exposition depuis 2005 n’émet aucune vibration politique enlevante et caractéristique d’un habituel « grand dirigeant » qui serait en action au Togo. Et, si vibration il y a, elle est bien négative et répulsive pour le commun des Togolais, monsieur et madame Tout-le-monde qui vivent les réalisations de Faure Gnassingbé : écoles, hôpitaux, logements sociaux, routes et paroles. Un dirigeant d’exception qui ne parle pas et n’argumente pas dans l’espace politique de son pays, lui qui se cache même de sa Diaspora partout où il séjourne à l’étranger? C’est du jamais vu!

Au Togo politique, social et économique, rien n’est modèle, rien n’est changement. Mais le toujours premier ministre français, en amant éconduit dans sa France même, un premier ministre doublé de tous les côtés, a cru bon ressentir des vibrations dignes d’un courtisan maladroit, comme une revanche sur son pâle sort politique, seulement dans un Togo livré à la surenchère des uns et des autres.

En effet, et nous ne l’oublions pas, tout est monnayable au Togo, même la dignité humaine. Vous la jouez fort aux oreilles de Faure Gnassingbé, et les médias d’État vont relayer votre refrain comme une victoire sur l’opposition togolaise. C’est le plus grand objectif de tout un gouvernement : narguer l’opposition. Insuffisant! Lamentable même.

Il est vrai qu’une démocrature sans limites s’est développée au Togo, et une non-démocratie sans honte s’y est installée. Le résultat est d’ailleurs saisissant : une cohorte de jeunes gens, garçons et filles sans perspective, des sous-citoyens sans aucun droit, dans un Togo insatisfait, visible ou souterrain. Tout aventurier peut ignorer cette réalité. Les Togolais qui vivent au quotidien cette insoutenable condition, ces femmes et hommes ne peuvent pas l’oublier.

Somme toute, en brouillant toutes les pistes, Faure Gnassingbé a réussi à créer un pays particulier : le Togo Exaspération, le Togo Mitimi. Une jeunesse aspirée et dévorée par la fatalité, au point de recourir à la contamination du désespoir. Hors de tout giron partisan, la jeunesse togolaise est restée contestataire de l’indignité ambiante, de plus en plus vouée au suicide par toutes sortes d’aventures dans un total abandon gouvernemental. La voix de cette jeunesse n’a jamais compté et elle ne compte pas dans le choix des dirigeants. L’investissement dans les armes répressives a bien longtemps remplacé les plans qualitatifs au soutien de la jeunesse togolaise. C’est bien la tragédie togolaise; c’est la seule vibration qui se sent, et c’est elle qui nourrit le devoir du changement politique au Togo.

Une question de dignité...
Une question de dignité...
Le gouvernement togolais ne tient jamais parole

Finalement, le pouvoir présidentiel togolais feint de construire un pays; il continue à produire un État sans nation. Un monstre est ainsi créé au Togo pour sacraliser aussi bien la voracité des dirigeants que leur manipulation de l’ethnicité, de l’incompétence et de la brutalité, sacraliser à la fois la complaisance, le découragement, l’injustice, la tromperie, l’inaction, la désinvolture et même l’abandon. Comme le dit un citoyen togolais, un jeune menuisier courageusement convertit en cultivateur de ses hautes terres isolées d’Agou-Akplolo : « le gouvernement ne tient jamais ses paroles ». Fatal constat d’un parfait prototype des sans voix togolais! Plus qu’une vibration, c’est un séisme de cascadia que les Togolais, seuls, savent reconnaître et annoncer dans un pays devenu une zone de succion et de subduction.

De partout, un tel insuccès est bien connu de chaque Togolaise et Togolais. Un si jeune chef d’État qui n’a jamais su choisir le camp de la Démocratie, de la Réconciliation et du Développement, ne peut aucunement atteindre de tels impératifs catégoriques inscrits dans le devenir même du Togo. Faure Gnassingbé prend un plaisir évident à entretenir la confusion. Tellement que le calme apparent dont il se délecte n’annonce rien d’autre que la tempête au Togo Exaspération, l’ouragan dans le Togo Mitimi. Et le pouvoir présidentiel togolais en a une pleine conscience, lui qui désormais court derrière des Conférences internationales à accueillir, des personnalités louangeuses à fréquenter, de vivantes responsabilités politiques nationales à travestir ou à enterrer.

En transit entre deux périodes de l’histoire, le Togo connaît un vide d’instabilité qui attend sans aucun doute d’être rempli par l’inévitable changement qui s’y prépare, légitimement, de l’intérieur comme dans sa Diaspora. C’est en cela que la justice et la réconciliation naissent toujours là où il n’y a eu qu’imposture et incapacité. C’est bien en cela que le courage et l’audace du changement, reconnus par les populations concernées, bien avant tout autre intrus, ont toujours caractérisé les grands dirigeants. C’est surtout pour tout cela que le Togo sera une démocratie, celle du Grand Pardon, là où ses dirigeants actuels, les Faure Gnassingbé de ce monde ainsi que leurs insatiables courtisans, laïcs et religieux, resteront de remarquables oubliés : ces infréquentables de la partie valable de l’histoire des Peuples.


Mot à Maux


Rédigé par psa le 16/11/2016 à 22:22



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