Voici un régime, au Togo, qui ne fait même plus semblant de réduire son empreinte de dictature innommable…
En plein jour, au seul motif d’une altercation avec un groupe de militaires, et pour avoir résisté à une agression verbale et physique injustifiée, un jeune homme est abattu froidement et publiquement dans la rue, séance tenante, d’une balle dans la tête…
C’est ça le Togo… C’est ça le Togo avec lequel les citoyens doivent composer jour et nuit. C’est ça le Togo de la misère humaine effroyable avec lequel tant de gouvernements démocratiques, en toute conscience, de l’Allemagne au Ghana, de la France aux États-Unis d’Amérique, en passant par le Canada, la Belgique, l’Italie, le Bénin, la Suisse et autres, font le commerce des indulgences.
Un tel sort d’être froidement exécuté en plein jour est celui réservé à tout Togolais. Un tel sort est celui que subissent les hommes et les femmes du Togo, dans l’indifférence générale. Un pays, le Togo, où Pierre Elliott Trudeau, le père de Justin Trudeau, m’avait dit un jour qu’il avait senti "quelque chose" dans sa tournée africaine de jeune Canadien, le sac au dos.
Togolais jeunes, Pierre Elliott Trudeau ou Justin Trudeau n’auraient pas vécu longtemps pour devenir des premiers ministres démocratiquement élus. Ils n’ont pas eu le malheur de naître au Togo, un pays pris en otage par des criminels avérés ; un pays dont la juge Éva Joli, la juge franco-norvégienne, disait bien : les États ont leur mafia. Au Togo, la mafia a son pays. Effectivement, « Pour comprendre dans quel monde on vit, il faut savoir quelle folie nous dirige. » Oui, savoir quel absolutisme dirige l’ordinaire des Togolais depuis des décennies, de père en fils.
Le sort subit par un jeune Togolais, civil, le 21 mai 2020, n’a de pareil que celui réservé à un lieutenant-colonel froidement assassiné dans son bureau à l’intérieur du camp de la Brigade d’Intervention Rapide, BIR, dont il était le chef, par un commando. Ça, c’était présumément dans la nuit du 3 au 4 mai 2020… Ça, c’est le Togo de Faure Gnassingbé qui confisque le pouvoir, même après l’élection présidentielle du 22 février 2020. Rappelons que même le Covid19 possède ses cruelles victimes dont un homme battu à mort, un autre supplicié par ses testicules éclatés, enfants, jeunes filles, jeunes gens et vieilles dames battus au sang, pour violation de couvre-feu, par une Force anti-pandémie instantanément plus dangereuse que le coronavirus lui-même. Seulement le mois dernier, avril 2020, au Togo du 21e siècle : le Togo de Faure Gnassingbé, là où l’immérité pouvoir est confondu à l’immortalité familiale.
L’art d’être Togolais est en soi un drame au quotidien ; il déborde de tout ce qui peut être exigé de tout humain. Le Togo reste un lieu de châtiments permanents sous une tyrannie sans nom. Le Togo est une histoire de crimes commis par des gens identifiables sur des citoyens innocents. Et ça dure au vu et au su de tout le monde.
Normalement, la contre-attaque de toutes les Togolaises et de tous les Togolais doit être vigoureuse. Malheureusement, pour faire face à un tel régime dont l’armée n’est rien d’autre qu’une milice d’État clanique et contrerepublicaine, les citoyens se tiennent seuls. Ils sont seuls comme un clocher qui se tient debout, isolé, dans un champ de ruine d’une dictature implacable de 55 ans.
Normalement, tous partis politiques et tous partenaires confondus, ayants cause indignés, querelle cessante, diaspora réunie, c’est un appel à l’offensive générale qui doit sonner le glas de ce régime insalubre. Car, ce n’est pas avec de petits coups que l’on agit sur pareil régime de voleurs, faussaires, brigands, agioteurs, trafiquants, spoliateurs, bourreaux, meurtriers, médiocres et accapareurs d’une République promise à un tout autre destin par ses fondateurs, dans son hymne national : le précieux destin de l’Or de l’humanité.
Pierre S. Adjété
●Québec, Canada●
[22 mai 2020]