Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Alors que Ségolène Royal commence un séjour de quelques jours à Montréal principalement, elle qui souvent est taxé de peu de consistance en politique, voilà que les faiblesses de Nicolas Sarkozy au plan de la finance internationale sortent au grand jour. Sur un sujet dans lequel il n’a manifestement aucun ancrage de connaissance, le président français pense que parce qu’il aurait ouvert sa bouche que les marchés financiers se serait réguler selon sa volonté. En existe-t-il encore sur la surface de la terre qui ne savent pas que seule la spéculation et les spéculateurs dominent les marchés financiers et que le jeu de leur contrôle échappe totalement, dans bien des cas, aux puissances étatiques ? Ici, il faut laisser faire les connaisseurs et les initiés de la haute finance –de là leur extrême prudence en tout temps, et convenir des objectifs raisonnables avec ces experts chevronnés. Je crois que nous vivons la première grande sortie de route de notre ami Sarko. Jugez-en ! Et ce ne sont que les propos les plus doux de la critique qui s’est déversée sur le chef d’État français. Il s’en sortira et en apprendra…


Royal Amateurisme
Ce qui a frappé tout le monde à Porto, c’est l’incroyable amateurisme de Sarkozy qui ne semble pas savoir de quoi il parle. Ainsi, les centaines de milliards d’euros de prêts à très court terme accordés aux banques par la BCE ont déjà été récupérés et n’avaient pour objet que d’éviter l’implosion du système bancaire, qui aurait nui gravement à l’ensemble de l’économie, et non d’aider les « spéculateurs ». Trichet l’a souligné : « le monde entier sait que nous avons lutté contre la spéculation et les spéculateurs ».
La Banque d’Angleterre vient d’ailleurs de démontrer que sa réticence à injecter des liquidités dans le système se paye cash : elle a dû intervenir en urgence pour sauver de la faillite la banque Northern Rock, sans parvenir à enrayer la panique des petits épargnants. Rien de tel dans la zone euro. De même, considérer qu’une baisse de la croissance de 0,5 % n’est pas grave, car on vise 3 % l’an est un raisonnement qui en a laissé plus d’un bouche bée. Enfin, chacun se demande si le Président a conscience qu’il fait de la politique à crédit, sur le dos de ses partenaires : si le franc existait encore, ses déclarations auraient déclenché une crise monétaire grave qui aurait coûté cher à la France.
Au final, la sortie de Sarkozy ne fait que souligner davantage le total isolement de la France sur les sujets monétaire et financier. Certains voient dans les déclarations de Sarkozy l’influence de son « conseiller spécial », le souverainiste Henri Guaino qui se comporte en véritable ministre « fantôme » de l’Économie et des Finances. La question est désormais sur toutes les lèvres : à quoi sert Christine Lagarde qui s’est, une nouvelle fois, retrouvée désavouée et en porte-à-faux vis-à-vis de ses collègues ?

Jean Quatremer


Mot à Maux


Rédigé par psa le 16/09/2007 à 21:02



La source, Courbet
La source, Courbet
L’une des beautés des pays relativement de jeunes traditions, dans l’histoire de l’humanité, est que tout est possible, même les discussions les plus surréalistes. Et c’est tant mieux ! En effet, cette semaine marque le début effectif, c'est-à-dire public, des travaux de la fameuse Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. Traduction simple pour les non familiers hors Canada, un ensemble de rencontres publiques pour écouter les spécialistes, groupes d’intérêt et les citoyens sur leurs perceptions, expériences et suggestions sur le Vivre Ensemble entre Québécois majoritaires, de descendance canadienne française, et les relativement nouveaux Québécois et souvent très visibles citoyens dans leurs pratiques de vie dans l’espace collectif. Mais puisque nous sommes au Canada, cette chose, véritable monstre, est plus compliquée qu’elle ne peut paraitre, surtout que le gouvernement fédéral canadien n’a aucune leçon à donner au Québec, juridiction entremêlée oblige. Cette complication est souvent majorée de la confusion chez les nouveaux arrivants de se retrouver entre deux pratiques politiques nationales en matière d’immigration : l’une, canadienne, se veut multiple, multiculturelle, en bâtissant la Citoyenneté canadienne sur la sommation de toutes ses composantes, ses cultures, et ses ghettos dans une certaine mesure, disent les adversaires de cette philosophie; l’autre approche, particulière au Québec, la seule province majoritairement francophone, vise à intégrer les immigrants dans la culture francophone du Québec pour, semble-t-il, bâtir une société moins éclatée et plus harmonieuse autour du fait français isolé en Amérique du nord.
Multiculturalisme canadien ou intégration québécoise ? C’est la question qui tue, c’est la question J’expire, prononcez Shakespeare comme je l’ai apprise cette semaine à l’Université Saint Paul d’Ottawa. De plus en plus, au Canada, personne n’a le droit de faire simple s’il y a moyen de faire compliqué. Et les discussions à ne plus finir, on connait ça ici. La question en discussion n’est pas un grand mouvement de société qui empêche les gens de dormir. Loin de là ! Mais elle est politiquement porteuse, elle peut nourrir la démagogie politicienne, répondre à quelques excités de grandes gueules, titiller le nationalisme québécois, recalibrer le clivage Québec francophone – Rest of Canada anglophone, donner du grain à moudre à quelques journalistes sans grandes idées pour leurs chroniques et émissions, etc. Tout cela dans la fascination des mots qui éclatent avec beauté, ici et là, à la place des bombes ailleurs. Fascinant, malgré tout ; la suite et les résultats, on verra bien, plus tard.
Naturellement, certains mots sont plus pensés que d’autres. Même si je suis biaisé, les mots de mon président, le professeur Yao Paul Assogba, figurent entre les plus pensés sur le sujet. Par un heureux hasard –qui ne vient que du bon travail et non des parlottes creuses, comme pourront le penser certaines personnes- Yao Paul Assogba sera la toute première personne à intervenir, pour présenter un Mémoire, devant la Commission Bouchard Taylor. Ce Mémoire, encore sous le sceau de la confidentialité, a été retenu pour cet exercice national de brassage d’idées. Je n’ai pas été surpris qu’il en soit ainsi. Je trouvais son texte extraordinairement concis et instructif dans la succession des paragraphes qui déroulent les six idées principales formant l’armature de son Mémoire. Ce sera une excellente contribution aux travaux de la Commission que Yao fera demain mardi dans la matinée, un autre matin de 11 septembre en passant. Je ne suis pas plus surpris qu’il m’a demandé d’être son accompagnateur à la table de présentation devant les membres de la Commission Bouchard – Taylor… Un conseiller spécial est toujours utile à un président. Sourire au coin, je vais aussi avoir le plaisir de vivre cette Commission, un peu de l’intérieur, avant d’observer de loin ses membres se démêler avec toutes ces déclarations, tous ces avis que chacun voudra donner sur le Québec en devenir. Un défi de toute beauté, même si personne ne sait où mèneront les conclusions de tout cet exercice de notre thérapie collective du moment, après tout, un bain d’idées, une source.


Horizon


Rédigé par psa le 10/09/2007 à 08:22



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