Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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La source, Courbet
L’une des beautés des pays relativement de jeunes traditions, dans l’histoire de l’humanité, est que tout est possible, même les discussions les plus surréalistes. Et c’est tant mieux ! En effet, cette semaine marque le début effectif, c'est-à-dire public, des travaux de la fameuse Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. Traduction simple pour les non familiers hors Canada, un ensemble de rencontres publiques pour écouter les spécialistes, groupes d’intérêt et les citoyens sur leurs perceptions, expériences et suggestions sur le Vivre Ensemble entre Québécois majoritaires, de descendance canadienne française, et les relativement nouveaux Québécois et souvent très visibles citoyens dans leurs pratiques de vie dans l’espace collectif. Mais puisque nous sommes au Canada, cette chose, véritable monstre, est plus compliquée qu’elle ne peut paraitre, surtout que le gouvernement fédéral canadien n’a aucune leçon à donner au Québec, juridiction entremêlée oblige. Cette complication est souvent majorée de la confusion chez les nouveaux arrivants de se retrouver entre deux pratiques politiques nationales en matière d’immigration : l’une, canadienne, se veut multiple, multiculturelle, en bâtissant la Citoyenneté canadienne sur la sommation de toutes ses composantes, ses cultures, et ses ghettos dans une certaine mesure, disent les adversaires de cette philosophie; l’autre approche, particulière au Québec, la seule province majoritairement francophone, vise à intégrer les immigrants dans la culture francophone du Québec pour, semble-t-il, bâtir une société moins éclatée et plus harmonieuse autour du fait français isolé en Amérique du nord.
Multiculturalisme canadien ou intégration québécoise ? C’est la question qui tue, c’est la question J’expire, prononcez Shakespeare comme je l’ai apprise cette semaine à l’Université Saint Paul d’Ottawa. De plus en plus, au Canada, personne n’a le droit de faire simple s’il y a moyen de faire compliqué. Et les discussions à ne plus finir, on connait ça ici. La question en discussion n’est pas un grand mouvement de société qui empêche les gens de dormir. Loin de là ! Mais elle est politiquement porteuse, elle peut nourrir la démagogie politicienne, répondre à quelques excités de grandes gueules, titiller le nationalisme québécois, recalibrer le clivage Québec francophone – Rest of Canada anglophone, donner du grain à moudre à quelques journalistes sans grandes idées pour leurs chroniques et émissions, etc. Tout cela dans la fascination des mots qui éclatent avec beauté, ici et là, à la place des bombes ailleurs. Fascinant, malgré tout ; la suite et les résultats, on verra bien, plus tard. Naturellement, certains mots sont plus pensés que d’autres. Même si je suis biaisé, les mots de mon président, le professeur Yao Paul Assogba, figurent entre les plus pensés sur le sujet. Par un heureux hasard –qui ne vient que du bon travail et non des parlottes creuses, comme pourront le penser certaines personnes- Yao Paul Assogba sera la toute première personne à intervenir, pour présenter un Mémoire, devant la Commission Bouchard Taylor. Ce Mémoire, encore sous le sceau de la confidentialité, a été retenu pour cet exercice national de brassage d’idées. Je n’ai pas été surpris qu’il en soit ainsi. Je trouvais son texte extraordinairement concis et instructif dans la succession des paragraphes qui déroulent les six idées principales formant l’armature de son Mémoire. Ce sera une excellente contribution aux travaux de la Commission que Yao fera demain mardi dans la matinée, un autre matin de 11 septembre en passant. Je ne suis pas plus surpris qu’il m’a demandé d’être son accompagnateur à la table de présentation devant les membres de la Commission Bouchard – Taylor… Un conseiller spécial est toujours utile à un président. Sourire au coin, je vais aussi avoir le plaisir de vivre cette Commission, un peu de l’intérieur, avant d’observer de loin ses membres se démêler avec toutes ces déclarations, tous ces avis que chacun voudra donner sur le Québec en devenir. Un défi de toute beauté, même si personne ne sait où mèneront les conclusions de tout cet exercice de notre thérapie collective du moment, après tout, un bain d’idées, une source. Horizon
Rédigé par psa le 10/09/2007 à 08:22
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