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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Certes, la guerre syrienne n’a fait que redoubler et ses dangers se multiplier. Mais la diplomatie semble retrouver de la vigueur malgré un champ de bataille verrouillé. Un espoir dans le long tunnel de la diplomatie: la fin du monde n’a donc pas commencé, ni en Australie, ni en Syrie.


Vladimir Poutine... moins menaçant
Vladimir Poutine... moins menaçant



Il y a longtemps qu’elle ne fait plus de quartiers. Même décrite de manière quasi clinique par Carla Del Ponte et ses collègues de l’ONU dans un rapport publié jeudi, la guerre de Syrie déborde d’horreurs. Et de périls, toujours croissants: l’usage d’armes de plus en plus meurtrières; la «sectarisation» du conflit qui creuse les haines ethniques et religieuses; l’irruption, d’un côté, de divers groupes armés mal définis et, de l’autre, de «comités populaires» liés au régime, qui sèment l’effroi de manière, en apparence, incontrôlée.

Ce n’est pas tout. Face à un champ de bataille verrouillé, imprévisible et volatil, l’aide humanitaire – qui sert d’ordinaire de béquille lorsque manquent les chirurgiens – est, elle aussi, soumise à des obstacles grandissants. Les diverses agences des Nations unies réclamaient cette semaine 1 milliard de dollars pour venir en aide aux victimes. Or, malgré les nécessités sur le terrain, il n’est pas sûr que cet argent puisse être utilisé. L’accès des humanitaires reste hautement problématique. Les secouristes sont pris pour cible. Même les évaluations précises des besoins sont pratiquement impossibles à établir.

Résultat: empruntant souvent des chemins de traverse, l’aide internationale ne fait que nourrir les réseaux des trafiquants, alimenter les mafias de la guerre, graisser encore mieux les rouages du conflit.

On a coutume de dire que, avant qu’une guerre ne s’arrête, les combattants doivent être suffisamment exsangues pour déclarer le match nul, ou alors le rapport de force suffisamment inégal pour qu’il y ait un vainqueur et un vaincu clairs. Ici, pour l’instant, rien de tout cela dans un avenir prévisible.

Pourtant, placée devant ce long tunnel, la diplomatie internationale a semblé, ces derniers jours, prête à se ressaisir. Considérés jusqu’ici comme de purs gêneurs indifférents au sens de l’histoire, les dirigeants russes ont réapparu dans le jeu, donnant l’impression de chercher une solution, fût-ce au prix qu’ils ont eux-mêmes fixé. À Genève, notamment, les conversations ont repris entre Russes et Américains. Et le «document» qui porte le nom de cette même ville, conclu en juin dernier, semble destiné à ressusciter alors qu’il avait été universellement annoncé comme mort-né.

Bien sûr, une solution négociée qui laisserait intacts des pans entiers du régime de Bachar el-Assad ne serait pas plus morale aujourd’hui qu’hier. Elle apparaît même chaque jour plus cruelle, à mesure que les atrocités redoublent. Mais – et même une partie de l’opposition semble le reconnaître désormais – c’est la seule possible.//////// Luis Lema


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 21/12/2012 à 12:21



La fin des exonérations fiscales pour les riches n’est plus taboue. Les Patriotic Millionaires veulent payer plus d’impôt et le font savoir à Barack Obama : «Notre pays a été bon envers nous. Il nous a donné les conditions-cadres qui nous ont permis de réussir. Maintenant, nous voulons apporter notre contribution pour maintenir ces bonnes conditions-cadres de sorte que d’autres puissent réussir


Las Vegas, Wes Stevenson et son cheval à dompter
Las Vegas, Wes Stevenson et son cheval à dompter

Un symbole. Le républicain Jim DeMint a annoncé jeudi qu’il quittait le Sénat pour diriger le groupe de réflexion conservateur Heritage Foundation à Washington. Le sénateur de Caroline du Sud est l’une des figures de proue du Tea Party au Congrès. Pour lui, toute hausse d’impôt est contraire à l’esprit de l’Amérique.

En restant au Sénat, Jim DeMint aurait dû avaler des couleuvres dans le cadre des négociations sur le «précipice budgétaire». Le Congrès pourrait accepter d’augmenter le taux d’imposition des 2% de foyers les plus riches gagnant plus de 250 000 dollars. Rien n’est pour l’heure décidé, mais le président américain le répète à chaque occasion. La hausse de la fiscalité des plus aisés est une condition sine qua non pour trouver un accord visant à réduire le déficit budgétaire (7% du PIB en 2012) et la dette (16 200 milliards) et à augmenter les recettes de l’État de plus de 1000 milliards sur dix ans. Longtemps réfractaires, les républicains n’excluent pas de briser un tabou pour autant qu’un effort important soit fourni du côté des dépenses sociales. Une concession que Ronald Reagan, critique d’un État trop présent, avait dû faire en 1983. Pour Jim DeMint, il y a pourtant pire cauchemar: si le précipice budgétaire (conjugaison de hausses fiscales et de coupes dans les dépenses pour un montant de 500 milliards dès le 1er janvier) devient réalité, les impôts de tous les Américains vont augmenter et le pays pourrait plonger dans la récession.

Le combat fiscal américain est multiforme. D’un côté, Barack Obama, qui a fait campagne sur le sujet et qui a été réélu avec une confortable avance, estime avoir un mandat pour agir et pour protéger la classe moyenne. L’État doit avoir les moyens de restaurer un système d’éducation en perte de vitesse et les infrastructures obsolètes du pays. La Maison-Blanche s’appuie sur des chiffres. Selon les économistes Emmanuel Saez et Thomas Piketty, 93% des hausses de revenus depuis 2009 ont bénéficié à 1% des contribuables. Le milliardaire Warren Buffett soutient le président démocrate, estimant qu’il est injuste de «payer moins d’impôt que sa secrétaire».

Dans son sillage, des centaines de millionnaires réunis au sein de l’association Patriotic Millionaires jugent normal d’augmenter la fiscalité des Américains dont les revenus dépassent le million de dollars. Dans une lettre adressée au président, ils déclarent: «Notre pays a été bon envers nous. Il nous a donné les conditions-cadres qui nous ont permis de réussir. Maintenant, nous voulons apporter notre contribution pour maintenir ces bonnes conditions-cadres de sorte que d’autres puissent réussir.» Quant aux grands patrons consultés par Barack Obama, plusieurs d’entre eux approuvent une hausse d’impôt pour autant que l’administration opère des coupes budgétaires. Ce qui leur importe, c’est que l’Amérique se débarrasse du climat d’incertitude qui pèse sur l’économie.


Retrouver le taux d’imposition de l’ère Bill Clinton

De l’autre côté, le Tea Party, Grover Norquist, le président de l’association «Les Américains pour une réforme fiscale», et d’autres milieux anti-étatistes avancent que faire payer davantage les riches, c’est une manière de sanctionner l’esprit d’entreprise et le succès qui est l’un des moteurs du rêve américain. C’est surtout risquer de porter un coup dur à la croissance économique, car ce sont les riches qui, par leurs entreprises ou leurs investissements, créent de l’emploi. Or, le Congressional Budget Office, un organisme non partisan, a fait ses calculs. Si seuls les riches ne bénéficient pas d’une extension des allégements fiscaux de l’ère Bush, l’économie ne perdrait que 0,1 point de croissance par rapport à une situation où tous les allégements seraient reconduits.

Rival de Barack Obama dans la course à la présidence, le républicain Mitt Romney est lui-même concerné par les débats de Washington. Ayant une fortune personnelle estimée à 250 millions, il a payé en 2011 14% d’impôts sur des revenus de 20 millions issus de ses investissements. Plusieurs grosses fortunes ont soutenu la candidature de Mitt Romney, dont le milliardaire Sheldon Adelson qui aurait pu, dit-on, épargner 2 milliards de dollars d’impôts, si le républicain avait été élu et que son plan budgétaire avait été mis en œuvre.

Concrètement, quatre millions des 114 millions de foyers que compte l’Amérique pourraient subir une hausse d’impôt. L’imposition maximale des hauts revenus pourrait passer de 35 à 39,6% et retrouverait le niveau des années de la présidence de Bill Clinton. Les gains en capitaux, actuellement imposés à 15%, pourraient l’être à 20%. Quant aux dividendes, l’administration propose de les taxer comme d’autres revenus. C’est à ce niveau que les riches pourraient être les plus touchés, car c’est de leurs investissements qu’ils retirent le principal de leur richesse.

Les riches pourraient aussi être touchés par la suppression d’une centaine de déductions fiscales dont le coût est estimé à 1100 milliards. L’effort fiscal serait une manière de combler une grave lacune: le code fiscal américain est dépassé et arbitraire. En raison d’une perception d’impôts inefficace, l’État n’engrange pas assez de recettes. /////////Stéphane Bussard



Ad Valorem


Rédigé par psa le 09/12/2012 à 21:42



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