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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




La confusion plane sur le Québec. Lino Zambitto –repenti des pratiques mafieuses aggravées d’actes de corruption des fonctionnaires, organisateurs politiques et autres élus, était de passage à l’émission Tout le Monde en Parle. Et tout s’emballe de nouveau à travers le Québec: Lino Zambito serait porté en vedette au lieu d’être considéré comme criminel. En réalité, l’Éthique prévaut largement sur le Droit; elle joue en faveur du repenti au détriment des politiciens encore muets.


Lino Zambito, Vedette Éthique
Le drame est que partout à travers les âges : une faute avouée est à moitié pardonnée. Le fautif Lino Zambito a avoué ses mauvais actes. Du coup il est vu avec un tout autre regard, alors que les politiciens, élus des populations québécoises médusées, jouent toujours aux Vierges offensées. Une stratégie qui ne passe plus dans l’opinion publique. D’autant plus qu’un fonctionnaire de la ville de Montréal, Gilles Surprenant, le ‘Monsieur TPS’ a avoué avoir empoché 600 000 $ comme produit de la corruption.

Et Lino Zambito d’enfoncer le clou : « 80% des politiciens ne savent pas ce qui se passent… Après 10 fois, (Gérald Tremblay, maire de Montréal) ne peux pas dire qu’il n’était pas au courant ». C’est effectivement là que le bas blesse. Non seulement il a fallu que toute la population torde les bras à l’ancien Premier ministre du Québec, Jean Charest, avant qu’il ne crée la Commission Charbonneau qui enquête sur cette corruption généralisée, mais depuis, aucun politicien n’a daigné reconnaitre quoi que ce soit jusqu’à maintenant.

Tout porte à croire que les élus politiques impliqués dans cette vaste et scandaleuse fraude mentent ouvertement à la population. Le repenti Lino Zambito, au contraire des politiciens, rencontre une forme d’indulgence de cette même population. C’est bien là la normalité des choses. De tout temps, l’Éthique est restée au-dessus des lois. L’évidence de l’existence de la corruption à la grandeur des administrations publiques donnant les grands marchés des travaux municipaux du Québec, est longtemps établie. Il reste seulement aux élus, les maires Gérald Tremblay de Montréal, Gilles Vaillancourt de Laval et autres de s’inscrire, courageusement, dans la mouvance réparatrice du fléau de la corruption.

En attendant, Lino Zambito occupe seul le terrain de l’acte du bien contextualité, le terrain de l’Éthique, celui du courage de dire ce que tout le monde savait au Québec : l’inacceptable corruption qui règne en mafia dans le cercle des politiques, dans les rouages de certains acteurs politiques, trop nombreux pour être dignes de la grande politique. Voila pourquoi et par exemple, dans l’opinion publique québécoise, le repenti Lino Zambito passerait bien avant le maire Gilles Vaillancourt totalement décrédibilisé.


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 22/10/2012 à 07:47
Tags : Lino Zambito Mafia Éthique Notez



Norodom Sihanouk, l’un des monuments de l’histoire de l’Asie du XXe siècle, s’est éteint lundi à l’âge de 89 ans. L’ancien roi dieu est resté vénéré dans son pays après en avoir maintenu l’unité malgré des décennies de guerre, lui qui rêvait d’être couronné à Cannes comme acteur de cinéma dans les films de sa… Monica. Prince des contradictions et des drames shakespeariens, par deux fois déjà il abdiqua : au profit de son père Norodom Suramarit d’abord puis de son fils Norodom Sihamoni ensuite. Désormais, c’est pour la vie qu’il tire sa révérence, le lendemain même du Sommet de la Francophonie, une institution qu’il contribua à fonder avec certains leaders africains. Norodom Sihanouk : une Histoire jamais achevée, une neutralité qui toujours penchait à gauche au point de mourir à Pékin.


Mort du Prince des Contradictions
Norodom Sihanouk, ancien roi du Cambodge, surnommé par son peuple Samdecheuv (monseigneur papa) laisse, à 89 ans, un pays dont il a traversé toute l’histoire contemporaine mouvementée et dramatique. Le prince s’est éteint au petit matin à Pékin. Il séjournait fréquemment dans la capitale chinoise, où il se faisait soigner.

Un destin hors du commun que celui de Norodom Sihanouk, seul monarque au monde à avoir abdiqué en faveur de son père afin de pouvoir se lancer sans entraves dans la politique. Le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine en avait superbement dressé le portrait à travers L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge. Cette épopée shakespearienne de huit heures, écrite par Hélène Cixous, révèle tous les antagonismes de ce prince à la voix haut perché, aussi chanteur et acteur d’un kitsch inégalé: impulsif, capricieux, romantique, dont l’orgueil aveugle entraînera la perte de son pays. Monarque volatil certes, mais aimant sincèrement son peuple et doté d’un sens politique aigu.

Il a 18 ans lorsqu’il est installé sur le trône en 1941 par le gouvernement de Vichy qui voit en ce coureur de jupons une marionnette manipulable à souhait. Mais le jeune play-boy ne tarde pas à se révéler un redoutable politicien. Alors que la guerre coloniale française déchire les entrailles du Vietnam, Sihanouk obtient en 1953 l’indépendance du Cambodge, sous protectorat, sans qu’une goutte de sang ne soit versée. Deux ans plus tard, débarrassé de son statut de roi, il fonde le Sangkum Reastr Niyum, mouvement d’inspiration socialiste.

Prince des contradictions, il régnera pendant quinze ans en endossant les habits ancestraux du roi dieu, adulé par son peuple (des paysans pour plus de 80%), mais de plus en plus critiqué par les intellectuels aussi bien de gauche que de droite. Liquidations et emprisonnements seront le lot de ces opposants politiques envers lesquels il ne se montre guère compatissant.

Fidèle à la tradition de ses aïeux, il rend lui-même justice au cours d’audiences populaires durant lesquelles les citoyens peuvent exposer leurs litiges d’ordre personnel ou avec l’administration. Chaque année, il préside dans un faste royal la cérémonie du Sillon Sacré où il conduit deux bœufs pour invoquer les divinités afin que les récoltes soient abondantes. Avec le temps, le séducteur, amateur de caviar et de champagne, marié à six reprises et père de 14 enfants, se stabilise auprès de Monique, un mannequin d’origine italo-vietnamienne. Il réalisera de multiples films et chansons à l’eau de rose, se mettant en scène avec Monique dans des paysages idylliques du Cambodge.

Les années 1960 seront aussi ¬celles des réalisations d’urbanisme grandioses, des constructions d’hôpitaux, d’écoles et des campagnes massives d’alphabétisation. Une politique qui témoigne d’une sincère volonté de développer le pays. Mais plus que tout, le prince veut faire du Cambodge la «Suisse de l’Asie». Doté d’un sens de l’humour et de l’ironie certains, il répond en 1964 dans une interview accordée au journaliste suisse Jean Dumur: «Certains observateurs disent que notre neutralité penche un peu à gauche», soutenant que le socialisme khmer (tel qu’il l’entend) n’est pas marxiste, mais national et inspiré de la doctrine du bouddha. Et d’ajouter qu’il n’y a «aucun motif de craindre la Chine… qui a promis fermement d’intervenir à nos côtés en cas d’invasion d’un pays voisin ou des USA».

Ami des Chinois, il l’est aussi des Français. Il a surtout une admiration sans mesure pour le général de Gaulle qu’il accueille avec faste en 1966 à Phnom Penh. ll sera l’un des pères fondateurs de la francophonie – avec Habib Bourguiba, Léopold Sédar Senghor, Diori Hamani – et du Mouvement des non-alignés – avec Nasser, Nehru, Tito, Sukarno.

Mais le «prince Sihanouk» va entamer un dangereux jeu d’équilibriste défendant bec et ongles une neutralité sur un territoire convoité aussi bien par les Américains que par les puissances communistes. Marquant son hostilité envers la Thaïlande et le Vietnam du Sud, il n’hésite pas à fustiger la politique de Washington lors d’interminables discours à la radio. Tandis qu’il autorise – avait-il vraiment le choix? – un passage dans son pays pour les troupes nord-vietnamiennes communistes vers le sud, la fameuse Piste Ho Chi Minh. S’ensuivent les bombardements des B52 sur le Cambodge, puis le coup d’État pro-américain de 1970. Humilié, il s’allie avec le diable – les Khmers rouges. Une complicité qui lui vaudra une étiquette de complice de ce régime qui a fait près de 2 millions de morts entre 1975 et 1979.

Le reporteur et écrivain suisse Bertil Galland, grand connaisseur de l’Asie, a rencontré à multiples reprises Sihanouk. «Il m’avait reçu en 1972 à Pékin, raconte-t-il. Il était entouré par les dignitaires khmers rouges. Au moment de mon départ, il m’a raccompagné à ma voiture et il m’a fait comprendre qu’il était coincé, car il ne lui était plus possible de rester neutre. Il acceptait donc d’être instrumentalisé par les Khmers rouges. Mais personne, à ce moment-là, ne pouvait imaginer qu’ils allaient pratiquer une telle politique.» Retenu en otage durant le régime de Pol Pot, Sihanouk allait perdre 25 membres de sa famille proche.

En 1991, après plusieurs années d’activisme international, il revient au pays en héros, fort d’avoir obtenu la signature des accords de paix de Paris. Et en 2004, Norodom Sihanouk abdique une nouvelle fois, en faveur de son fils Sihamoni, invoquant son âge et des raisons de santé. Il rêvait d’être couronné à Cannes comme acteur, mais c’est dans l’histoire qu’il rentrera par la grande porte. ////////// Carole Vann

Silence


Rédigé par psa le 17/10/2012 à 01:15



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