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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Corrompu, avez-vous dit? Jusqu’à la moelle osseuse! Pour s’en convaincre d’abord, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, se doit de prendre un repos. Lui, Gérald Tremblay prétendait ne rien savoir, et il persiste de manière éhontée. Ridicule! Reposez-vous, réfléchissez et dégagez monsieur le maire! Dans une société de droit, il y a primauté de l’éthique.


La partie manquante... Éthique
La partie manquante... Éthique


Tout ce qui était « travaux de voirie » à Montréal était l’objet d’une corruption entretenue par la mafia. Luc Leclerc, ingénieur à la retraite et appelé à la barre de la Commission Charbonneau –la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, déclare même que la corruption faisait bel et bien partie de la «culture d'entreprise» à la Ville de Montréal. Depuis que Luc Leclerc y était rentré en 1990, rien n’a changé jusqu’à son départ en 2010; au contraire en 2000, particulièrement, tout s’était intensifié.

À la différence du maire de Montréal, Luc Leclerc se souvient de tout, de pratiquement tout. Son premier Noël était édifiant : des camionnettes arrivaient «Deux-trois fois par jour, pendants plusieurs jours» remplies de cadeaux au nom des fonctionnaires de la ville. En tout temps, les cadeaux pleuvaient de tous les côtés. Voici d’ailleurs ce qui est rapporté par radio-canada:
Luc Leclerc raconte qu'à son arrivée à la Ville de Montréal, en 1990, il a été « estomaqué » de constater le copinage entre les entrepreneurs et les employés des travaux publics. Les entrepreneurs, a-t-il raconté, payaient la participation au tournoi de golf qui était pourtant organisé par les travaux publics. À la fin du tournoi, les entrepreneurs donnaient des cadeaux à tout le monde.
Luc Leclerc a raconté qu'à la défunte Communauté urbaine de Montréal (CUM), où il travaillait avant, son patron s'était offusqué lorsqu'un entrepreneur avait voulu agir de façon similaire.
« À la Ville, c'était complètement différent. Je me suis adapté », a commenté le témoin « Quand on va à Rome, on fait comme les Romains », dit Leclerc.
« C'est bien plus facile d'accepter la bouteille de vin que de la refuser », a-t-il ajouté, en précisant qu'il aurait été « isolé » s'il avait refusé de faire comme les autres.
« Moi je voulais me fondre dans le groupe, alors j'ai fait comme les autres. Et ce n'était pas désagréable », a-t-il déclaré avec la candeur qu'il affiche depuis le début de son témoignage.
Luc Leclerc affirme que l'existence d'un système de collusion faisait l'objet de rumeurs persistantes depuis les années 2000. Selon lui, les entrepreneurs et les fonctionnaires parlaient ouvertement de ça, notamment lors de tournois de golf.
Il a aussi dit qu'il avait entendu parler que le clan mafieux Rizzuto recevait une part de 2 % à 2,5 % de certains contrats et qu'une autre tranche de 3 % était versée à des politiques, mais sans pouvoir en dire davantage.


Le maire de Montréal, diplômé de l’université Harvard et ancien adepte de la théorie des grappes de Michael Porter ne pouvait pas savoir : tout convergeait vers lui et vers son cabinet où officiait son homme de confiance, le comptable Frank Zampino. Et les grappes de la corruption étaient formées autour des entreprises dont les dirigeants trônaient autour des fonctionnaires de la ville et des conseiller du parti politique du maire Tremblay; ce sont les entreprises bien-nommées suivantes : Que-Mar Construction, Les Excavations Super, Les Pavages Hampstead, Construction Mivela, Pavages CSF, Pavages ATG, Salvex, Simard-Beaudry Construction, etc.

Désormais, la messe et dite pour le retrait de Gérald Tremblay de la gestion de la ville de Montréal. Dans une société de droit, il y a effectivement primauté de l’éthique, il y a prépondérance de l’éthique sur le droit. Le Montréal Mafia a assez duré et, plus personne ne veut jouer dans ce film. À d’autres!


Mot à Maux


Rédigé par psa le 01/11/2012 à 13:46



Voici qu’un président secoue tout le continent sud-américain : José Mujica, dit Pépé, de l’Uruguay, un ancien guérillero Tupamaros qui a passé quinze ans de sa vie derrière les barreaux de la dictature et qui maintenant fait preuve d’une probité inédite à la tête de son pays. En dépénalisant l’avortement et en projetant l’étatisation du commerce de la marijuana, l’Uruguay bouscule des certitudes que l’on pensait immuables sur tout le continent. Jeudi dernier, Pépé déclarait à La Plata en Argentine, devant de jeunes universitaires pratiquement en adoration et en délire devant lui: "Les grands libérateurs de l'Amérique latine n'ont pas de patrie, ils sont la patrie» de tous et de chacun. On connait Mandela et, Lula; il est temps de découvrir Pépé.


Le Mandela de l’Amérique du Sud
«Grâce à cette loi, de nombreuses vies de femmes seront épargnées», a déclaré le président de l’Uruguay suite à l’approbation mercredi dernier par le parlement d’un texte ¬faisant de son pays le premier d’Amérique du Sud à dépénaliser l’avortement. Le parlement avait déjà approuvé une loi similaire il y a quatre ans, mais Tabaré Vazquez, le médecin président de l’époque, y avait opposé son veto. José Mujica, président depuis mars 2010, a quant à lui toujours dit ne jamais vouloir faire usage de son droit de veto envers une loi approuvée par l’assemblée. Une attitude loyale vis-à-vis du Frente Amplio, le parti qui l’a porté au pouvoir, et qui caractérise toute la vie politique de celui que certains n’hésitent pas à surnommer le Mandela de l’Amérique du Sud.

Né il y a 77 ans dans les environs de Montevideo, la capitale, José Mujica en a tout juste 6 lorsque son père, petit propriétaire terrien, meurt ruiné. Pepe, diminutif de José en espagnol, achèvera sa scolarité obligatoire dans les écoles de son quartier, mais ne terminera pas le collège préparatoire à la faculté de droit. Il s’initie alors à la politique grâce à un oncle admirateur d’un Peron qui fait rêver les plus pauvres sur l’autre rive du Rio de la Plata, en Argentine. Pepe a 21 ans lorsqu’il est nommé secrétaire des jeunesses du parti national, éternel rival du parti Colorado au pouvoir. Dans les années 60, il se radicalise et intègre le mouvement de libération des Tupamaros, promoteur de la guérilla urbaine. Atteint six fois par les balles de la police, José Mujica passera 15 ans en prison.

Libéré en 1985 au retour de la démocratie, José Mujica reprend sa vie de militant et sera élu député en 1994. Nommé en 2005 ministre de l’Agriculture sous la présidence de Tabaré Vazquez, premier président de gauche post-dictature, José Mujica lui succédera quatre ans plus tard. Arrivé au pouvoir, il lance rapidement un plan de construction d’habitations pour les plus démunis, un plan original puisqu’il demande aux futurs habitants de s’impliquer dans la conception de leur logement. Le financement est assuré par son salaire de président et par la vente des biens de l’État tombés en désuétude, comme l’ambassade de Buenos Aires.


Fleuriste, végétarien et Chef d’État le plus pauvre au monde

Pepe fait la fierté des Uruguayens et l’admiration des Argentins voisins. En effet, le président fait preuve d’une probité inédite en Amérique du Sud. José Mujica loge toujours dans sa modeste ferme familiale, dans la banlieue de Montevideo, où, avec sa femme, il cultive les fleurs qui font tourner la petite affaire familiale. Non content d’être végétarien dans un pays où la consommation de viande est élevée en dogme, le fleuriste a toujours déclaré qu’il ne croyait pas en Dieu. Deux convictions qui le situent plus proche d’un Martien que d’un compatriote aux yeux des Uruguayens qui, néanmoins, se retrouvent en harmonie avec leur président. Il est désormais entendu que la démocratie « A La Uruguaya » n’aime pas les dirigeants autoritaires et portés vers la confrontation politique : Pepe est bien de ce genre humain. En plus de donner 90% de son salaire de président pour des actions publiques dont l’éducation, il dit être en mesure de vivre avec encore peu de moyen, s’il n’est pas président du pays. Encore que Pepe n’a aucun compte bancaire en son nom, n’a remplacé son scooter Vespa par une coccinelle Volkswagen que peu de temps avant sa prise de fonction en 2010, et reconnait que les gens puissent dire qu’il soit le chef d’État le plus pauvre du monde… Pepe est exigeant de lui-même avant d’etre adulé de toute l’Amerique latine.

Il faut écouter Pepe lui-même décrire sa vie modeste conforme aux attentes de nombreux Uruguayens, jeudi dernier, le 18 octobre 2012, lorsqu’il recevait un Doctorat honorifique de l’Université nationale de La Plata (UNLP), en Argentine : «J'ai découvert les clés de cette vie dans les cellules de la prison, quand je ne pouvais même pas lire. Si je n'avais pas passé ces années là, je ne serais pas qui je suis, car on apprend plus de la douleur que du bonheur. » Se défendant de prôner la pauvreté, Pepe ajoutait : «C'est pourquoi, la nuit où j'ai eu un matelas, je me sentais heureux. Comment est-il possible, par conséquent, que nous passons nos vies empoisonnées avec désespoir pour acheter une nouvelle voiture tous les deux ans? Si je le pouvais, je vivrais beaucoup plus simplement. » Les applaudissements des étudiants et de ‘assistance ont été particulièrement sentis au prononcé des phrases suivantes : "Les pauvres sont ceux qui exigent beaucoup", "Je ne prône pas la pauvreté, je défends la sobriété", "On apprend plus de la douleur que du bonheur ", "La vraie liberté est dans la tête", "Vivre sa vie, est court, éphémère, beau, ne la laissez pas s’envoler", "Les grands libérateurs de l'Amérique latine n'ont pas de patrie, ils sont la patrie".

Il demeure que la dépénalisation de l’avortement a provoqué un électrochoc en Uruguay. Les débats ont été vifs, à l’image de ce qu’ont pu connaître bon nombre de pays occidentaux. La victoire ne semble pas encore tout à fait acquise, les opposants soutenus par une Église hors d’elle ont déjà brandi la menace du référendum. Ce qui n’empêche pas les artisans de la loi de dormir, les derniers sondages indiquant que les Uruguayens étaient pour à 52% et contre à 34%.

Autre dépénalisation en vue, celle de la marijuana. Le président uruguayen veut nationaliser son commerce pour mieux contrôler la délinquance et mieux s’occuper des toxicomanes. «Le problème ce n’est pas la marijuana, mais le narcotrafic», a-t-il récemment déclaré pour justifier son initiative.

Atypique, José Mujica n’a cependant pas que des admirateurs: nombre de ses compatriotes estiment que la délinquance, problème numéro un des Uruguayens, n’a pas diminué, et que le nombre de ses actions est inversement proportionnel à celui de ses promesses. Mujica n’en a cure, il veut faire de son pays un pays développé, tout au moins dans les mentalités. Souvent comparé à la Suisse pour son secret bancaire, l’Uruguay pourrait bientôt l’être aux Pays-Bas pour sa politique sociale. /////////Pierre Bratschi

Horizon


Rédigé par psa le 23/10/2012 à 08:42



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