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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Les 12 000 mineurs licenciés vendredi par Angloplat ne décolèrent pas. Ils sont prêts à commettre de nouvelles violences pour obtenir gain de cause. Le rand a chuté à son niveau le plus bas depuis trois ans. Le 18 septembre dernier, les mineurs de Marikana ont finalement obtenu de fortes hausses de salaire (22% pour les foreurs, alors que le taux d’inflation annuel était de 5% en août). Leur «victoire» a fait des émules: aujourd’hui, 75 000 employés de 12 compagnies minières se croisent les bras, ainsi que 20 000 transporteurs routiers. La production d’or est en baisse de 40%, celle de platine de 12%. Même les ports pourraient débrayer.


Le monde suicidaire de la mine en Afrique du Sud

«Si des gens sont engagés pour nous remplacer, ce sera la guerre!» Comme 12 000 collègues employés par Angloplat (la filiale platine du groupe sud-africain Anglo American), Gaddhafi Mdoda a été averti de son licenciement par SMS. Il est l’un des leaders du «comité de mineurs» qui a déclenché la grève illégale, le 12 septembre, dans quatre puits miniers d’Angloplat à Rustenburg (160 km à l’ouest de Johannesburg).

Les foreurs demandent que leur salaire passe de 11 000 à 16 700 rands par mois (1153 à 1750 francs). «Nous risquons notre vie pour enrichir les capitalistes!» proteste Gaddhafi, un diplômé en commerce qui travaille depuis trois ans dans «le monde suicidaire de la mine», faute d’avoir pu décrocher un meilleur emploi. Avec ses lunettes de soleil stylées, ce jeune mineur n’a pas le profil de ses collègues au visage buriné qui jouent aux cartes dans le dortoir de la mine.

«Le président Zuma doit venir ici! s’exclame Lizo Ngqunqushe en xhosa, la langue parlée dans la province du Cap-Est, d’où proviennent ces hommes rugueux, analphabètes pour la plupart. Il dépense 200 millions de rands pour agrandir sa maison mais il s’en fiche, de nous! Il faut qu’il y ait un massacre comme à Marikana (ndlr: la mine voisine de Lonmin, où la police a tué 36 grévistes en août) pour qu’il se déplace

Le 18 septembre, les mineurs de Marikana ont finalement obtenu de fortes hausses de salaire (22% pour les foreurs, alors que le taux d’inflation annuel était de 5% en août). Leur «victoire» a fait des émules: aujourd’hui, 75 000 employés de 12 compagnies minières se croisent les bras, ainsi que 20 000 transporteurs routiers. La production d’or est en baisse de 40%, celle de platine de 12%. Même les ports pourraient débrayer. Vendredi, le rand a chuté à son niveau le plus bas depuis trois ans. C’est toute l’économie sud-africaine qui est menacée: les prévisions de croissance (3,2% en 2012) devront être fortement revues à la baisse.

Après avoir perdu 700 millions de rands en trois semaines, Angloplat, le numéro 1 du platine (40% de la production mondiale, 22 000 employés) a opté pour l’épreuve de force. «Le directeur des opérations à Rustenburg nous a dit que les grévistes ne sont plus ses employés, déplore Mogapi Ntshole, un élu local de l’ANC, qui a participé à une vaine réunion de conciliation, vendredi. Le siège d’Anglo American à Londres affirme aux investisseurs étrangers qu’il n’y a pas de crise. Mais ici, on est très inquiet. Depuis Marikana, les mineurs pensent que, pour avoir une augmentation, il faut un bain de sang. Ils sont prêts à sacrifier leur vie

La police, déployée en force dans la région, disperse tout rassemblement. «Jeudi dernier, la police nous a pourchassés jusqu’à une colline, affirme Gaddhafi. L’un des nôtres a été tué par balles. Lundi, avec 4 collègues, on a essayé sans succès de déposer une plainte au commissariat. Mais la police nous a sommés de nous disperser.» La semaine dernière, 4 autres mineurs ont été tués. La violence est de part et d’autre. Sur les routes qui mènent aux puits, les carcasses calcinées de plusieurs voitures témoignent des attaques lancées contre ceux qui osent braver l’ordre de grève. «Angloplat doit arrêter toute production, y compris dans ses usines, avertit le jeune leader des grévistes. Sinon, on imposera leur fermeture par la force

Les renvois massifs de mineurs, en cas de grève illégale, sont fréquents dans les mines: la plupart sont réengagés à la fin du conflit. Des négociations salariales devraient démarrer cette semaine pour tout le secteur du platine, dont la situation est loin d’être brillante. Avant la crise, le prix du métal précieux avait chuté à son niveau le plus bas, en raison de la baisse de la production de pots catalytiques en Europe. Depuis, il a rebondi de 22% en deux mois: les grèves pourraient même «conduire à un déficit de platine», selon l’analyste Edward Sterck, de BMO Capital Markets.

«Les producteurs, le gouvernement et les communautés environnantes doivent travailler ensemble pour faire en sorte que tout le monde bénéfice équitablement du prochain boom minier», plaide Chris Griffith, le directeur général d’Amplat, qui refuse de négocier directement avec les grévistes. Mogapi -Ntshole espère que la crise servira de leçon: «Ma circonscription produit une grande part du PNB sud-africain, mais c’est l’une des plus pauvres du pays! Les gens vivent dans un bidonville et il n’y a aucun équipement collectif. Il est temps que cela change.»/////////// Valérie Hirsch

Horizon


Rédigé par psa le 09/10/2012 à 03:33



Une petite galerie d’art contemporain à Bâle s’est brusquement retrouvée dans l’impossibilité d’effectuer ses paiements. La banque a pris cette décision extrême en réaction au refus de la propriétaire de fournir des indications exhaustives sur sa clientèle. Crédit Suisse, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, ne semble pas avoir fait preuve, à entendre l’intéressée, de beaucoup de psychologie.


L’Art de Noircir le Blanchiment: se Tromper de Cible
Une petite galerie d’art contemporain à Bâle s’est brusquement retrouvée dans l’impossibilité d’effectuer ses paiements. La banque a pris cette décision extrême en réaction au refus de la propriétaire de fournir des indications exhaustives sur sa clientèle. Le compte de la galerie servant à recevoir l’argent des acheteurs avant qu’il ne soit rétrocédé aux artistes, la banque s’estimait tenue de connaître l’identité des premiers pour satisfaire à ses obligations de diligence et aux prescriptions de la loi anti-blanchiment.

Crédit Suisse, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, ne semble pas avoir fait preuve, à entendre l’intéressée, de beaucoup de psychologie. Devant les réticences de la galerie à révéler les noms de ses clients – une réaction d’autant plus compréhensible dans un milieu qui cultive la discrétion –, la banque s’est raidie et a refusé d’exécuter les paiements qui lui étaient demandés. Elle affirme avoir eu le devoir de le faire.

Au-delà d’une péripétie plus que désagréable pour celle qui en a été la victime, et dont on doit se demander si elle n’aurait pas pu être évitée par davantage d’entregent et de pédagogie, l’histoire est révélatrice. La réglementation bancaire est devenue très contraignante. Dans le souci légitime de lutter contre le blanchiment d’argent, de nombreuses prescriptions imposent aux banques de prendre une foule de précautions.

Dans de nombreuses publications spécialisées, le marché de l’art est cité comme une zone à risque pour le blanchiment d’argent. On ne peut donc pas, a priori, condamner les mesures de prudence prises par une banque dans ce secteur.

Encore faut-il s’interroger sur la manière. Le risque est réel de voir les établissements appliquer trop mécaniquement des règles qui sont difficiles à comprendre et à admettre pour des clients qui n’ont rien à se reprocher et qui s’attendent, au contraire, à recevoir de leur banquier un service ponctuel, rapide et sans tracasserie.

Il serait facile, certes, d’opposer le petit au gros client, de mettre en regard l’intransigeance à laquelle s’est heurtée cette galeriste et l’attitude hautement problématique de plusieurs banques n’ayant pas hésité à prêter leur concours à des contribuables américains pour tromper le fisc. Retenons au moins une leçon: la mise en œuvre aveugle du dispositif légal, sans qu’elle soit toujours proportionnée au but poursuivi par ces règles et à leur raison d’être, est le moyen le plus sûr d’en réduire l’efficacité, de manquer la cible. ////////Denis Masmejan

Mot à Maux


Rédigé par psa le 05/10/2012 à 22:50
Tags : Suisse Éthique Notez



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