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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Comme la Tunisie s’était annoncée en décembre 2010 avant de marquer l’année 2011, la Russie frappe déjà à la porte de 2012. Une Russie sans Poutine, c’est Poutine Dégage que clament les manifestants dont le vieux Mikhaïl Gorbatchev. Il y a des révolutions qui ont besoin d’être complétées; elles sont partout où l’éthique reprend ses droits, ici et là où les politiques ne peuvent penser tromper leur peuple éternellement. Non, l’éthique n’attend pas !


2012... la Russie, les Autres et l’Éthique
À la grande liste des rendez-vous qui nous sont déjà donnés -Sénégal, France, États-Unis et autres, vient s’ajouter la Russie de la « Russie Unie » de Vladimir Vladimirovitch Poutine. Une Russie assidûment trompeuse de ses propres citoyens au point de penser que les gens ne voient pas la supercherie et l’indécence du retour aux affaires de Poutine, après son temps de bluff comme Premier ministre de son ami et postiche Medvedev.

L’homme de la Pérestroïka, Gorbatchev n’a pas hésité depuis le début de la contestation à joindre sa voix à celle de la population russe, nombreuse à demander que les voix des citoyens soient mieux entendues, depuis les élections frauduleuses du début de ce mois de décembre. Quelques jours seulement après ces élections frelatées, des manifestations étaient orchestrées par un bloggeur, avocat et tribun implacable, Alexeï Navalni, pour canaliser la contestation, particulièrement à Moscou. C’est bien depuis lors que Gorbatchev comme d’autre dont l’écrivain Boris Akounine et même l’ancien ministre des finances de Poutine lui-même Alexeï Koudrine ont donné leur soutien aux contestataires. La répression qui s’est abattue sur les manifestants ne semble pas avoir découragé le rêve de ces citoyens russes voulant à tout prix et au prix fort le départ de l’imposteur Poutine.

C’est encore Gorbatchev, Prix Nobel de la Paix, qui résume mieux la situation dans sa sortie sur les ondes d’une radio privée de Moscou : «Je conseillerais à Vladimir Vladimirovitch de partir maintenant. Il a déjà fait trois mandats: deux en tant que président, un en tant que Premier ministre - trois mandats, ça suffit !» Dans les rues de Moscou, on entendait bien ce samedi : « trois mandats c’est trop ! », «des législatives anticipées», «libération des prisonniers politiques», etc. Comme l’on pouvait s’y attendre, l’exaspération contre Poutine est plutôt vaste et largement partagée.

C’est en cela que le règne de l’Éthique ne fait que commencer. Mieux vaut bien faire les choses avec respect et honnêteté que de se la faire dire par les autres, par la rue pratiquement. La perspective noble du bien commun n’a jamais quitté l’espace public, contrairement à ce que pensent les dirigeants : on ne peut tromper impunément les peuples. À Québec, Jean Charest a passé une année à nier la corruption dans le domaine de la construction avant de se résoudre à y faire face sous la pression populaire ; encore là, il a utilisé tout les astuces pour échapper à une véritable commission qui s’occuperait de la chose adéquatement. Vainement, puisque le bon vieux peuple a fini par lui faire rendre gorge.

À Paris, notre ami Sarkozy a cru bon ficeler des lois de dernières minutes pour rendre punissable de lourdes peines la contestation du génocide arménien ; quelques voix des Arméniens de France dans les futures élections présidentielles pourraient faire du bien… Mais la contestation et la validité même de la supercherie –visible de loin car cousue de gros fils blancs dans un décor assez sombre de résultats sarkozystes faibles et trompeurs, se trouvent à semer la zizanie dans les rangs de son propre camp, en plus de donner l’impression aux spécialistes que le projet passerait difficilement les tests de la constitutionalité. Devant un Barack Obama affaibli, à Washington DC, nos autres amis les Républicains par leur volonté de blocage à tous les coups, finissent par lasser la population, déjà, et redonner progressivement de l’oxygène au président américain restés proche des mesures favorables à la classe moyenne étatsunienne. Le vieux Abdoulaye Wade, Gorgui, se fait adouber comme candidat à sa propre succession –pour un troisième mandat svp, alors qu’il lui est désormais impossible de soutenir un discours cohérent pour un temps relativement long… Retraite, Wade connait pas ! Il aurait un plan pour le Sénégal, un plan pour son fils, Karim Wade, diront ses adversaires… l’éthique peut attendre.

Justement, l’éthique n’attend pas ! La moquerie politique ne peut avoir raison de la dignité des peuples. C’est bien pour cela que de Londres à Lomé, d’Ottawa à Ouagadougou, de Madrid à Moscou l’heure est effectivement au bien ; au bien dire, au bien faire, au bien communiquer, au bien public inaliénable : la dignité et la liberté qui jamais n’ont fatigué les peuples au grand désespoir de Francis Fukuyama, celui-là même qui nous avait promis « i[la fin de l’histoire
»… Non, ce n’est qu’un début ! C’est pour tout cela que 2012 ne semble pas bien s’annoncer pour notre ami Vladimir Vladimirovitch Poutine. Celui-là même qui pensait avoir une combinaison gagnante pour revenir au pouvoir… impunément en contournant les règles éthiques qui demeurent au-dessus des lois.





Horizon


Rédigé par psa le 24/12/2011 à 16:32



Le seul pouvoir connu de la fragilité demeure toujours l’écoute. L’écoute de soi, l’écoute des autres, l’écoute de son environnement… l’écoute. C’est aussi cela Noël… Bon à écouter!


Daniel Robinson, Fragilité
Daniel Robinson, Fragilité


Une nouvelle version de la banalité du mal est à l’œuvre dans nos sociétés, dit la philosophe et psychanalyste française Julia Kristeva, qui la décèle dans «l’automatisation en cours de l’espèce humaine». De nos jours, elle se loge par exemple dans certains automatismes que génère la soumission à des contraintes auxquelles l’homme ne peut plus échapper, comme la performance au travail, l’urgence ou la compétitivité. On la voit à l’œuvre dans l’injonction «réussis ou crève» qui semble flotter dans l’air du temps. Elle est aussi perceptible dans la difficulté à tenir compte des ressources limitées de la planète.

Elle a pour corollaire une culture de l’éphémère, une perte de la mémoire longue, une hyperactivité effrénée qui nous rend incapables de réfléchir, et une communication souvent vide de contenu. Nous vivons à l’époque de la performance insignifiante, dit le philosophe italien Fabio Merlini dans un livre récent -L’époque de la performance insignifiante, Éditions du Cerf. La machine tourne à vide. La désorientation est totale. Cette situation engendre des souffrances et des protestations que l’on aurait tort d’ignorer.

Il est peut-être utile de tourner nos regards vers cet enfant né dans une étable au sein d’une famille pauvre. Sa vie et sa mort sur une croix ont été à l’origine d’une nouvelle civilisation qui a engendré, sans toujours parvenir à les respecter, des valeurs altruistes précieuses et pacifiantes. Noël est le symbole du pouvoir de la fragilité. En effet, plus qu’une faiblesse, elle est une force. Car ce n’est qu’en se reconnaissant vulnérable que l’être humain peut créer les conditions de sa survie, et travailler à un monde plus équitable, moins violent et plus respectueux des ressources disponibles.

La fragilité sauvera-t-elle le monde, pour paraphraser Dostoïevski? Ce n’est pas certain, tant il est évident que l’homme a de la peine à tirer des leçons de ses erreurs, comme le montrent les catastrophes nucléaires. À vrai dire, nous n’avons plus d’autre choix que d’écouter notre vulnérabilité.///////////// Patricia Briel


Ad Valorem


Rédigé par psa le 24/12/2011 à 00:55



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