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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Au Togo, Faure Gnassingbé parle tout seul de l’autre côté du mur. Faure Gnassingbé parle tout seul, même s’il a de la compagnie; il aime s’écouter parler; il n’a jamais parlé au Peuple togolais, il n’a jamais su se dire la vérité et encore moins l’admettre trois mandats de règne plus tard. D’ailleurs, un mur sépare toujours deux groupes de citoyens du Togo de la réconciliation : c’est le mur de l’autoritarisme, tout le long cintré de mystifications diverses. Un tel mur est à abattre avec courage et humilité avant d’accéder au Grand Pardon togolais. C’est une incontournable question d’éthique politique et de modernité républicaine. Au Togo, l’ordre est clair : c’est Démocratie avant, Réconciliation ensuite et Développement après. Toute autre embrouille fait encore dilatoire.


Dieudonné Amigoé
Dieudonné Amigoé
D’un côté le Peuple togolais avide de dignité, de l’autre côté une nomenklatura en désarrois autour de Faure Gnassingbé, essayant le tout pour le tout, pour recouvrer une légitimité inaccessible. Le problème togolais est clair et unique : Faure Gnassingbé occupe une place, président de la République togolaise, chef de l’État, qui n’est pas la sienne. Une place usurpée après des hécatombes et, surtout, après l’effroyable règne de son père Gnassingbé Eyadema. Toutes choses que les Togolaises et les Togolais ont peine à oublier.

Au Togo, plus aucune complaisance n’est permise. L’énigme du Togo n’est même pas une question de personnes ou du Nord Togo contre son Sud; c’est une question universelle de dignité humaine que tous les peuples ont courageusement résolue, à travers les époques aussi proches que lointaines : des Américains sous domination des Britanniques, des Britanniques sous domination des Français, des Français sous domination des Germaniques sous domination des Grecs, des Grecs sous domination des Romains, des Romains sous influence des Égyptiens, et des Égyptiens sous le règne de la tyrannie. Les peuples ont toujours triomphé de l’imposture.

Au Togo, véritablement, un mur est à abattre avec courage et humilité avant d’accéder au fameux Grand Pardon. C’est une incontournable question d’éthique politique. Une somme de forfaits, à nul autre pareil dans l’histoire moderne des Peuples, inoubliables, mais surmontables par autre chose que l’insolite folklore de la purification orchestrée par les Adowuinon de tout acabit, prêtres, pasteurs et autre officiel à la réputation conjecturale.

Le Mur Mitoyen Togolais
Pierre S. Adjété
Québec, Canada



La Démocratie, seule Purification du Togo

La question est toute simple : que peut donc faire Faure Gnassingbé pour mériter le Togo? Quoi faire après des efforts toujours à néant réduit, bien souvent par lui-même et son propre invouloir déguisé en Accord politique global (APG), en Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), en Accord de Paix des Braves conclu avec Gilchrist Olympio en tant que fils du seul président togolais démocratiquement élu que reste Sylvanus Olympio, fauché au lendemain de l’indépendance togolaise, et laissant tout un peuple en un traumatisme profond.

Un invouloir politique également camouflé en Haut-Commissariat à la Reconconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), en émiettement ethnico administratif du territoire national sous le prétexte de la communalisation, en répressions constantes et assidues envers et contre tous, et le comble, en cruauté public envers les animaux sous la forme de rituels sacrificiels encore plus malséants auxquels Faure Gnassingbé n’a pas cru bon d’assister lui-même, à moins qu’une cérémonie privée lui fût organisée.

À question simple, une réponse qui a traversé toutes les époques et dont tous les peuples se sont emparés pour s’émanciper de leurs passés douloureux, de l’Afrique du Sud ségrégationniste aux révolutionnaires et dictatoriaux Bénin, Burkina Faso et Ghana, tous voisins. Aujourd’hui, pendant que le Togo tourne ridiculement en rond autour de la mémoire de ses enfants et des carcasses des animaux immolés, la démocratie et la réconciliation permettent aux pays voisins d’affronter les vrais défis du développement : chômage des jeunes, armées républicaines, construction d’hôpitaux, universités réputées, lancement de satellites, etc.

Faure Gnassingbé a connu le pouvoir, ses pépites et ses illusions. Il ne peut plus continuer à acheter ni engager autrui, encore se cacher derrière qui que ce soit, pour refuser d’assumer le Togo devant l’histoire dont il est partie prenante, et est même devenu la pièce maîtresse d’un système inadapté à son époque. La démocratie sauve : seule la démocratie sauvera et permettra d’arriver à la réconciliation des Togolaises et des Togolais. Faure Gnassingbé doit s’y résoudre.

L’illusoire purification nationale finie, c’est un dur retour à la réalité. Le Togo est tout aussi divisé qu’auparavant, séparé par un mur; ses citoyens de l’intérieur et de l’extérieur sont beaucoup plus conscients des subterfuges répétés d’un pouvoir présidentiel capable de naviguer du tragique à la comédie publique, mais toujours à contre-courant de l’histoire.

Au Togo, l’unique réalité qui compte dans la confection et l’existence d’une nation moderne demeure l’audace; le courage d’abattre le mur honteux de l’autoritarisme qui sépare les Togolaises et les Togolais en vue de la conversion du pays à la Démocratie salvatrice et réconciliatrice. Une conversion qui appelle Faure Gnassingbé au renoncement à lui-même et à son fameux « compteur à zéro », au profit de l’alternance républicaine. La démocratie c’est la seule purification qui sied au Togo et à ses citoyens, Faure Gnassingbé y compris. Par la démocratie, le Togo arrivera immanquablement, et plus rapidement, à la réconciliation pour enfin s’investir dans son développement. Et le plus tôt sera le mieux.

togo_mur_mitoyen.pdf Togo Mur Mitoyen.pdf  (313.45 Ko)

Mot à Maux


Rédigé par psa le 11/08/2017 à 07:00



Le Togo ne peut pas toujours être géré à coût démocratique aussi déficitaire dans toute l’Afrique de l’Ouest. Investir dans la répression constante, arracher la jeunesse étudiante à la revendication de meilleures conditions d’études, servir de la répression comme la seule rente politique, familiale et non républicaine; tout cela place le Togo en mode réprobation. En l’état actuel, le Togo n’est pas viable… Immanquablement, Faure Gnassingbé doit changer de stratégie, changer d’approche et même de fréquentations; se poser en modèle lui-même, en courageux.


Suivre le salutaire chemin ici indiqué...
Suivre le salutaire chemin ici indiqué...

Trois mandats présidentiels par effraction au Togo : le sort est jeté, le mauvais tour est joué et poursuivi. Comme si Trop n’est pas Assez, il faudra de plus deux autres mandats immérités de sept ans chacun à Faure Gnassingbé. C’est devenu la mode dans les démocratures : tout effacer et recommencer à zéro, avec promesse d’une alternance, fortuite et hypothétique jusqu’à nouveau désordre, jusqu’à nouvelle trouvaille. Sur de tels retournements et instigations, des obligés du pouvoir togolais travaillent, bien dressés en intellectuels de résidence sous la férule d’un site Internet, de quelques indétrônables conseilleurs et d’un inique référendum dans un pays où la voix du peuple reste sans respect.

La mission est claire, contre-productive et antirépublicaine : « Vous ne voulez pas de Faure Gnassingbé au Togo? Eh bien, c’est du fort Gnassingbé, aucunement dilué dans la modernité républicaine, que vous allez avoir. Et c’est tant pis! » Voilà la réalité lamentable du Togo que certaines personnes ont choisi de servir sous influence; leurs discours, projets, ambitions et analyses étant toujours différents sous cape en privé, devant la contre-vérité qui se poursuit à hue et à dia.

Aucune paix sociale ne sera atteinte par la méthode répressive continuelle, ouverte et sournoise, comme si de rien n’était. L’usage infini de l’intrigue et de la force au Parlement, à l’université, sur les personnes et sur les biens, pas plus que le refus de la République et du choix des citoyens, ne possède aucun avenir au Togo. L’irrespect de la dignité humaine, tel qu’il n’en existe plus à travers le monde, reste tout simplement inacceptable au Togo d’aujourd’hui. C’est une erreur des gouvernants togolais de n’être abonnés qu’à la répression de leurs concitoyens, de ne rien tolérer de la contestation externe et de la dissidence interne. Rien de ce Togo d’oppression et de servilité n’échappe à personne.

De toutes les façons, le régime togolais n’est pas viable; il ne possède aucun avenir. Sa chute est une question de temps; tous les bruits qui s’entendent de partout, et même le lourd silence de certains citoyens occupés à mourir ou à manger, en sont les signaux précurseurs. Tant il est vrai que le régime togolais n’aurait pas survécu, jusqu’à maintenant, sans le traumatisme de la répression assidûment servie aux citoyens avec la complicité indéfendable des uns et des autres.


Face à l’Histoire, de nouveau le Togo
Non! La dictature ne vaincra pas la démocratie


Trop longtemps, la violence choquante a toujours su gagner, à la Pyrrhus, au Togo; la brutalité gratuite autant que le dénuement, l’intimidation et la peur ont fini par avoir raison de certains des plus intrépides citoyens. Mais la liberté n’a jamais fatigué les peuples; au contraire, la liberté a toujours triomphé de l’oppression. C’est dans ce sillon tracé par l’histoire que se situe le peuple togolais. Faure Gnassingbé ne peut donc, aucunement, triompher de son peuple. Impossibilité mathématique!

Courageusement, il va falloir un jour prochain convertir le Togo à la Démocratie, à la Réconciliation et au Développement. Aucune autre issue n’existe de durable pour le Togo. Courageusement, il va falloir aux tenants de la ligne dure, répressive des étudiants et des adversaires politiques, insensibles à la misère criarde débordante, de se rendre à l’évidence que leur propre intérêt réside dans l’audace de la démocratie au Togo.

Faure Gnassingbé doit s’affranchir du lourd héritage de son père, en réécrivant les pages d’histoire de sa famille inscrite dans la grande histoire du Togo. Comme Faure Gnassingbé entendait souvent son père Gnassingbé Eyadema le demander à ses enfants, il leur appartient d’écrire l’histoire de la famille Gnassingbé. Un fils, une fille, possède le devoir imprescriptible de réparer et de rehausser l’histoire et la mémoire de son père, de sa mère, de sa famille. Faure Gnassingbé n’a donc de choix que de s’instruire de la pratique démocratique universelle, riche en réussites.

Et des modèles passés comme présents ne manquent pas. Faure Gnassingbé doit se choisir un mentor vrai modèle. Tiens… Tiens… En voilà une histoire récente qui pourrait bien inspirer Faure Gnassingbé à se redéfinir. Écrire l’histoire des Gnassingbé en bien; c’est la seule fenêtre d’opportunité qui s’offre à Faure Gnassingbé. C’est probablement ce qu’avait fait le duo Helmut Kohl et Angela Merkel; cette dernière pouvant bien se considérer comme la fille rêvée de l’animal politique longtemps sous-estimé que fut Helmut Kohl, décédé en ce mois de juin 2017.

Comme Gnassingbé Eyadema à la tête du Togo, rien ne prédestinait Helmut Kohl à songer diriger la grande Allemagne, pas plus qu’il n’avait jamais pensé que la frêle Angela, sa fille spirituelle placée au gouvernement pour faire potiche et symbole d’intégration de l’Allemagne de l’Est, rien ne laissait croire que « la gamine » pouvait commettre le parricide républicain de pousser dehors le paternel, parce que seulement l’Allemagne et le parti chrétien-démocrate (CDU) avaient besoin de sortir d’une zone devenue trop sombre en scandales.


Helmut comme Eyadema, Angela comme Faure


Pour autant, l’œuvre de Helmut Kohl n’a jamais été aussi reluisante que sous l’ère Merkel, c’est-à-dire après le grand ménage d’Angela. Souvent moqué par la presse pour ses bourdes, son autoritarisme, son provincialisme et son manque de finesse, Helmut Kohl, tout comme Gnassingbé Eyadema, ne possède pas moins une taille imposante et une mémoire d’éléphant qui lui servaient instinctivement en politique, au grand désarroi des adversaires.

Moins d’un an après la chute du Mur de Berlin, l’Allemagne était réunifiée sous Helmut Kohl en un Plan de 10 points ouvertement présenté au Bundestag et au monde entier. Le déficit de plusieurs milliards d’euros représentant la facture d’une réunification hâtive et parfois entêtée, comme la parité monétaire irréaliste imposée par lui, entre le Deutsch Mark et l’Ost Mark, ajouté aux millions de chômeurs déversés par des industries effondrées dans les deux parties de l’Allemagne, n’ont jamais découragé la réunion des deux solitudes artificielles allemandes d’alors.

« Lui c’est lui; moi, c’est moi » aurait pu dire Angela Merkel de Helmut Kohl, lorsqu’elle prenait les rênes du CDU comme Faure Gnassingbé l’avait dit de son père. Angela Merkel a fait mieux : renforcer la Démocratie, la Réconciliation et le Développement de l’Allemagne nouvelle réunifiée, comme tout le Togo l’attend de Faure Gnassingbé depuis 2005. Avec de la volonté politique, le tout monde peut être soulevé, le tout Togo changé, la Nation grandie et reconnaissante.

En consolidant l’audace réunificatrice de son mentor et non moins père spirituel qu’elle n’avait pourtant pas hésité à renier, politiquement, au nom et au devoir d’une Allemagne nouvelle, Angela Merkel avait publié un solide article dans le fameux journal Frankfurter Allgemeine, réaffirmé la mission républicaine de l’unité nationale ainsi que l’essentiel retour à l’éthique pour expliquer son positionnement et respecter sa parole. Tout cela dure jusqu’à maintenant, avec une Allemagne restée une grande République, la locomotive de tout le continent européen. Netter Versuch, Frau Merkel!

En partage avec Angela Merkel, Faure Gnassingbé n’a pas que l’année 2005 de sa prise de pouvoir. En commun, il existe des parallèles utiles à l’émancipation démocratique de Faure Gnassingbé par la femme la plus puissante au monde. Angela Merkel a dépassé son père spirituel Helmut Kohl en améliorant l’œuvre de celui que les Allemands honorent dans les cinq personnalités marquantes de leur pays aux côtés de Goethe, Friedrich Von Schiller, Konrad Adenauer et Willy Brandt. Faure Gnassingbé peut bien dépasser son géniteur Gnassingbé Eyadema et ne faire du Togo rien de moins qu’une référentielle démocratie née d’une si particulière histoire. Il est grand temps. Il n’est pas trop tard. Il n’est jamais trop tard pour faire démocratie exemplaire partout où besoin est. C’est le cas du Togo qui souffre de ce manque d’audace.

De nouveau, le Togo est à un tournant historique. La répression inouïe sur les étudiants d’un côté, la réflexion complaisante de certains intellectuels de l’autre : tout cela n’est qu’imposture sur imposture; l’État Patapa dans ses œuvres, pendant que l’essentiel « Démocratie-Réconciliation-Développement » est occulté. Celui qui s’est imposé aux Togolaises et aux Togolais en février 2005, sans jamais réussir à convaincre sur ses capacités à diriger le Togo, un pays à bout de souffle, cette personne, Faure Gnassingbé, doit faire un choix de mi-mandat : renoncer à sa personne et rendre le Togo aux désirs républicains de ses citoyens. Cet impératif a aussi une valeur : que Faure Gnassingbé devienne modèle en écrivant l’histoire de sa propre famille en lettres d’or véritables, nobles, incontestables, salutaires et modernes.

Un Togo nouveau est possible...
Un Togo nouveau est possible...

Horizon


Rédigé par psa le 27/06/2017 à 00:15



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