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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le roi est nu… Vive la République
Plombé par les frasques de ses ministres et son bilan dérisoire, Nicolas Sarkozy se retrouve face au spectre de l’échec. La République irréprochable est en rupture de valeurs et d’éthique publique.
Il y avait, au moment de son élection en 2007, quelque chose de magique chez Nicolas Sarkozy. Son âge, son énergie, sa volonté de rupture, sa boulimie de réformes et un discours séduisant bâti sur des valeurs, comme le «travail», et des promesses, comme la «République irréprochable». Après l’interminable torpeur des années Chirac, la France semblait enfin prête pour le grand saut, pour des ajustements de son train de vie douloureux et néanmoins plébiscités. De fait, les premiers mois au pouvoir de cet homme monté sur des ressorts ressemblèrent à un véritable feu d’artifice. Nicolas Sarkozy semblait alors d’une habileté inouïe. Il pratiqua «l’ouverture politique» pour associer des personnalités de gauche à son action et lui conférer un caractère d’intérêt national. Il brandit la carte de la «diversité» en s’entourant de trois femmes issues des minorités visibles, pour incarner la France de demain. Politiquement, il paraissait invincible: l’extrême droite était moribonde, la gauche déboussolée et le centre avait perdu toute raison d’être.
Trois ans plus tard, l’artifice a fait long feu. Il ne reste de l’ouverture qu’un ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui n’a pas eu son mot à dire depuis 2007, et la figure trouble d’Éric Besson, ministre de l’Immigration, de l’intégration et de l’identité nationale. Il ne reste de la diversité que la secrétaire d’État aux Sports, Rama Yade, qui peine à justifier ses frais de voyages, et celle chargée de la Politique de la ville, Fadela Amara, dont le «Plan Espoir Banlieues» se révèle un échec complet et qui est, elle aussi, accusée d’avoir fait de son appartement de fonction un usage très personnel. Le bilan présidentiel semble ainsi devoir se résumer à la seule réforme des retraites, urgente et nécessaire mais qui pourrait bien sombrer avec son artisan, Éric Woerth. De fait, il y a fort à parier que la démission forcée, dimanche soir, de deux secrétaires d’État ne suffira pas à restaurer la crédibilité d’un gouvernement carbonisé et l’autorité d’un président dont la cote de popularité est au plancher. Nicolas Sarkozy a joué avec le feu, et il est en train de perdre. Le spectacle qui apparaît au fur et à mesure que se dissipe le nuage de fumée est affligeant: la France est surendettée, les réformes sont paralysées et l’extrême droite s’apprête à renaître de ses cendres.///////////Serge Michel

Silence


Rédigé par psa le 06/07/2010 à 00:45
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La France part à vau-l’eau. Elle s’en remettra, bien sûr, mais la crise intérieure dans laquelle elle n’a fait qu’entrer est d’autant plus grave que la prochaine présidentielle n’aura lieu qu’au printemps 2012. D’ici là bonjour la Chienlit, aurait dit le Général, lui qui savait voir loin. Il faudrait pouvoir tourner la page au plus vite mais, non, il y a presque deux ans à attendre alors que le chef de l’État dégringole dans les sondages, perd la main, et qu’un parfum de putréfaction morale sature le pays sur fond de colère sociale grandissante et de démissions bien ordonnées de ministres.


Ousmane Sow, Le Général...
Ousmane Sow, Le Général...
Il y eut d’abord, à l’automne dernier, cette volonté de Nicolas Sarkozy de faire nommer son fils à la tête de l’organisme public chargé de l’aménagement de la Défense, le quartier d’affaires parisien. Là où il aurait fallu de la compétence et de l’expérience, il n’avait trouvé que ce jeune homme qui lui ressemble comme un clone et s’exprime comme lui, qu’une photocopie de lui-même, et ce n’est pas passé. Non seulement la gauche a hurlé mais la droite a tant grogné que l’Élysée a dû reculer, au moment même où il s’est avéré que le ministre de la Culture, homme que Nicolas Sarkozy avait recruté car il est le neveu de François Mitterrand dont il porte le nom, était aussi l’auteur d’un récit sur ses expériences de tourisme sexuel.

Il avait pu sembler habile de s’attacher un Mitterrand, mais, là, l’électorat de droite s’est senti mal. Ça ne passait pas en province. Un abîme s’est creusé entre le président et sa base. La droite s’est détournée de lui alors qu’il n’avait séduit, à gauche, que quelques ministres «d’ouverture». Une crise politique était en germe dès l’automne et un fait divers a éclaté, là-dessus, rien qu’un règlement de comptes familial, mais qui a braqué les projecteurs sur le monde de l’argent car cette famille était celle de Liliane Bettencourt, héritière de L’Oréal et plus riche femme de France et d’Europe.

Dans son ennui, cette dame s’est entichée d’un photographe au point de lui faire pour un milliard d’euros de donations. Il la faisait rire mais l’héritière de l’héritière n’a pas apprécié. Poursuites judiciaires visant à prouver que Mme Bettencourt n’aurait plus toute sa tête. Grands avocats, grands moyens des deux côtés et, dans la cascade de révélations qui s’ensuit, on apprend que la propre épouse de l’ancien ministre du Budget travaille dans l’équipe financière chargée de gérer l’une des premières fortunes de France.

Ce n’est pas illégal mais il se trouve que ce ministre est également trésorier du parti majoritaire et, depuis qu’il s’est avéré que Mme Bettencourt n’était pas en règle avec le fisc, un vertige a saisi la France. Au rythme de deux révélations par jour, alors même que Nicolas Sarkozy relève l’âge de la retraite et que c’est ce même ministre, Éric Woerth, qui pilote aujourd’hui cette réforme, le pays découvre ce qui a toutes les apparences d’un vaste inceste entre l’argent et le pouvoir.

L’homme qui s’était fait élire sur le mot de «rupture» et promettait une «République irréprochable» est englué dans une affaire d’État qui suscite colère et dégoût. Pire encore, le voilà renvoyé à ses premiers faux pas, à ces moments où, sitôt élu, il avait effaré la France en s’empressant d’offrir un «bouclier fiscal» aux plus fortunés, de fêter son triomphe avec les plus profondes poches du pays dans un restaurant des Champs-Élysées et d’aller se reposer sur le yacht d’un ami milliardaire. À l’heure de la rigueur, le pays en conclut qu’il est gouverné par les plus riches et pour eux. Cerises sur le gâteau, plusieurs ministres se sont fait prendre à vivre aux frais de l’État, frais de cigares compris. Ce président est délégitimé. Sa majorité elle-même ne croit plus en lui mais les élections sont pour 2012. Ça va mal, franchement mal, en France.////////Bernard Guetta



DESTINATION CONNUE DES WOERTH...GENÈVE
Au fur et à mesure des révélations entourant la fortune de Liliane Bettencourt et des écoutes – si elles sont authentiques – révélant un véritable montage financier d’évasion fiscale, les langues se délient à Genève. Et pour cause! Les gérants de fortune de la place financière genevoise n’en veulent pas tellement à l’héritière de L’Oréal, qui pèse quelque 16 milliards grâce aux 31% d’actions qu’elle détient dans le groupe cosmétique et aux 3% qu’elle contrôle chez Nestlé, faisant d’elle la plus importante actionnaire de la multinationale. Ils en veulent à Eric Woerth, aujourd’hui ministre français du Travail, mais qui fut, il y a quelques mois encore ministre du Budget, n’hésitant pas à brandir la liste des 3000 noms de citoyens français, volée par Hervé Falciani en 2009 chez HSBC Private Bank (Suisse) à Genève.
L’un d’eux, spécialiste des «family offices» (sorte de banques privées pour très grandes fortunes) tempête: «Eric Woerth, qui avait fait de l’évasion fiscale sa priorité, nous a longtemps fustigés comme les ennemis numéro un. C’est lui aussi qui, avec Peer Steinbrück, alors ministre allemand de l’Economie, nous a conduits sur la liste grise de l’OCDE, celle des paradis fiscaux non coopératifs. Mais savez-vous qu’au même moment, sa femme Florence, l’une des gérantes de fortune de Liliane Bettencourt, était vue très souvent dans le «family office» de la milliardaire française, qui se situe à deux pas de l’Hôtel d’Angleterre
Cette entité de gestion de fortune genevoise fait partie de la holding Téthys qui gère les actifs de l’héritière, à savoir principa¬lement les dividendes de son paquet d’actions chez L’Oréal et chez Nestlé, ainsi que ses biens immobiliers. Elle travaille main dans la main, mais depuis la Suisse (!), avec la société financière française Clymène, dirigée par l’homme de confiance Patrice de Maistre et employeur, depuis 2007, de Florence Woerth, épouse de l’ex-ministre du Budget.
Et notre financier fâché d’ajouter: «Eric Woerth, durant ces deux dernières années, ne pouvait pas ignorer que sa femme se trouvait très régulièrement à Genève. Et que ce n’était certainement pas pour voir son Jet d’eau
Les enregistrements illicites faits par l’ex-maître d’hôtel de Liliane Bettencourt ont déjà mis au jour deux comptes bancaires, l’un à Vevey, de 65 millions d’euros, l’autre à Genève, de quelque 16 millions d’euros. Ces deux comptes sont tellement réels que Liliane Bettencourt et son gérant de fortune Patrice de Maistre les ont déplacés au mois d’avril dernier, selon les dernières informations, non plus à Singapour ou Hongkong, mais dans une assurance-vie en France au profit du petit-fils de Liliane et fils de Françoise, aujourd’hui en procès avec sa mère. En 2009 et 2010, le directeur de la société financière Clymène a donc fait, de son propre aveu, de très nombreux aller-retour à Genève et dans l’arc lémanique, pour «qu’on enlève ces comptes».
Autre fait avéré des liens entre Clymène et Genève est le transfert, il y a quelque deux ans, de 280 millions d’euros des comptes français de Liliane Bettencourt chez UBS Genève. Enfin, selon des documents publiés cette semaine par l’hebdomadaire Marianne, il s’avère que la fortune déclarée en 2007 dans l’Hexagone par l’héritière L’Oréal et ses gérants s’élevaient à 2,2 milliards d’euros pour une imposition de 40 millions d’euros.
Enfin, en tant que trésorier de l’UMP, Eric Woerth, lui aussi, connaît visiblement passablement bien la route qui conduit à Genève, chez un autre de ses amis, Pierre Condamin Gerbier, responsable de l’UMP à Genève et gérant de fortune ardent défenseur des «family offices». C’est ce dernier qui s’est chargé, notamment, d’organiser le dîner de gala au Crowne Plaza, puis au Caviar House, avec les plus grandes fortunes françaises exilées en Suisse romande, en mars 2007, lorsque Woerth était venu collecter des fonds pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Or, comme le confiait un autre banquier genevois, lui aussi extrêmement courroucé, au Matin Dimanche en septembre 2009, «Eric Woerth ne cherchait pas alors à savoir si les chèques qu’on lui remettait étaient prélevés sur des comptes suisses non déclarés au fisc français.» La collecte finale avait rapporté, en tout, plus de 7 millions d’euros. ///////////ÉLISABETH ECKERT


Silence


Rédigé par psa le 03/07/2010 à 01:51



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