Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Après la mort, il n’y a rien. La résurrection n’est qu’un mythe provenant d’antiques croyances liées au lever et au coucher de l’astre solaire. Jésus est certes une figure historique, il a sans doute été un personnage marquant, mais il n’a rien d’unique. Dieu n’existe pas, tout le démontre. Toutefois, il est possible de croire en un Dieu qui n’existe pas. Klaas Hendrikse est ministre de l’Eglise protestante des Pays-Bas. Son athéisme affiché attire les foules comme chez un boulanger qui fabriquerait du pain sans la nécessaire farine.


Manifeste d’un pasteur athée : Dieu n’existe pas !
Le pasteur protestant qui professe ce credo sulfureux s’appelle Klaas Hendrikse. Agé de 63 ans, il est divorcé et père de deux enfants. Grand, mince, d’allure sportive, les cheveux blancs encadrant un visage bronzé – il revient d’Espagne où sa sœur a une maison –, c’est un homme posé et réfléchi. Ne craignant pas le potentiel explosif de l’oxymoron, il se définit comme un «croyant athée», et vit à Middelbourg, une charmante petite ville de 46 000 habitants, chef-lieu de la province de Zélande aux Pays-Bas. Depuis qu’il a fait son coming out mécréant dans un livre publié en 2007, il est devenu un phénomène de société. Des journaux ont comparé sa situation à celle d’un boucher qui serait végétarien, ou d’un boulanger sans farine utile au pain qu'il fabrique lui-même. On vient de tous les Pays-Bas, parfois par cars entiers, pour l’écouter prêcher à Middelbourg, ou à Zierikzee, l’autre paroisse dans laquelle il est actif.
La première édition de son livre s’est envolée en une journée. La treizième sera bientôt disponible. 34 000 exemplaires ont été vendus. Un succès considérable pour un ouvrage de théologie : «Geloven in een God die niet bestaat. Manifest van een atheïstische dominee (Croie en un Dieu qui n’existe pas. Manifeste d’un pasteur athée)», Ed. Nieuw Amsterdam.
Cette réussite a-t-elle fait réfléchir l’Eglise protestante néerlandaise? Après la parution du livre, elle a bien envisagé une action disciplinaire à l’encontre du pasteur. Bas Plaisier, secrétaire général de l’Eglise, a même sévèrement critiqué Klaas Hendrikse, qui traite selon lui la foi chrétienne comme un «dogme que l’on peut jeter avec les ordures ménagères». Mais le pasteur athée avait le soutien de ses paroissiens. Finalement, le 3 février dernier, les autorités ecclésiastiques ont décidé qu’il pouvait rester en service jusqu’à sa retraite en 2012. Klaas Hendrikse est donc libre de continuer à clamer, du haut d’une chaire, que Dieu n’existe pas. Un cas sans doute unique dans l’histoire des Eglises chrétiennes. Et une parabole de la postmodernité séculière, un régime dans lequel l’individu refuse désormais qu’une institution lui impose ses croyances, et préfère avancer sur les chemins de la spiritualité avec des questions ouvertes sur l’infini plutôt qu’avec un paquet encombrant de dogmes.
Klaas Hendrikse est satisfait. Il a atteint son but: susciter le débat. La décision historique de l’Eglise protestante néerlandaise montre, selon lui, que celle-ci commence à prendre acte de ce qui se passe dans la société. D’après une étude réalisée en 2006 par la chaîne de télévision œcuménique Ikon et l’Université libre d’Amsterdam, un pasteur sur six ne croit plus à l’existence de Dieu ou n’est plus certain d’y croire. Et des milliers de personnes quittent l’Eglise chaque année. La raison? «Il est devenu difficile de croire dans le Dieu du théisme, c’est-à-dire en un Dieu omnipotent, omniscient, omniprésent et personnel, dit Klaas Hendrikse. Bien qu’ils ne l’admettent pas forcément, de nombreux individus sont en fait athées.»
Athée, Klaas Hendrikse l’a toujours été. «Je suis né dans une famille non croyante, mais respectueuse des croyances des autres. La région dans laquelle j’ai grandi était très orthodoxe sur le plan religieux. J’étais fasciné et impressionné par ces chrétiens qui priaient, par leurs cérémonies. Pour moi, il était évident que Dieu n’existe pas, et je me demandais pourquoi autant de gens agissaient comme s’il existait.»
À l’heure d’entrer à l’université, ce n’est pas la théologie qui intéresse Klaas Hendrikse, mais le business. Il fait ses études à l’Université de Nijenrode, spécialisée dans ce domaine. Puis il obtient une licence à l’Université du Michigan aux États-Unis. Et entame une carrière chez Xerox en 1973. Bientôt, il doute de la voie qu’il a choisie. «J’étais marié, j’aimais mon travail, mais il ne me comblait pas.» Klaas Hendrikse décide alors de commencer des études de théologie en 1977, tout en poursuivant son travail chez Xerox. «Je voulais comprendre pourquoi et comment on pouvait être croyant. Je ne songeais alors absolument pas à devenir pasteur. Mais la théologie m’a beaucoup intéressé et, à la fin de mes études, j’ai choisi de changer de profession.» Klaas Hendrikse quitte Xerox en 1983. En 1984, il est consacré pasteur. «Cette décision a été difficile à prendre, avoue-t-il. Mais j’étais convaincu que je pouvais trouver ma propre voie dans l’Eglise.» Comment celle-ci a-t-elle pu accepter de l’engager comme ministre alors qu’il était athée? «À l’époque, j’étais moins affirmatif qu’aujourd’hui sur cette question. Mais mes idées libérales étaient connues de mes professeurs. On m’a accusé plus tard d’avoir menti aux autorités de l’Eglise. Je n’ai pas menti. J’évitais simplement d’aborder le sujet. Et personne ne m’a demandé de parler de mes convictions religieuses lorsque j’ai été engagé.»
Klaas Hendrikse se rattache à l’aile libérale du protestantisme. Or la théologie libérale n’accorde qu’une valeur relative aux formules doctrinales traditionnelles, et donne une grande place à l’exégèse historique, archéologique et philologique de la Bible, interprétée en toute liberté. Pas étonnant dès lors que l’athéisme du pasteur de Middelbourg ait pu passer inaperçu. Et s’il nie l’existence de Dieu, Klaas Hendrikse se passionne pour les questions philosophiques et la spiritualité.
En devenant pasteur, l’ex-employé de Xerox n’avait pas pour but de convertir ses paroissiens à ses idées, mais de les aider à vivre. Dans ce contexte, les articles de foi traditionnels ne lui sont d’aucune utilité, dit-il. «Je ne crois pas aux réponses qui ne viennent pas de nous-même. Mais chacun peut essayer de trouver les réponses à ses questions existentielles à travers ses propres expériences. Je peux accompagner les gens sur ce chemin.» Dans ses prêches, le pasteur essaie toujours de mettre en lien les textes des Évangiles avec la vie concrète de ses paroissiens. Dimanche de Pâques, il leur explique d’abord d’où vient le mythe de la résurrection. Il dira ensuite que Jésus est mort, qu’il a été enterré, et qu’il n’est jamais sorti de sa tombe. Que les textes concernant la résurrection de Jésus n’ont rien à voir avec la réalité, mais avec l’expérience intime des disciples du Christ. «Les personnes décédées que nous avons aimées sont toujours vivantes, commente le pasteur. C’est ce que veulent dire ces textes.» Il y aura une Cène, qui ne renverra cependant pas au dernier repas que Jésus prit avec ses apôtres. «Cette célébration évoquera le lien qui unit les hommes entre eux.» Il priera cependant le Notre Père. «C’est une incohérence par rapport à mes idées, reconnaît-il volontiers. Mais je ne veux pas me débarrasser de cette prière. On peut remplir les mots qui la composent d’une signification qui va au-delà de leur sens littéral.»
On ne se débarrasse pas si facilement du mot Dieu, même quand on est athée, et à plus forte raison lorsqu’on est pasteur. «Ce mot est important pour moi et il fait partie de ma vie, dit Klaas Hendrikse. Je n’ai aucune raison de l’évacuer. Mais je lui donne une nouvelle signification.»
«Je nie l’existence du Dieu théiste tel que le présente la tradition chrétienne, poursuit-il. En cela je suis athée. Mais je suis aussi un croyant. Après la phrase «Dieu n’existe pas», je ne mets pas un point, mais une virgule. C’est ce qu’il y a après cette virgule qui fait de moi un croyant.» Le ministre établit une distinction entre la croyance et le fait de croire. «La croyance est une manière de parler, de dire les choses. En revanche, croire est une manière d’être, liée à la façon dont vous réagissez à ce qui vous arrive et à ce qui se passe autour de vous. C’est la capacité de transformer un événement quelconque en une expérience qui fait sens. Dieu n’existe pas, mais il «arrive». Croire, c’est avoir confiance, en vous-même, en d’autres personnes ou dans la vie.» Un tel Dieu est forcément très personnel. Dans l’optique de Klaas Hendrikse, il ne peut y avoir de discours général sur Dieu. «Chacun a son Dieu, et mon Dieu est différent du vôtre.»
L’affirmation selon laquelle Dieu existe est d’ailleurs davantage ancrée dans le paganisme que dans la Bible, remarque le pasteur Hendrikse. «Lorsque Dieu se fait connaître à Moïse dans le livre de l’Exode, il ne lui donne pas son nom. Il lui dit: «Je suis qui je serai.» Il ne s’agit pas d’un nom, mais d’une expérience humaine. Vers le VIe siècle avant Jésus-Christ, sous l’influence des peuples polythéistes, les Hébreux ont transformé cette expérience en un dieu.» «Je suis qui je serai»: le pasteur Hendrikse a traduit cette expression par «va, et j’irai avec toi». C’est en effet la promesse que Dieu fait à Moïse en le renvoyant vers le peuple hébreu afin de le faire sortir d’Egypte. «Dieu est ce qui accompagne les gens», conclut le pasteur. Mais ils doivent d’abord faire l’effort de bouger, de se mettre en route. Cela signifie: «Va, ne t’arrête pas, vis ta vie, fais face à tes craintes avec confiance.»/////// Patricia Briel


Silence


Rédigé par psa le 05/04/2010 à 15:05



Pavel Sarkozy, publicitaire devenu peintre, le père du président se raconte en expert du baisemain. 81 ans : «J’ai mis huit jours pour avoir un travail, un an pour me marier, huit ans pour monter mon affaire, dix ans pour faire trois enfants» dont… Ce « Père de » vient tout simplement démoder les « Fils de ». Visite guidée dans « Tant de vie », une vie intense dit Le Vaillant.


Antoine Dubost (1769-1825), L'épée de Damocles
Antoine Dubost (1769-1825), L'épée de Damocles
Il y a chez ce vieil homme primesautier un goût rieur pour l’indignité. Et une passion de la provocation qu’il n’exerce jamais mieux qu’aux dépens de son fils, second du nom, Nicolas. Sarkozy père, longtemps prénommé Paul et redevenu Pál à la hongroise, a l’imaginaire frondeur et le pinceau moqueur. Dans des toiles assez ahurissantes qui hésitent entre Dali kitsch et pop art criard, le créateur publicitaire à la retraite représente le président né de ses œuvres, l’oreille percée de la grand-croix de la Légion d’honneur. Jamais décoré de rien, l’artiste tardif est allé jusqu’à l’Elysée faire offrande de son ironie. D’une mansuétude récente pour un géniteur à qui il estima longtemps ne rien devoir et qu’il fait désormais soigner au Val-de-Grâce, Nicolas aurait apprécié l’humour en pendeloque.
Sur la table basse près de son fauteuil, ce «père de» qui vient démoder les «fils de» a placé en évidence une photo qui immortalise l’instant du présent. De droite à gauche, on distingue notre grand ancien un rien faraud, 81 ans d’extravagance satisfaite. Il tient par l’épaule son rejeton, 55 ans, qui semble un peu interloqué dans son affection aux aguets. À leurs pieds, resplendit le Nicolas illustré, tiré à six exemplaires, mis à prix aux environs de 10 000 euros.
Celui que personne n’oserait appeler monsieur Père reçoit chez lui, au bout de l’île de la Jatte, là où Seurat inventa le pointillisme. Le somptueux salon resplendit des toiles et des sculptures qu’avec allégresse ce collectionneur accumule et disperse. Dans son bureau-atelier, devant la même Seine baveuse qui fit saliver Monet, Sisley et Van Gogh, il détaille les esquisses qui donnent naissance à ses élucubrations graphiques. S’y glissent sans façon des nus à foison.
Pour la première fois en France, le magistrat suprême exerce ses responsabilités tandis que ses deux parents sont encore en vie. En pleine forme, Pál et Dadu affichent des personnalités abrasives et hautes en couleur. Mieux, le père du président de la République revendique son goût des femmes avec un entrain propre à faire tousser jusqu’à la comique Anne Roumanoff et son psy qui confiait: «Il ne doit pas être facile d’avoir un père aussi narcissique et immature.» Pál Sarkozy n’en a cure qui ne cache rien de ce qui fut la grande affaire de sa vie, quand d’autres ont la fesse plus tartuffe. Dans ses récentes confessions, ce beau parleur rouleur de «r» met à nu une séduction joyeuse qu’il situe «plus du côté de Marivaux et de Musset que de Don Juan et de Casanova».

Pál œuvre Nic
Pál œuvre Nic
Dans la Hongrie de l’entre-deux-guerres, ce benjamin d’une fratrie de trois s’enchante de la préférence maternelle. Et fait de cette faveur l’explication de sa compulsion future, comme si le bien-aimé ne pouvait que rechercher à jamais, en passant d’un corps à l’autre, l’absolu de l’unique origine. A 20 ans, quand «Mutikàm» lui enjoint de quitter son pays passé du joug mal toléré de Hitler à celui détesté de Staline, cet évaporé fantasque, insouciant des avanies de l’histoire, renâcle. Pour une seule raison: «Le pire pour moi, c’était de quitter ma mère.» Il a 11 ans et s’épanouit en campagnard privilégié. Il fait les moissons, monte à cheval, joue aux échecs, patine sur les étangs, tire le gibier à la Winchester, et regarde l’âne saillir la jument. Il perd son pucelage avec une nurse pas compliquée, peu regardante sur le droit de cuissage ou la pédophilie, en un temps où la sexualité consentante n’était pas encore criminalisée au regard des statuts des impétrants.
Sa mère vient de l’aristocratie industrielle catholique. Son père appartient à la petite noblesse terrienne protestante. Entre parents et enfants existe une «muraille infranchissable». Dans ce très vieux monde, divorcer est inimaginable. Les parents exercent leurs prérogatives et transmettent le sens des convenances.
Sans la guerre, Pál Sarkozy aurait perpétué ces traditions sans s’en inquiéter outre mesure. L’exil le déstabilise et le libère à la fois. Transitant par la Légion étrangère, il échoue sur une bouche de métro, place de l’Etoile, à deux cents mètres du Fouquet’s où son fils fêtera son élection. Ensuite, il veut tout et tout de suite. Il résume: «J’ai mis huit jours pour avoir un travail, un an pour me marier, huit ans pour monter mon affaire, dix ans pour faire trois enfants.» Et quelques mois de plus pour divorcer et armer les préventions de son second qui lui pardonnera mal son éloignement.
S’élevant contre la réputation de père abandonneur et négligent qu’on lui fait, papa Pál convoque en défense ses archaïsmes. Pour lui, l’homme doit assurer l’intendance, et il prétend n’y avoir jamais manqué, comme il a toujours refusé que ses épouses travaillent. Le crayonneur des campagnes Gillette, L’Oréal, C&A, Biotherm, Yves Rocher, Vichy, ou Obao s’est employé à faire fortune afin de subvenir aux besoins de sa tribu recomposée. Pour le reste, c’était aux femmes d’y pourvoir. Et quand les affaires vasouillaient, sa bonne étoile lui faisait tirer le bon numéro à la loterie ou gagner au baccara face à Yul Brynner. Il verserait encore aujourd’hui à Dadu, reconvertie après en avocate, une prestation compensatoire de «600 ou 700 euros par mois». La modernité, il faut la chercher du côté de l’affection maintenue du couple parental. Le remarié déjeunait chaque dimanche chez son ex-beau père, médecin et modèle stabilisateur de Nicolas. L’hiver, c’était ski à Val d’Isère et l’été, bains de mer à Pontaillac. Surtout, l’as du baisemain, le danseur champagne et cigarettes, le passionnel à l’inventivité romanesque sacrifie à cette très actuelle exhibition de soi que son fils connaît bien. Il raconte les lèvres gourmandes de sa fiancée, sa fureur ancestrale de seigneur des Carpates quand, lors de la lune de miel à Bruges, il s’aperçut que l’épousée n’était pas vierge, et leurs «embrassades» continuées malgré les vies dissociées. Dadu aurait «bien ri» de la franchise outrée de son éternel courtisan. Quant au Président, qui ne mit pas son veto à la publication, on ne sait s’il s’est lui aussi braqué en normatif pudibond comme bien des enfants affrontés à la sexualité de leurs parents.
Une dernière chose qu’on s’était juré d’éviter: une comparaison qui n’est évidemment pas raison. Tous deux sont hyperactifs, bosseurs, exigeants, colériques, et aiment l’argent. Ballotté par les vents de l’histoire, le père, anticommuniste évident, dit «ne pas être intéressé par le pouvoir». Et s’incline devant «la force de conviction, le goût des autres» du leader de la droite. Côté séduction, on bottera en touche. Notant juste que Pál en est à sa quatrième union. Nicolas à la troisième. Que l’aîné a eu cinq enfants et le plus jeune, trois. Et rappelant que le mariage et la paternité n’ont pas forcément à voir avec la sensualité.///////Luc Le Vaillant


Ad Valorem


Rédigé par psa le 01/04/2010 à 00:01



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