Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Lendemain du jour de naissance de son fils, partons à la rencontre de Joseph. Doux, attentif, concret. «Epoux non possessif de sa femme et de son fils». Le mari de Marie est «l’ancêtre des pères d’aujourd’hui». De plus, voilà un homme qui accepte sans broncher de s’occuper d’un enfant qui n’est pas de lui, «comme tant d’hommes sont amenés à le faire aujourd’hui». C’est un scoop : Joseph est le modèle des pères modernes.


Mangilli
Mangilli
La psychanalyste française Marie Balmary, auteur de La Divine Origine: Dieu n’a pas créé l’homme, interroge quant à elle la Bible depuis vingt-cinq ans. Et en tire la surprenante conclusion que, dans la suite d’Abraham et Sarah, c’est le couple formé par Marie et Joseph qui est moderne, «s’il est vrai que ce que nous cherchons aujourd’hui, c’est une relation entre un homme et une femme où chacun a sa juste place». Un couple qui est tout le contraire de celui, raté, d’Adam et Eve: d’abord, parce que, lorsque Joseph apprend que Marie est enceinte, «il ne la désigne pas comme coupable». Ensuite, parce que «Marie, contrairement à Eve, résiste à la promesse mirifique, à la tentation de faire un enfant toute seule avec l’Eternel». A la naissance de Caïn, en effet, Eve dit: «J’ai acquis un homme avec YHWH (Dieu).» Elle ne mentionne pas la paternité d’Adam. Marie en revanche, lorsque l’ange lui annonce qu’elle enfantera le fils de Dieu, s’étonne qu’une telle chose soit possible puisqu’elle ne connaît pas d’homme. «Relation sans connaissance? Symbole à interpréter?» se demande Marie Balmary. Voilà en tout cas un homme, Joseph, «époux non possessif de sa femme et de son fils». Et une femme, Marie, qui «n’est pas une mère porteuse», mais signifie clairement que la place à ses côtés est occupée par Joseph. «Ton père et moi nous te cherchions», dit-elle à Jésus lorsqu’elle le retrouve au temple. «D’une certaine manière, conclut Marie Balmary, Marie et Joseph représentent un accomplissement. Car une mystérieuse réussite a lieu lorsque l’humain n’est issu ni d’un père tout-puissant ni d’une mère toute-puissante, mais d’une relation puissante.» Cette passionnée de la Bible, qui s’est mise à apprendre l’hébreu après avoir découvert les traductions d’André Chouraqui, va plus loin dans ses écrits: elle est parvenue à la conviction que, dans le texte, Dieu lui-même n’est pas tout-puissant. Et que «cette figure d’ogre» qui s’est imposée à nous est bien souvent issue de la tête des lecteurs et des traducteurs. Dans le texte original, note Marie Balmary, le Père dit «nous»: «Nous ferons l’humain en notre image.» «Où est la mère, se demande la psychanalyste? Serait-ce l’humanité?» En tout cas, pour elle, les choses sont claires: «On est dans une religion de la relation.» Pas de la possession, pas de la toute-puissance, pas de l’exclusion. De la relation. Que Dieu l’entende. //////Anna Lietti



Ad Valorem


Rédigé par psa le 26/12/2009 à 01:36



La crise financière, et la crise économique qui l’a suivie n’ont pas déboulonné la statue du libéralisme. Mais celle-ci n’est pas sortie indemne des turbulences de l’année 2009.
Il y a tout à coup comme un grand vide dans les sociétés occidentales. Les mythes ont disparu de l’horizon humain. Les grandes idéologies se sont effondrées. Dieu est mort. Les instances politiques et religieuses peinent à donner du sens à la vie individuelle et collective. La raison, la technologie et la science n’y parviennent pas davantage. Le matérialisme? Une aspiration plus qu’un rêve, dévoyée par la cupidité des chasseurs de primes qui ont voulu en faire la finalité du fonctionnement économique et social. Le fracas de cette illusion anéantit la dernière croyance contemporaine.


Léonard de Vinci, L'homme de Vituve
Léonard de Vinci, L'homme de Vituve

Comment habiter une vie sans repères? On pressent que la réponse se situe du côté de la spiritualité. De la spiritualité, et non de la religion, qui suscite craintes et méfiance. Mais dans une société désormais sécularisée, attachée à sa laïcité, le christianisme a-t-il encore quelque chose à dire? Sans doute. A condition de trouver un langage qui puisse se frayer un chemin vers le cœur de l’être humain. C’est l’épreuve du feu. Comme le dit le théologien, philosophe et psychanalyste français Maurice Bellet dans l’entretien qu’il nous a accordé, «la culture chrétienne est devenue comme une langue morte ne parlant plus qu’à quelques initiés». Or le vide spirituel est propice à la montée des intégrismes et fondamentalismes de toute obédience, c’est pourquoi il devient urgent de le combler. Pas avec des formules désuètes ou une spiritualité vague qui s’apparente à une quête de bien-être personnel. C’est le sens de l’humain qu’il nous faut retrouver. Un défi à la mesure de la foi chrétienne, dont la préoccupation essentielle, contrairement à ce qu’on en retient d’habitude, n’est pas la relation de l’homme avec Dieu, mais des hommes entre eux. Que signifie Noël sinon que Dieu s’est fait homme? Oublions donc Dieu, un terme obscurci par trop de malentendus. Et tournons-nous vers l’être humain. Car l’enjeu est de préserver ce qui fait que l’homme est humain. De fertiliser ce terreau sur lequel ont grandi la compassion, l’amour, la générosité, tant d’autres valeurs cardinales de notre civilisation. Et de veiller ainsi à ce que la lumière qui habite l’homme ne s’éteigne pas.////// Patricia Briel


Silence


Rédigé par psa le 24/12/2009 à 08:20



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