Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Pierre Duri : Michaëlle Jean, la Gouverneure Générale du Canada, un regard
Pierre Duri : Michaëlle Jean, la Gouverneure Générale du Canada, un regard
La rumeur est persistante. Et comme toute rumeur, elle s’amplifie faute d’une clarification par une source fiable. La première Dame du Gabon, Édith Sassou Nguesso–Bongo Ondiba ne serait plus de ce monde. Simplement dit, et si la nouvelle se révélait vraie, Édith Bongo aurait souffert ces dernières années de cette « mystérieuse maladie » qui aurait fini par l’emporter, non sans qu’elle ait combattu la fatalité de toutes ses rares forces. Au-delà du drame, ce qui m’est venue à l’esprit, c’est plutôt la délicatesse de la relation entre les grands amis que furent Denis Sassou-Nguesso et Omar Bongo-Ondiba. Aussi grands que puissent être ces deux hommes –dont l’un est effectivement grand de taille et l’autre petit, j’en suis à me dire : Pourvu que cette particulière difficulté puisse les amener à se rapprocher de nouveau. En fait, je voyais la bataille du lieu des funérailles, je voyais la médiation de certains de leurs amis communs dont Jacques Chirac, je voyais tout le reste et je me demandais si certains destins ne se jouaient pas là, sous nos yeux bandés. Chez les Bongo-Ondiba et les Sassou-Nguesso on doit beaucoup se questionner sur la proximité de la fragilité humaine avec la puissance et le pouvoir séculier. C’est un arrêt réflexif que le pèlerinage sur terre nous force parfois à réaliser sur le mystère même de la vie ; ce que Charles Robert Darwin dont nous commémorons les 200 ans de naissance ce 12 février 2009, n’a pas plus compris que tout autre.

Silence


Rédigé par psa le 12/02/2009 à 18:09
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Sortie fracassante de notre ami Pius Njawe dans la publication le Messager, dont il est le fondateur de ce jour même. Sa cible, au-delà du président camerounais Paul Biya, est davantage le système éducatif offert aux jeunes de ce pays. Entre discours et réalité, il est vrai que les systèmes éducatifs reproduisent trop souvent les travers de la société, favorisant les riches au détriment des pauvres. Ce constat est d’autant plus important et incontournable que seuls les mieux nantis vont pouvoir réunir les moyens pour assurer la bonne éducation à leurs enfants. Dans plusieurs pays africains, c’est à coup de millions de monnaies locales, les fameux francs CFA, que les bonnes écoles sont accessibles aux plus offrants. En fait, cette situation déplorable est généralisée à travers le monde : l’éducation, la bonne éducation devient élitiste. Pour prétendre à cette éducation solide aujourd’hui, pour y accéder au Canada comme aux États Unis tout comme au Gabon en France ou dans mon Togo natal, il faut s’attendre à débourser suffisamment et suffisamment. Et le Québec se prépare à lever la barrière qui empêchait les universités d’appliquer des frais exagérement élevés aux étudiants étrangers, comme le reste des États en Amérique du nord. La fatalité semble s’installer autour de l’éducation partout, et bien au Camaroun nous dit Pius.


Bruno Cini, femme fatale
Bruno Cini, femme fatale
Dans son traditionnel message à la jeunesse avant-hier, 10 février 2009, le président de la République, Paul Biya, a validé la formation comme voie royale pour être compétitif dans l’espace de production mondiale et de développement du Cameroun. Ce discours véhicule en effet l’idée que l’éducation institutionnelle et le système des formations offertes à la communauté jeune constituent une sorte d’intégrateur des solutions d’épanouissement personnel et de développement de la nation. Paul Biya suggère la thèse d’une démocratisation des savoirs et savoir-faire, pour donner la chance à tous ceux qui sont ambitieux d’atteindre leurs objectifs. En l’écoutant attentivement, on croit ainsi percevoir, à travers la galaxie des chiffres avancés pour étayer la thèse que l’État fait beaucoup pour la jeunesse, l’image d’une avancée significative de l’offre nationale de formation. L’investissement du cinquième du budget de l’État dans l’édification d’une jeunesse capable d’assurer la relève a également transparu comme indicateur d’une manière de se battre pour l’amélioration des conditions de vie, de formation et éventuellement d’emploi. En réaction à ce discours, comme d’habitude, on a entendu des jeunes et des vieux jubiler, expliquant comment le propos du président était juste et mesuré. Oui, l’homme du 06 novembre 1982 a rappelé la place centrale de l’éducation dans le processus de transformation sociale et de mobilité professionnelle. Cette thèse a été longtemps soutenue par des sociologues fonctionnalistes classiques qui pensaient à juste titre que l’école institutionnelle en Afrique était le centre de rayonnement du village et le levier de développement de la communauté. En observant certains pays de l’Asie du Sud-est qui au début des années 1960 avaient un niveau développement sinon inférieur, du moins égal à celui du Cameroun, on valide tête baissée cette posture idéologique. Ces pays ont en effet investi suffisamment dans la formation des jeunes (environ 30% du budget de l’État chaque année) et on a les résultats aujourd’hui : ils sont passés de pays pauvres à pays émergeants, en transitant par pays à revenus intermédiaires ou pays moyennement avancés. Le Cameroun, lui, est passé de pays à revenus intermédiaires à pays pauvre très endetté ! Cette comparaison semble invalider le schéma classique. Avec raison car depuis longtemps, des partisans de la dissidence critique dont Pierre Bourdieu et, plus proche de nous, Jean-Marc Ela de regretté mémoire, ont montré que l’école est le vecteur de la reproduction des inégalités sociales. Autrement dit, seuls les enfants des riches d’aujourd’hui auront droit à une meilleure formation pour rester leaders et écraser la masse laborieuse qui, déjà, tire la diable par la queue dans la recherche du pain quotidien. Oui, l’État promeut la formation pour tous. Mais combien sont-ils, qui peuvent honnêtement assurer une bonne formation à leurs enfants ? Faut-il le rappeler, environ 51% de la population camerounaise vit avec moins de 1000 Fcfa par jour. Faites un tour dans les quartiers populeux de Kousseri, Maroua, Garoua, Bafoussam, Bamenda, Douala, Yaoundé, … pour voir combien de jeunes ne vont pas à l’école et ne sont inscrits dans aucun centre de formation, faute d’argent. L’essentiel de ceux dont les parents se sont véritablement saignés pour payer une formation de niveau supérieure (BTS, Dut, Licence, maîtrise, …) se tournent les pouces au quartier. Les recrutements se font à travers les réseaux que seuls maîtrisent ceux qui appartiennent aux cercles de pouvoirs. Oui, l’État investit beaucoup dans la jeunesse. Mais où sont les résultats ? Bien malin celui qui pourrait répondre à cette question, car le capitaine Biya mène les jeunes dans un bateau dont l’unique hublot est celui par lequel il voit seul vers où il les mène. Dans son discours d’avant-hier, il a avancé des chiffres (enseignants recrutés, établissements transformés, salles de classes construites, centres multifonctionnels créés, etc.) mais s’est gardé de préciser le niveau de la demande de formation pour permettre à chacun de voir où l’on se situe dans la satisfaction de cette demande. Beaucoup ont expliqué que le discours a été fait dans une dynamique bilan/prospective. Mais le bilan, dans notre acception élémentaire, signifie prévision, provision, réalisation. Biya n’a rien fait de tel. La prospective, quant à elle suppose que l’on se fixe des objectifs clairs et surtout mesurables. Là aussi, on n’a rien senti ! Soit Paul Biya n’a pas l’ensemble de données qui seules donnent sens aux chiffres présentés, soit il s’est gardé de les révéler de peur d’effrayer les citoyens par le fossé qui sépare l’offre de la demande de formation et d’emploi. Là, on le comprend, la logique démagogique reprend le dessus. On se rappelle que le mouvement populaire de revendications sociales de février 2008 s’est déclenché deux semaines seulement après le discours de Paul Biya à la jeunesse. Ces jeunes qui exigeaient de meilleures conditions de vie se sont laissés à des débordements qui ont causé des dommages à certains investisseurs. Reconnaissant la pertinence des réclamations, le président Biya a menacé son gouvernement en lui demandant notamment ce qu’il avait fait pour répondre à leurs revendications légitimes. Le discours prononcé avant-hier devait au moins faire le point pour rassurer. Qu’est-ce qui, un an après, garantit que les jeunes ne peuvent plus se laisser vaincre par une telle manifestation du désespoir ? La gestion malheureuse et mafieuse des biens publics ainsi que le déficit de préservation des intérêts collectifs qui ont plongé la jeunesse dans le découragement restent le seul vrai mode de gouvernance des affaires publiques. Les budgets publics sont systématiquement détournés, les projets sont pilotés avec dilettantisme, … Presque rien ne change dans le fond. Pourtant les dettes contractées aujourd’hui seront remboursées par ces jeunes qui n’en bénéficient que accidentellement. A écouter le président, ceux qui pensent véritablement à cette jeunesse ne peuvent s’empêcher de méditer profondément. Mais vous, jeunes, vous êtes très jeunes pour vous taire. Et c’est trop tôt pour vous résigner./// Pius N. Njawe

Mot à Maux


Rédigé par psa le 12/02/2009 à 09:17
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