De véritables cadavres humains dépouillés de leur peau, bien souvent découpés en lamelles instructives, fines et épaisses, mettant en exergue les muscles, les organes dans des positions et des simulations de mouvements du corps humain, dits artistiques : C’est le spectacle de l’exposition le Monde du Corps 2 (Body Worlds 2 ), actuellement en tournée mondiale et de passage à Montréal. Je suis allé assez tôt pour me faire une idée de la chose pour me faire une idée propre et autonome, avant d’être pollué par quelque commentaire de notre société d’information.
Des cadavres et des restes humains comme objets artistiques, j’en suis à la fois fasciné et troublé. Troublé surtout par le morceau de corps d’une personne obèse, coupé d’une façon longitudinale dans sa région abdominale graisseuse comme une véritable pièce de jambon... Troublant en effet, au point d’y avoir passé plus de temps devant, comme je l’avais fait en face du corps d’une femme portant un fœtus en son sein, un bébé de plusieurs mois, bien formé. Mais aussi la fascination se rattache à ce spectacle, particulièrement lorsque je me surprends, la main dans le sac, les yeux écarquillés, devant l’évolution embryonnaire de la vie jusqu’à la formation de l’être humain, un autre bébé, gelé par cette technique de Plastination utilisée par l’anatomiste allemand Gunther von Hagens.
Un curieux personnage que ce Gunther von Hagens qui fait de l’art avec des cadavres : éducation ou provocation? Les deux objectifs sont réunis dans cette exposition pour semer le doute, l’interrogation et de ce cauchemar que j’aie eu la même nuit. C’est de l’art post-mortem vivant et provocateur d’une réflexion dans une société post-moderne indécise sur certaines valeurs.