Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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Yvo Jacquier, Allegro
Naturellement, j’ai parcouru du début jusqu’à la fin, le texte du sieur Sénouvo Agbota Zinsou : « De petits pas vers la vérité ». C’est un exercice particulier de lecture qu’appelait mon devoir du Togo. Mais je ne le reprendrais pas de si tôt, tellement de cette fourmilière sortait tout, de tous les côtés : du bonjour-donné-lorsque-retenu-comme-membre-du-HCR togolais à combien-en-as-tu-tué-toi et autre parler-pour-parler sur un sujet aussi crucial. Et quoi encore –sans écouter l’autre parler, continuer à jouer au répétiteur de trop, celui qui ignore sa propre hésitation de telles lignes tout en nous l’avouant!
Le texte est pourtant commis en réponse au document, unique et rarissime, « Oser la vérité pour sauver le Togo » produit par Messan Agbéyomé Kodjo, ancien ministre, ancien Président de l’Assemblée nationale, ancien Premier ministre et actuel Président national du parti politique OBUTS; un mémoire livré à la Commission Barrigah, c'est-à-dire la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) actuellement en cours au Togo; un mémoire courageux dans un Togo toujours éprouvé par ses violences physiques et psychologiques persistantes, un Togo balafré de partout par sa haine et sa déraison constantes. À ma connaissance, le témoignage ainsi livré par le Premier ministre Messan Agbéyomé Kodjo reste le seul du genre versé au dossier de la Commission Barrigah, la seule déposition d’une personnalité d’un si haut rang, ouvertement apportée dans l’agora républicaine, à la gouverne et à l’attention directes des citoyens du Togo, où qu’ils se trouvent. De la part d’Agbéyomé Kodjo, l’exercice n’est pas nouveau. À travers diverses interviews, l’homme avait toujours évoqué les contours de ses responsabilités, surtout clamer son ignorance du plan diabolique ayant conduit aux froids assassinats de la place dite Fréau Jardins à Lomé, au cœur de la capitale togolaise, en janvier 1993. Et pourtant! Ni plus ni moins, de tels assassinats étaient explicitement et implicitement attribués à Messan Agbéyomé Kodjo. Un pénible fardeau dont personne n’a osé s’approcher pour aider à en alléger les effets dévastateurs sur cette personne et les siens. Un devoir éthique dont personne d’autre ne s’est chargée jusqu’à maintenant d’éclaircir aux côtés de l’éternel incriminé, et à l’adresse des Togolaises et des Togolais. Durant longtemps a donc pesé sur Agbéyomé Kodjo, l’accusation ouverte des uns –bien nombreux, le silence coupable des autres –responsables politiques divers, que ce massacre ait été l’œuvre funeste de ses pensées et de ses mains, parce que ministre de l’intérieur, à l’époque, du régime répressif qui sévissait au Togo et que les uns et les autres combattaient. Plus souvent qu’autrement, Agbéyomé Kodjo a été cloué au pilori avec une férocité digne de la lâcheté politique et de l’irrationnel analytique très caractéristiques des débats au Togo et sur le Togo. Certains, toute leur vie durant, doivent être des suppliciés, d’autres resteront intacts, purs et donneurs de leçons dans un domaine politique où leur compétence reste invariablement insuffisante. Ainsi reste biaisé le paysage politique togolais, ouvert aux critiques acerbes d’un coté, très protecteur des incompétents et des naufragés de tout poils de l’autre. Une quête de démocratie toujours décalée Ceux qui savaient réellement les limites des responsabilités des uns et des autres, jamais ne disent rien au Togo; ceux qui croient savoir, parce qu’un jour ils s’étaient retrouvés au cœur d’un évènement parcellaire d’un vaste tableau politique, se posent en diseurs d’histoires, en diseurs de belles historiettes très amusantes pour la galerie et surtout pour leur égo. L’objectif d’Agbéyomé Kodjo est clair et légitime : rétablir certains faits et leur donner un écho historique susceptible d’aider à restituer la vérité de sa non-implication dans la planification, l’organisation et l’exécution des froids assassinats de Fréau Jardins. Ici, tout est à l’honneur de Messan Agbéyomé Kodjo à la place duquel personne ne s’était jamais mise, ouvertement, noblement et vertueusement. Raison de plus à l'interessé d’assumer sa propre défense : un droit humain fondamental, quelle que soit la taille du parchemin ou la couleur du papier entête utilisé; ce que l’on ne se gêne même plus à lui reprocher. Parce qu’il est seulement question d’Agbéyomé Kodjo, nous formater la démocratie par papier mâché et craché, vitement, à nous faire avaler? Une démocratie coupée et décalée à nous faire danser sans aucun rythme ni harmonie? Non merci! Au tournant de cette Commission Barrigah qui entame son siège ultime à Lomé, nous restons à l’écoute. À l’écoute des faits, ceux provenant des institutions comme les Forces armées togolaises, ceux émanant des femmes et des hommes courageux pour emprunter le chemin ainsi ouvert par les Joseph Kokou Koffigoh, Messan Agbéyomé Kodjo et les autres anonymes de ce Togo resté meurtri. Et après seulement après, nos placoteurs et petits diseurs d’histoires, nichés ici et là, auront la tâche de la confrontation analytique de ces faits qui nous seront soumis. Pour leur gouverne : le Togo en est là aujourd’hui, également, à cause de cette complaisance analytique qui est loin d’être innocente, puisque généralisée et toujours servie inlassablement aux mêmes personnes. Fini l’immunité argumentaire des contînmes et des englobâmes, des conteurs et des embaumeurs! Pour une fois au Togo, écoutons les autres parler, écoutons celles et ceux qui se donnent la peine de se présenter devant la CVJR, restons à l’écoute de la parole, cessons de polluer la Grande Histoire par nos petites chroniques semainières : audi alteram partem! C’est aussi le prix à payer pour qu’un autre Togo advienne, à Petits pas vers la vérité, par cette imparfaite Commission Barrigah ou une autre structure; l’imagination des uns restant toujours fertile et la vengeance des autres encore inassouvie. Pendant combien de temps encore? Mot à Maux
Rédigé par psa le 03/11/2011 à 20:45
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