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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Aussi vrai que la légitimité est au-dessus de la légalité, aussi juste que l’éthique précède le droit, qu’il soit entendu de partout que les Togolaises et les Togolais désirent ardemment l’avènement de la démocratie dans leur pays, et ils sont en lutte pour mettre fin au régime dynastique, de père en fils idéocratique, qui a confisqué leur destin collectif et dressé les uns contre les autres pendant plus de cinquante ans.


Manifeste du Citoyen Togolais
Dans l’histoire du monde, les grands changements ne sont intervenus que lorsque les peuples sont allés à l’encontre de l’ordre ancien établi, et qui toujours aime se perpétuer par ses bas instincts de conservation du pouvoir envers et contre tous. Les exemples sont nombreux, et ils illustrent aussi la détermination, la foi, les sacrifices et l’engagement du peuple togolais à s’émanciper également par le triomphe de la démocratie et le règne de la raison.

Aux États-Unis d’Amérique, le désir farouche d’affranchissement du peuple avait forcé l’élite à se distancer des lois scélérates imposées depuis Londres par la monarchie britannique. La Déclaration d’Indépendance avec des propos aussi puissants et célèbres comme « Tous les Hommes sont créés égaux » n’auraient jamais existé sans l’impulsion des citoyens ordinaires qui avaient décidé de prendre leur avenir en main, en dénonçant les pratiques iniques des gouverneurs inféodés à la royauté britannique d’alors. C’est le témoignage que les peuples ont toujours leur destin entre leurs mains; à leur détermination viennent se greffer toutes les autres volontés, même celles qui ont pu être en accointance avec l’ordre dominateur.

L’impulsion de la Révolution Française qui avait mis fin à l’Ancien Régime vint d’en bas également. Le peuple, infatigable, pris tous les moyens en sa possession pour achever un si long combat historique parce qu’il savait que l’échec le ferait souffrir davantage. De partout mourraient alors parents, amis et anonymes citoyens du fait de la terreur, de la rudesse, de la gabegie, de la trahison, de la fraude, de la corruption. Une et Indivisible, la République conquise de haute lutte fut même perdue avant d’être retrouvée au prix de mille autres sacrifices. Cette expérience unique offrit au monde le mérite de tout peuple à faire triompher la République et l’État, les institutions et la citoyenneté, en les arrachant des mains des dynasties et des banditti.

Muse de toutes les luttes, la souveraineté arrachée par les peuples donna toujours courage et exemple à travers le monde; autant de modèles de Liberté souvent appropriée et adaptée pour germer partout en d’autres luttes de libération et de conquête de la dignité humaine. L’une des plus universelles et respectables de ces luttes a jailli sur le sol africain pour mettre fin à l’apartheid qui sévissait en Afrique du Sud. Sous l’impulsion de Nelson Mandela et avec le soutien de la majorité active et silencieuse du peuple sud-africain, Noirs, Blancs, Indiens asiatiques et Métis divers vivent désormais dans un pays où la couleur de la peau ne déterminera plus jamais leur degré de citoyenneté, pas plus que les langues et les ethnies d’origine ne seront des barrières à leur intégration. C’est la promesse qu’ils se sont faits en Afrique du Sud de construire une société respectueuse d’un vivre-ensemble conciliateur de toutes les particularités individuelles et collectives; c’est le résultat exemplaire issu de joutes serrées de dialogues sincères et inclusifs, loin des séances d’indexation, d’autoflagellation et de manipulation des consciences.

Une telle volonté incontestable d’émancipation commune est fondatrice de la lutte que mène le peuple togolais, ici et maintenant, pour se libérer de l’oppression tentaculaire qui toujours l’assaille. Après avoir vaincu les démons de l’ethnicisation de son combat, après avoir triomphé de la personnalisation de sa lutte, après s’être soumis de bonne foi à toutes les négociations, à tous les accords et à toutes les élections, le peuple togolais médusé par le degré élevé de la malhonnêteté intrinsèque de ses gouvernants politiques, exprime, désormais, son refus de favoriser de nouveaux holdups électoraux; ces viols systématiques de la démocratie, savamment organisés en mille subterfuges qui toujours finissent par culpabiliser les honnêtes citoyens, en les laissant au triste sort d’une démocrature à chaque fois réhabilitée, et prête à se servir quelques années encore, avant un autre coup de force et surtout d’autres avatars de dialogues utiles à son renouvèlement. Trop, c’est assez!


Ainsi édifié par la constance de son fourvoiement par des dirigeants cupides qu’il ne s’était jamais donnés dans aucun de ses suffrages par ailleurs, le peuple togolais exprime désormais son refus global de l’imposture et de l’incompétence comme mode de gouvernement; il réaffirme son refus total de la terreur, de la violence et de la tromperie comme modèle des rapports entre citoyens du Togo; il proclame sa foi et sa certitude qu’un Togo débarrassé de l’autoritarisme, de l’arbitraire et de la répression sera un havre de prospérité et de développement pour le bien de tous ses citoyens, du nord au sud et de l’est à l’ouest, et pour le bénéfice de tous les amis du Togo.

Debout contre toutes les damnations imméritées dont ses prétendus dirigeants savent l’affubler, le peuple togolais observe encore l’acharnement avec lequel des idées originales de répression sont échafaudées pour anéantir la contestation populaire et réduire au silence toutes les formes d’opposition avant de nouvelles échéances électorales, qu’elles soient locales, législatives ou présidentielles. Les dernières trouvailles que constituent l’incendie du Grand Marché de Lomé et la refonte unilatérale de la Loi organique sur la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication sont en tout point pathétiques : opposants en prison et presse à genoux sont devenus les mamelles nourricières de la vindicte nouvelle imaginée par un pouvoir inflexible, insatiable et incapable de supporter toute apparence de contradiction.

Haut lieu du commerce togolais à forte valeur patrimoniale et temple d’affaires de ces fameuses Nana-Benz de réputation mondiale, le Grand Marché de Lomé reste ce pôle historique de formation de la richesse citoyenne brute, un observatoire d’information sociale et un laboratoire du savoir-faire commercial, informel, largement exemplifié à travers tout le Togo et au-delà. Intentionnellement mis à feu par des mains criminelles, et au moyen d’un type de carburant dont seules les autorités togolaises elles-mêmes seraient détentrices, le Grand Marché de Lomé ainsi incendié –curieusement en une nuit où tous les vigiles ne s’y trouvaient pas, ce drame unique est devenu prétexte à des règlements de comptes politiques et au mépris du devoir de réconciliation nationale longtemps promise et jamais réalisée par ces mêmes dirigeants. Ainsi frappé au cœur de l’une de sa fierté nationale qu’est le Grand Marché de sa capitale, le peuple togolais ressent un effroyable outrage, une horreur inimaginable qui n’a d’égal que la hauteur de l’obstination machiavélique dont il est victime : en réalité, un vil et insoutenable instinct de domination et d’accaparement illimité du pouvoir républicain au Togo.


Voilà que les faits, les circonstances ainsi que les résistances débouchent clairement sur une nouvelle offre d’acquisition et de réappropriation du destin togolais bien connu de tout le monde : Travail - Liberté - Patrie. Du Travail pour régénérer la dignité perdue de tous les citoyens et pour la prospérité du Togo; de la Liberté pour reprendre l’offensive de la créativité individuelle et de la capacité collective; de la Patrie pour assumer le Togo autrement que dans les humiliations quotidiennes, les violences multiples et les asservissements permanents de la justice, des médias, des forces armées, de la fonction publique, des sociétés d’État, etc. Travail - Liberté - Patrie est bien notre devise depuis cinquante ans bafouée; Nous voulons la reconquérir et la faire briller de tout son éclat, de tous ses joyaux.

Parce que le Togo a su porter sa peine et souffrir dans sa chair et dans son âme, les Togolaises et les Togolais se relèvent échinés de ce lourd fardeau pour partager de nouveaux exploits, stimulants et glorieux. Déjà à ces filles et fils d’un Togo alors en doute, Stéphane Hessel, en ami indigné aujourd’hui disparu, avait aussi donné de sa voix, en engagement et en encouragement : « Peuple togolais, debout : la Liberté t’appelle! » disait-il.

Qui donc peut ne pas comprendre désormais qu’il est temps de reconquérir la République togolaise pour tous ses enfants? Qui donc peut continuer à rester sourd à l’appel de la Liberté? Le temps est venu de restituer le Togo à la volonté d’agir et de construire de tous les Togolais, sans discrimination aucune. Il est bien venu ce temps de la félicité où la haine rebelle et tenace sera chassée du Togo et la blanche étoile conquérante de son drapeau, cette étoile d’unité et de solidarité, cette étoile de fraternité et d’amitié sera libérée pour redevenir accessible, à tous et de partout. La Liberté ne fatigue pas les peuples; la Liberté ne fatiguera donc pas les enfants du Togo. Qu’il en soit ainsi compris!


C’est pour tout cela que nous proclamons de nouveau, à la face du monde et du plus profond de nous-mêmes, l’un des forts serments et des nobles promesses que porte bien haut l’hymne national du Togo quotidiennement exalté sous la voute céleste, et avec une bénédiction auguste apte à féconder les espoirs d’une aube nouvelle :
Dans l'unité nous voulons te servir,
C'est bien là de nos cœurs, le plus ardent désir,
Clamons fort notre devise,
Que rien ne peut ternir.
Seul artisan de ton bonheur, ainsi que de ton avenir,
Brisons partout les chaînes de la traîtrise,
Et nous te jurons toujours fidélité,
Et aimer servir, se dépasser,
Faire encore de toi sans nous lasser,
Togo chéri, l'or de l'humanité.


Actif, entreprenant, fiable, généreux et solidaire du genre humain, le peuple togolais continue à croire au devoir et à la nécessité d’un partenariat pour un monde meilleur, et il s’y engage aux côtés des autres peuples, sincèrement et franchement épris de Paix, de Réconciliation, de Pardon, de Justice et de Liberté :
« Salut à l'Univers entier !
Unissons nos efforts sur l'immense chantier d’où naîtra toute nouvelle, la Grande Humanité.
»

La lutte du peuple togolais ici réaffirmée est donc un cardinal et retentissant appel de la dignité humaine universellement partagée, un appel à l’éthique républicaine, un appel au changement.

Amis du Togo, Togolaises et Togolais, en avant jusqu’à la victoire commune, et Salut !




Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 11/03/2013 à 04:00
Tags : Manifeste Togo Éthique Notez




Avec la découverte du feu et l’exploration de ses nombreuses utilisations, s’est inventé un des dictons les plus sots de l’espèce humaine : Il n’y a pas de fumée sans feu. Idiotie suprême s’il en est, à la fois toto-logique et bineta-logique, simpliste et simplificatrice, accusatrice et adaptable à toutes les sauces, elle est à la base de nombreux abus qui présentent les évènements comme autant de conspirations « cachées » dont les coupables étaient désignés à l’avance. Malheureusement, Il-n’y-a-pas-de-fumée-sans-feu s’installe rageusement comme idéologie politique au Togo. Sans gêne! Sans raison! Or, le XXIe siècle appelle le Togo à une autre gouvernance émancipatrice.


Benoit XVI face à la Colombe de la Paix... venue de Lomé?
Benoit XVI face à la Colombe de la Paix... venue de Lomé?



Cette recette saugrenue de «fumée sans feu», un lâche dessert de fruits amères et revanchards, développe toujours la paranoïa de l’ennemi caché et de la théorie du complot; ce qui justifie le radicalisme, l’arbitraire, les guerres fratricides visibles et invisibles, tous ces excès qui privent de sommeil et empêchent la confiance et le respect, la sérénité et le dialogue, la réconciliation et le développement. En regardant de plus près encore, l’on observe même que le retour de ce vieux principe –Il n’y a pas de fumée sans feu- qui vient de refaire surface au Togo, tient à sa « principale qualité de répondre à toutes les interrogations dans les situations de détresse ou de fort traumatisme, et de faire apparaitre le chainon manquant qui va tout expliquer soudainement et simplement. » Au Togo, les adeptes de ce principe n’en démordent pas et sont persuadés qu’ils tiennent là un intarissable filon compatible à leur désir de vaincre sans aucun péril.

Le feu a ravagé le Grand Marché de Lomé et les coupables sont soudainement trouvés. Ces coupables se trouvent n’être simplement que les adversaires politiques déjà connus. Le conflit politique rituel est ainsi brusquement accentué dans l’espace politique togolais et tous les compteurs de l’incontournable dialogue retombent à zéro. Depuis, la confusion règne sur tout le Togo où chacune et chacun peut être suspecté de tout et de rien, accusé, détenu, condamné. L’essentiel, le devoir de réconciliation, est ainsi mis aux arrêts au Togo par un mode opératoire étiquetant ses accusés avant la conclusion des enquêtes; et tout cela, au grand désespoir des citoyens et de la communauté internationale.

C’est connu : au Togo, plane toujours une anxiété foncièrement domiciliée chez les tenants du pouvoir. Ces derniers savent quoi perdre et sous-estiment leurs bénéfices dans l’avènement du changement et l’impact durable qui en résulterait leur reste insaisissable. Mauvaise foi évaluative ou incompétence politique? Toujours est-il que cette angoisse permanente des détenteurs du pouvoir présidentiel tient aussi et surtout à leur conscience d’avoir toujours abusé de leur autorité dans un climat de terreur et à leur sentiment de peur de représailles, si ce pouvoir venait à les quitter. Estimant n’avoir pas d’autres moyens que le maintien de leur domination par la force, une partie de l’armée de service est souvent poussée à l’utilisation constante de la répression et à plus de violence dans toutes ses formes. Il est pourtant utopique de penser que seule la peur devra gouverner le Togo et ses citoyens.


À législatives chahuteuses, présidentielles chaotiques
Les dialogues avec l’opposition politique, quelle qu’en soit leur nature, se révèlent n’avoir été que du dilatoire jusqu’à maintenant. Les revendications citoyennes et journalistiques de tous ordres, même pacifiques, des plus élémentaires des droits et des plus légitimes des attentes d’évolution institutionnelle républicaine, ne sont pas prises en considération quand elles ne sont pas, purement et simplement, traitées par la force, le mépris et l’arrogance. Au Togo, tout cela dure et perdure depuis trop longtemps et confisque les énergies au lieu de les libérer au profit du développement du pays.

À l’évidence, le pays est en danger : Mon pays va mal! Et il est particulièrement illusoire de concevoir que la force, le mépris voire l’arrogance, aussi ouvertement institués à l’encontre de l’opposition togolaise, amèneront celle-ci à la docilité politique devant laisser la conscience tranquille aux dirigeants du Togo et leurs alliés en quête de stratégie pour gagner les prochaines élections législatives. Comme au secours de l’orphelin, même la visible prolétisation de l’opposition togolaise, son isolement intérieur entretenu par le pouvoir présidentiel autant que la pauvreté ambiante dans tout le pays, tous ces facteurs viennent résolument nourrir des foyers de résistance farouches contre la pérennisation du système dominant depuis une cinquantaine d’années.

Cette insoumission à l’égard du pouvoir togolais s’est délocalisée sur l’ensemble du territoire et particulièrement dans la diaspora togolaise restée très engagée dans l’avènement du changement et de l’alternance. Le pouvoir présidentiel togolais ne peut raisonnablement pas livrer bataille et la gagner contre une si grande partie de sa propre population. La bataille politique du XXIe siècle est aussi à travers une diplomatie publique via Internet. Sur ce terrain, la diversité des sources de l’opposition rendent beaucoup plus efficaces et crédibles les messages de contestation qui y sont véhiculés. Même que les attaques informatiques contre les sites Internet relayant les messages de l’opposition togolaise ainsi que l’abondance des commentaires diligentés contre les points de vue réfractaires à la gouvernance présidentielle ne viennent pas à bout de ce mécontentement très audible sur Internet.

Et tout cela n’est pas un bon présage pour un apaisement politique et la suite des choses. À moins d’un changement de cap vers un dialogue respectueux des règles de l’art des pourparlers et du compromis, un dialogue franc, sincère et éthique. Car, quoi qu’on fasse et quoi qu’on dise, les Togolaises et les Togolais également resteront maîtres de leur destin, celui qui leur ferait recouvrer leur dignité de citoyens sur la Terre de nos Aïeux.

Le temps presse, constate-t-on de partout et même la placide et plantureuse Union Européenne bouge, tellement qu’elle appelle désormais à un jeu franc qui n’est rien d’autre pour elle que: « l'impératif d'un dialogue ouvert et inclusif, de la mise en œuvre des recommandations de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation et du respect des droits de l'homme. Tout appui financier direct de l'UE au processus électoral dépendra de l'existence d'un accord politique élargi et à la mise en œuvre des réformes électorales dans l'esprit des recommandations des Missions d'Observation Electorale de 2007 et 2010, en particulier en ce qui concerne le réaménagement du découpage électoral. » Le parti socialiste français n’en dit pas moins, comme plusieurs autres chancelleries attentives au tournant ouvertement belliqueux de la vie politique togolaise. De bonne grâce et de bonne conscience, on aurait imaginé un assouplissement des mœurs politiques au Togo à la faveur de l’évolution même du monde et de la connaissance disponible sur la résolution des conflits... Jamais, la Liberté n’a fatigué les peuples.


Le XXIe siècle appelle également le Togo et ses dirigeants
« L’histoire du monde et de chaque nation est faite de longues disciplines et de soudaines indisciplines » qui permettent des avancées, et parfois sèment confusion avant d’éclaircir le paysage. Au Togo, l’histoire bruyante de l’incorporation d’un Gilchrist Olympio capricieux –plutôt que de l’intégration des idéaux du peuple souverain, a donné l’illusion d’une réalisation politique historique. Ce fiasco politique se doit d’être reconnu pour ce qu’il est : une méprise et une fuite devant la réalité politique togolaise, de vides atermoiements, du temps perdu, un piège stratégique, une imposture même. Il y a longtemps que le Togo n’est plus une affaire de nom de famille ni d’appartenance ethnique. Désormais, la nation togolaise ne peut s’empêcher de progresser qu’avec l’émulation des décisions et des concessions courageuses et non-malicieuses, dont les plus significatives doivent venir du camp présidentiel au pouvoir depuis cinquante ans.

Le temps des hésitations est révolu. En arrière-fond apparaissent deux thèmes récurrents que rien ne peut effacer: dialogue et démocratie. Un dialogue dans la bonne foi pour une démocratie apaisée; un dialogue plutôt que de la manipulation, une démocratie vraie plutôt que de la démocrature. Depuis le temps que l’on en parle au Togo, dialogue et démocratie constituent un devoir éthique, une planche de salut qui doit restituer honneur et dignité au chef de l’État togolais lui-même en lui assurant quiétude et tranquillité dignes des temps modernes, voire regagner de la légitimité démocratique dans la cohabitation avec un gouvernement de l’opposition. Tout, absolument tout devrait être envisagé avec raison et grandeur d’âme. L’exemple vient d’être renouvelé par Benoit XVI : faire l’histoire soudainement et promptement. Les peuples savent reconnaitre ces décisions libres et historiques.

C’est pourquoi à sa première apparition publique depuis l’annonce de sa démission surprise, Benoît XVI a été ovationné, le mercredi 13 février 2013, alors qu’il présidait l’audience générale pour l’avant-dernière fois de son pontificat : «J’ai démissionné en pleine liberté, pour le bien de l’Église» a-t-il déclaré publiquement. C’était le cas pour notre voisin Mathieu Kérékou les lendemains de son retrait volontaire du pouvoir. Mandela n’avait fait qu’un seul mandat présidentiel, malgré toutes les pressions du monde. Au Togo, il y a encore place à réconciliation des citoyens et amélioration du climat politique.

À sa manière, Faure Gnassingbé peut changer le destin du Togo et revenir dans l’histoire sans aucune autre effraction. Car l’enjeu sous-jacent aux turbulences actuelles est aussi comme la fumée annonciatrice infaillible du feu : des législatives chahuteuses et chaotiques précédant des présidentielles émasculées et émeutières au Togo. À tout prix, il faut sortir de ce piège de la préparation anticipée d’un troisième mandat présidentiel, au lieu de réussir des législatives démocratiques et consensuelles. Et cette réalité de la construction d’un Togo moderne et conforme aux temps nouveaux, force désormais tous les ayants cause à demander l’impossible aux dirigeants politiques : assumer le Togo autrement, illustrer les dirigeants, rehausser les élections, comprendre les citoyens.


Faure doit enfin dire à ses compatriotes : Je vous ai compris!
La démonstration a été largement faite que le reliquat de système dans lequel évoluent les Togolaises et les Togolais, depuis tant d’années, n’est nullement optimal pour ses tenants –souvent obligés de se protéger contre leurs familles et leurs amis, encore moins pour les adversaires à chaque fois décidés et ragaillardis dans l’antagonisme. Mais un choix existe toujours, et ce choix est entre deux régimes qui ont le mérite d’être bien connus de tous, entre deux avenirs opposés à tous les égards : la continuation du vieux système clanique désuet et les coûts de sa lente adaptation selon le seul vouloir de quelques privilégiés qui en tirent des avantages précaires ou le saut qualitatif dans l’audacieux système démocratique ouvert à toutes les composantes collectives et individuelles de la population togolaise avec la garantie d’un Grand Pardon et d’une justice réparatrice.

Tout dialogue intelligent avec soi-même devrait conduire au plus sage des choix, le choix du XXIe siècle, la renonciation au passé et la négociation de certaines garanties pour tous. Fini les lancinantes hésitations… L’heure du changement a véritablement sonné; et on l’entend de partout. Même «la Papauté, l’une des institutions les plus anciennes, mystérieuses et fascinantes, vit un moment unique, inusité, exceptionnel». Pourquoi pas le Togo? Comme d’autres dirigeants à des moments historiques, Faure Gnassingbé doit enfin dire à ses compatriotes : Je vous ai compris! Ainsi libre et libéré, il lui restera alors à agir en conséquence et de bonne foi; autant pour son propre salut que celui de son pays. Un autre Togo ne fera alors que commencer, et les méfaits du passé ne seront rien comparés aux immenses espoirs de l’avenir; un avenir partagé par tous les citoyens, sans discrimination aucune. Et chacun y veillera!

Au Togo, depuis l’épreuve du feu caractéristique de cette année 2013, l’histoire a cessé d’être un simple balancier pour devenir un boomerang. Contre toute attente, ce retour inattendu du clivage togolais en plein visage des acteurs politiques force chaque personne, le chef de l’État togolais en particulier, à refaire ses comptes avec ses compatriotes devenus très exigeants. C’est l’ultime dialogue, notre Ultimate Togolese Dialogum intérieur et extérieur, loin du sursis accordé jusqu’à maintenant à tous les imposteurs qui pensent, sans aucune compétence politique audacieuse de ces temps nouveaux, qu’ils peuvent tromper le peuple togolais tout le temps. Rien n’est moins sûr! Il est donc temps de faire un autre Togo, un Togo courageusement d’avenir, un Togo ambitieux, un Togo simplement démocratique. Pas moins! Pour y parvenir, c’est l’occasion d’un ultime dialogue avec son peuple, le dialogue du feu de la vérité.


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 20/02/2013 à 06:00



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