Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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Quelle histoire que cette élection particulière au Bénin? Un président sortant totalement défaillant, le Boni Yayi, qui impose un Premier ministre pour faire taire toutes les ambitions légitimes autour de lui en y voyant la manière de s’assurer d’un retrait tranquille. Je réfléchis à haute voix et sur le chaud…L’infortuné Lionel Alain Louis Zinsou-Derlin se retrouve ainsi parachuté dans une mare béninoise dont il n’était pas familier; obligé qu’il est de devoir troquer ses costumes 3 pièces pour des tenues locales pour faire mieux Béninois en plus de déployer son vieux père sur les chemins de sa campagne électorale. Sans avoir fait ses classes politiques de manière régulière, et ne pouvant se fier à la réputation ternie de son mandataire ni à la grogne à peine contenue des cadres de son parti politique d’accueil, les Forces Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE), le brave Lionel n’avait de choix que de se donner des alliés. Ce soutien intéressé est donné par le vieux baroudeur librevillois de Porto-Novo, Adrien Houngbédji, et le jeune renaissant et ami Lehady Soglo. Le résultat de tout cela en termes de test électoral ne donne pas la certitude des lendemains enchanteurs, selon les tendances lourdes du premier tour : Lionel Zinsou 28,44 %, Patrice Talon (24,80 %), Sébastien Ajavon (23,03 %), Abdoulaye Bio Tchane : 8, 79 % et Pascal I. Koupaki : 5, 85 %. Pour être compliqué, ce résultat nous en a servi toute une combinaison intrigante qui ne rend pas nos choix faciles. Curieusement, les choix instinctifs qui auraient été miens, en dehors de l’amitié avec Lehady qui n’est pas lui-même candidat, des choix et probablement meilleurs pour le Bénin sur la base des capacités professionnelles de gestion d’État sont les trois recalés probables : 1. Pascal Koukpaki, un autre ami d’une quinzaine d’années dont les capacités rassemblées aux côtés d’Alassane Ouattara au FMI, à Washington où je l’ai connu sont indéniables. Pascal a dirigé les gouvernements Yayi jusqu’à dernièrement à leur brouille. Il aurait fait un chef d’État intègre et vitement opérationnel pour le Bénin. 2. Abdoulaye Bio Tchane qui est passé par le Fonds et possède une très bonne réputation également, en plus d’avoir été aux Finances du Bénin ainsi qu’à la BOAD. 3. Sébastien Ajavon pour son enthousiasme et ses réalisations d’homme d’affaires sur le terrain; un pragmatique, sans aucun doute. Son résultat est plus qu’élogieux : un faiseur de roi tout aussi probable. Voilà que mes choix naturels ne sont pas en lice. Comme d’autres Béninoises et Béninois davantage concernés que moi, il va falloir choisir coûte que coûte, vaille que vaille. Le parachutage de Lionel Zinsou m’est encore difficile à accepter, et très peu équitable. Pour autant, serait-il meilleur gestionnaire de l’État béninois? Rien n’est moins sûr! Son bagage de banquier d’affaires est resté trop privé, et sa pratique d’État trop sommaire pour ne pas dire éloignée. Mais un esprit enthousiaste et une volonté réelle de développer son pays, même si le programme d’action semble bien avoir été fait à la hâte au point de ressembler à un catalogue. Chez Patrice Talon, son côté rebelle est à relever et à valoriser. Il a su s’opposer aux manœuvres de son ami Boni Yayi et déjouer son intention de changer la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. Une crise au Bénin aurait été la catastrophe. Ce courage et cette opiniâtreté sont annonciateurs d’un engagement et une force de caractère utiles au développement. Homme d’affaires de succès, Patrice Talon ne manque pas d’une suffisance dérangeante par moment. S’il est bon négociateur et digne homme d’affaires, il aurait déjà conclu des ententes avec les autres recalés. Et c’est bien ce que nous allons découvrir prochainement. Le moindre mal pour le Bénin? Le courage ne me manque pas, la rationalité d’ailleurs. Alors, quelques appels téléphoniques à Cotonou devront m’aider à voir clair et préciser certaines perspectives qui m’échapperaient encore. En attendant, je savoure l’idée de voir partir ce vrai plaisantin de Président que reste Boni Yayi. Horizon
Rédigé par psa le 08/03/2016 à 04:00
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