Solidaire du ridicule et de la naïveté? Non, solidaire de la raison!
Naturellement, la non-qualification de la plupart des chefs d’État africains sur les questions de démocratie ou encore leur dépendance financière ou sécuritaire vis-à-vis des Kadhafi, rendait leur syndicat qu’est devenue l’Union Africaine, pratiquement inopérante, car cacophonique, calamiteuse puis caduque au niveau de la diplomatie et surtout du devoir démocratique que cette institution doit, désormais, aux peuples africains.
Principalement au nom de la solidarité africaine, une telle catastrophe doit perdurer. C’est ce que nous suggèrent certains de nos amis, Africains et Africanistes, anti-impérialistes connus et reconnus. Non merci! Désolé pour vous, c’est non; c’est même un gros non, clair et sans équivoque.
Que notre « non merci!» soit même entendu que, désormais, ce sera : « Qui veut la démocratie prépare la guerre ». Malheureusement! Il nous faut désormais préparer « La guerre sans l’aimer », la guerre comme nous ne l’aimons pas et ne l’avions jamais souhaité, la guerre, la juste guerre malheureusement, la guerre de la paix, la sainte paix en Afrique, notre tardive Pax Africana de la démocratie et de la dignité humaine.
De toutes les façons, si ce n’est pas la guerre ce sera le Ridicule qui nous tuera. Tout pacifiste qu’il est, le Ridicule finira par changer de camp –de bon droit, pour nous tuer. Même le Ridicule est fatigué de nous : las de nous voir incapables d’adhérer à la dignité humaine, las de notre incapacité à écouter nos concitoyens, las de ne pas avoir d’intérêt et refuser aux autres d’en avoir, las de nous plaindre et de nous complaindre pour tout et pour rien, las de nos inutiles tergiversations et de nos décevantes afro-chicaneries. Las de tout cela, le Ridicule finira par nous tuer; et non pas Nicolas Sarkozy, pas Barack Obama, pas David Cameron et pas d’autres qui savent ce qu’ils veulent et sont fiers défendeurs de leurs intérêts.
Seulement pour ces temps derniers et prochains, nous en connaissons des Burkinabès, Camerounais, Congolais et bien d’autres Africaines et Africains qui aimeraient bien que dans leur pays, les votes traduisent véritablement leur désir d’être gouverné par des dirigeants de leur choix. Depuis tout le temps qu’on en parle… Hélas! En Libye, il n’y avait même pas de votes, pas d’élections respectables. Le roi des rois connaissait le désir éternel et définitif de son peuple : lui et ses enfants, bien sûr. Le voilà parti. Seulement parce que la manière n’y était pas, devrions-nous nous replier sur nous-mêmes et être en réserve de la démocratie?
De grâce, ne nous trompons pas de solidarité. Solidarité de peau, de race, « là n’est pas la question n’est pas là » dirait-on ici, sur les bords du Saint-Laurent. Et l’autre de préciser depuis les rives du Sénégal: « Certes la solidarité raciale existe mais elle est suggestive. Cela est si vrai que la solidarité raciale n’a pas empêché les assassinats, les détentions illégales, les emprisonnements politiques des dynasties régnantes d’aujourd’hui en Afrique noire », en Afrique tout court. Autant de faits qui font que notre solidarité est davantage humaine, celle de notre seule race par ailleurs, comme nous l’enseigne toujours Cheick Anta Diop; une solidarité de la raison avant celle de nos émotions.
Chaque dictateur africain qui s’en va est un pas en avant vers la démocratie, un pas vers la dignité africaine. Et c’est l’essentiel! Pour la manière, on en reparlera sûrement, autant que pour nos pleurs éternels depuis plus de cinquante ans, parce que nos âmes seraient vertueusement non impérialistes. En attendant, un dictateur de parti est véritablement une dignité de conquise. C’est en cela que la Liberté pour la Liberté, la liberté pour le développement et le respect restent une valeur qui toujours aura un prix minimum à nos yeux, un prix commençant par celui de l’abandon de notre naïveté et de notre sifflotant candeur, pendant que tout bouge autour de nous. À cinquante ans, « Afrique, lève-toi et marche! » Tombe, mais relève-toi et marche, Afrique. « L’heure de nous-mêmes » a plus que sonné, c’est désormais le glas qui sonne pour un réveil démocratique de toutes les nations africaines.