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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




La scission, vendredi, de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvoorde boucle la première étape de la réforme de l’État fédéral belge. Le démantèlement de la Belgique?Toujours est-il que le premier ministre doit veiller à ce que les nationalistes de la Nouvelle alliance flamande ne détournent pas à leur profit la décentralisation. La fête nationale belge de ce samedi 21 juillet n’est pas pour autant de tout repos…


Juste à côté... Encore raté?
Juste à côté... Encore raté?



En dehors de Bruxelles, la Belgique officielle bilingue n’est plus. Avec le vote, vendredi, de la scission de l’arrondissement judiciaire et électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) – jusque-là sous la compétence conjointe des deux communautés linguistiques francophones et néerlandophones –, le Plat Pays se réveille cette semaine, sur le papier, davantage coupé en deux.

Approuvée vendredi par 106 voix contre 42, la séparation de ce territoire d’une cinquantaine de municipalités entre la région de Bruxelles-Capitale (19) et la Flandre (35) est incluse dans le premier paquet de lois sur la réforme en cours de l’État fédéral belge. Mais elle est, de loin, la mesure la plus symbolique, car les nationalistes flamands la réclamaient depuis l’émergence du nationalisme dans les années 60.

Le principe du «chacun chez soi» prévaut désormais, puisque la scission de BHV réduit à six le nombre de communes «à facilité» où les habitants pourront bénéficier de services administratifs et judiciaires dans les deux langues, et continuer de voter soit pour des candidats francophones bruxellois soit pour des néerlandophones du Brabant flamand.

L’étau géographique de la Flandre se referme donc davantage sur Bruxelles, où le Front de défense des francophones, une émanation du parti libéral, s’opposait à cette scission, destinée, côté flamand, à obtenir une homogénéité linguistique de la périphérie et à stopper l’émigration de Belges et d’étrangers de langue française. Boucler cette étape était en revanche indispensable pour avancer dans la réforme de l’État en faveur de plus d’autonomie des trois régions – Wallonie, Flandre, Bruxelles-Capitale –, comme s’y était engagée en septembre 2011, après 540 jours de crise politique et de gouvernement «en affaires courantes», la coalition conduite par le chef du gouvernement socialiste francophone Elio Di Rupo.

Point important, le cas Bruxelles-Hal-Vilvorde est toutefois loin de clore les revendications des nationalistes flamands et le démantèlement progressif de l’État fédéral. Ce premier paquet de réformes, qui prévoit, outre la scission, ¬la réorganisation de l’arrondissement judiciaire de BHV (des juges francophones continueront de siéger dans les villes rattachées à la Flandre), le refinancement de la région bruxelloise chroniquement endettée et de nouvelles règles de désignation des maires dans la périphérie, ne s’attaque pas, en effet, aux transferts important de compétences vers les ¬régions et à la future loi de financement, sur lesquels des négociations doivent reprendre à l’automne. L’objectif, pour la coalition de six partis ¬(trois francophones, trois néerlandophones), reste de boucler l’intégralité des réformes d’ici au début de 2014.

L’autre défi, pour le discret mais habile Elio Di Rupo, est de ne pas laisser la Nouvelle Alliance flamande (NVA) détourner à son profit cette décentralisation. La NVA, emmenée par son populaire leader Bart De Wever, était arrivée nettement en tête en Flandre aux législatives de juin 2010, avec 28,2% des voix. Elle s’est ensuite installée dans l’opposition, en estimant que l’accord de coalition sur les réformes fédérales était insuffisant.

Elle a d’ailleurs, vendredi, voté contre le premier «paquet» et se positionne comme le porte-parole d’une Flandre encore plus autonome, en route vers une quasi-indépendance, pour les élections régionales et municipales d’octobre prochain à l’issue desquelles Bart De Wever espère conquérir Anvers.

Beaucoup prédisent en Belgique que le Wallon Elio Di Rupo – dont la région d’origine, endettée et en panne de croissance, est encore plus sous pression à cause de la crise financière – va dès lors s’employer, dans les mois à venir, à démontrer à l’électorat flamand qu’il tient ses promesses et que la Belgique unie conserve tout son sens en pleine crise de l’euro.

L’homme, fils d’immigrés italiens et maire de la ville de Mons, proche de la frontière française, a, depuis son arrivée au pouvoir, fait beaucoup d’efforts pour améliorer son néerlandais et éviter les polémiques linguistiques. Il s’est aussi, sur le plan social, positionné davantage au centre en arguant du fait qu’il dirige une coalition gauche-droite avec les conservateurs et les libéraux.

Symbole: au lendemain du vote sur la scission de BHV, le premier ministre a été acclamé samedi aux fêtes de Gand, où il était invité d’honneur. La fête nationale belge, le 21 juillet, sera aussi suivie de près pour deux raisons: la controverse suscitée, le 11 juillet dernier, par la commémoration par la NVA de la bataille des «éperons d’or», sorte de fête nationale flamande, et le suspense sur une possible abdication en 2013 du roi Albert II, perçu comme très proche des francophones, en faveur de son fils Philippe, moins marqué. ||||||||Richard Werly



Silence


Rédigé par psa le 15/07/2012 à 20:26