Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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La prolifération de la mauvaise foi, de la surenchère et de l’invouloir politique au Togo fait désormais le lit du mauvais infini. Le « mauvais infini » dont parle Jan Patočka est la répétition, à l’infini, de la même certitude mensongère ou délibérément perfide. Avant la « révolution de velours » tchèque, ce constat implacable faisait légion; il aurait pu être celui du Togo actuel, car le diagnostic est aussi évocateur : « le régime honni conduisait à voir dans le mensonge et dans la peur les deux relais essentiels entre la violence d'État et la corruption de l'opinion publique ». Il faut percer ce mauvais infini dont s’empare une opposition préhomogène et prérépublicaine, toujours ensorceleuse de tout et pourfendeuse d’autres que soi.
Hommage à Glenn Frey, The Eagles: Hotel California ou le contraire du Mauvais Infini
Dans le mauvais infini togolais, la réalité ne s’en trouve pas changée, mais il est loisible de mêler abondamment le faux au vrai, loisible de noyer le poisson à tous les coups de gueule et à toutes les sauces, de toujours tourner le dos à l’éthique républicaine. Il se dit encore au Togo, et l’on tente de s’y accrocher par tous les moyens au prix d’y mêler l’histoire des « Nationalistes » et des « Progrès », que la léthargie démocratique serait due à un face-à-face éternel qui pourtant existe dans tous les pays sans jamais empêcher l’éclosion de la démocratie. Que dire alors des « Conservateurs » et des « Progressistes » ambiants? Motus et bouche cousue! Toujours plus bas, le mauvais infini fait même dire que Jean-Pierre Fabre et l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) qu’il dirige, soient si incapables de réunir l’opposition au Togo qu’il est préférable de créer son propre parti politique et surtout ne jamais se laisser rassembler par ce chef de file de l’opposition, particulièrement à la veille des grands rendez-vous électoraux. Le mal togolais est donc ce mauvais infiniment complaisant qui toujours se dérobe à une vérité aussi simple que percutante : le pouvoir présidentiel togolais –nommément Faure Gnassingbé et ses obligés-, n’est pas ouvert à l’alternance démocratique réconciliatrice, et l’opposition républicaine togolaise, née en 2010, n’est nullement responsable du retard démocratique. En 2010, il y a eu véritable rupture dans le leadership de l’opposition –un nécessaire parricide politique, tellement édifiant que Gilchrist Olympio est aujourd’hui abonné au pouvoir présidentiel togolais resté fondamentalement liberticide et antidémocratique depuis cinquante ans. Dans un tel univers, on ne peut se tromper de cible : le vilain et le malin génie sont restés confondus et ils logent au cœur du pouvoir présidentiel togolais en régnant par la terreur sur des populations silencieusement décidées. Alors, il ne peut y avoir d’analyse juste et désintéressée si toutes ces nuances ne sont sériées et apportées à la solidité des raisonnements. Certes, il n’y a pas de démocratie sans élection. Or, les élections au Togo sont des simulacres autant que les vingt-cinq dialogues et accords signés avec un pouvoir présidentiel continu, de père en fils, qui n’est pas prêt à s’ouvrir au respect de la volonté populaire. Pour autant, nul ne peut se permettre au Togo de boycotter encore une seule élection en faisant usage du faux dans des principes qui ne collent pas à la réalité politique togolaise de l’heure, et laisser ainsi le champ libre à d’autres impostures : il y a aura toujours des candidatures pièges locaux, des constitutionnalistes lièges importés, des observateurs sonnants trébuchants pour servir la contrevérité des urnes et desservir le peuple togolais. Et après seulement, les démocrates n’auront que leurs yeux pour pleurer Constitution et Réformes engagées sans eux. Non seulement qu’il ne faut plus boycotter des élections au Togo, pire, à tout autre dialogue il faut se présenter avec autant de rigueur et de flexibilité qu’exige le devoir impératif du passage de tout pays à une démocratie non frelatée. Il arrive effectivement que le mauvais infini ne triomphe pas toujours, en politique comme dans la vraie vie, même dans un État Patapa comme le Togo; la « révolution de velours » autant que la fuite inattendue de Blaise Compaoré nous instruisent encore et encore. Même pas ébranlés par ces terroristes de Ouagadougou, si ce n’est le dégoût, aussi la compassion avec les victimes! Ainsi, tous ces mouvements de pensée qui sans cesse tournent et se retournent, tous ces essais besogneux qui rêvent le Togo autrement qu’il ne soit de vérité dans la désignation du mal togolais qui toujours oscillent entre « la violence d'État et la corruption de l'opinion publique » nationale et internationale, toutes ces tentatives d’ébranlement qui ne possèdent aucune volonté de construction collective d’un autre lendemain politique, tout cela nous renseigne et nous enseigne une seule chose : la solidarité des démocrates autour des courageux porteurs de l’action politique authentique sur le terrain, les refusards de la compromission récurrente, celles et ceux qui sont inébranlables à mener le difficile combat fidèle à notre conviction de dire non à la servitude antidémocratique qui persiste au Togo et dans une certaine diaspora en mal de réussite pastiche et de parodie postiche. Cette lutte pour la démocratie et la réconciliation de tous les citoyens du Togo n’est pas finie tant que ce n’est pas fini. Diplomatie Publique
Rédigé par psa le 20/01/2016 à 01:00
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