Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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Thierry Decker, Pensée
Je pensais prendre quelques jours de pause réflexive… Chose difficile lorsque l’on est et ne reste que Togolais, c'est-à-dire simple humain imparfait et pouvant succomber à tout, même à la tentation de dire, d’écrire. Au Togo, on peut constituer une personnalité juridique, créer un parti politique et recevoir un récépissé. Drôle de nom! Un récépissé! Juste une reconnaissance, un reçu, peut-être une acceptation mais surtout pas un nom très excitant pour vouloir créer un parti politique au Togo. Un récépissé, un reçu, c’est ce que délivre un ministère de l’intérieur qui a tout de même pris le temps de devenir ministère de l’administration territoriale en reconnaissance de la naissance d’un parti politique au Togo. Avouons que c’est archaïque et très colonial. La chose m’a toujours frappé qu’un document sous forme d’Acte constitutif, bien présentable ne soit pas délivré comme véritable Acte de naissance, une Lettre Patente marquée d’un sceau symbolique comme disent et savent le faire nos amis anglophones.
Ben oui! Nous ne sommes pas anglophones et n’avons pas le droit d’être créatifs. L’administration coloniale avait sans doute utilisé cette dénomination à un moment donné, alors tout indépendant de cinquante années que nous sommes, nous devons conserver le même nom récépissé. C’est comme ce temps où, au lendemain du portrait officiel du général Charles de Gaulle devant une bibliothèque, la mode en Afrique pour les chefs d’État africains fut de faire leur photo officiel avec des livres derrière eux, parfois même devant, une main dessus. Nous sommes pratiquement dans cette situation de récépissé aujourd’hui. Et quel récépissé cinquante ans plus tard! Un entête ministériel avec des émargements de chaque direction et un secrétaire général pour terminer, comme dans les temps anciens et reculés. Avec ça on fait pays et administration publique? Ça fait dur, dirait-on en québécois. Mais en même temps, dans mon pays, dans cette même administration publique, on claironne que la Chine aide à établir un gouvernement électronique, le fameux e-gouvernement qui nous dit-on, en reprenant une dépêche dont la source n’est pas citée : « Le e-gouvernement ou administration électronique se caractérise par l'emploi des technologies de l'information et de la communication pour améliorer la communication et l’efficacité entre usagers et administrations ou entre les administrations entre-elles. Cette technologie permet d’obtenir de meilleurs rendements des services publics en termes de délais, de qualité, et de productivité. Dans certains pays, il est ainsi possible d’obtenir par Internet des documents administratifs certifiés, de payer ses impôts ou de modifier des projets de lois en ligne comme, par exemple, en Estonie. Les pays le plus mûrs en e-gouvernement sont le Canada, les États-Unis et Singapour. L’Afrique est pour le moment à la traîne. L’accord entre le Togo et la Chine pourrait faire de ce pays d’Afrique de l’Ouest l’un des premiers à adopter l’administration électronique. » Il est vrai que lorsque l’on chemine dans le contexte canadien on trouve vraiment que l’administration de notre pays est très loin du compte et qu’il faudra que le ministre ne signe pas la convention de 25 millions de dollars de prêts pour prendre le temps… Prendre le temps, avant même de travailler avec « le géant des télécoms Huawei » sur fibre optique et autres, prendre le temps d’une administration débarrassée de la non-créativité. J’ai eu la confidence que le Premier ministre togolais « se plaignait » du fait que l’on ne pouvait pas se communiquer, de ministère à ministère, dans un réseau national togolais ; chaque personne devant utiliser son Yahoo, Hotmail et autres. Ce ne n’est pas une réponse à ce diagnostic fait par le PM… On nous parle de fibre optique lorsqu’il est impossible pour deux ministres, deux fonctionnaires de communiquer sur un réseau fiable et sécuritaire. Et, rien ne permet de croire que le géant chinois Huawei qui semble avoir amené le financement de la China Exim Bank en même temps que ses services saura livrer un bon produit lorsque que nous savons toutes les difficultés que nous avons maintenant à joindre le Togo de l’extérieur. Pourquoi donc je m’intéresse à cette affaire ? Je me le demande moi-même. Le fil était trop gros pour m’échapper sans doute. J’avais pris un petit détachement reposant et voilà qu’au retour sur notre togosphère, le site officiel du Togo parle du Togo à la troisième personne, comme un pays quelconque de l’Afrique de l’ouest : « L’accord entre le Togo et la Chine pourrait faire de ce pays d’Afrique de l’Ouest l’un des premiers à adopter l’administration électronique.» Et ce n’est pas tout : cette affaire de récépissé me fatiguait aussi et me rendait malade pour un document politique si important. Voilà que c’est dit… Cela changerait-il quelque chose? Pas sûr cette fois-ci! Mais je sais que bien d’autres observations font mouche; celles-ci, pas sûr… Mais, on ne sait jamais… Mot à Maux
Rédigé par psa le 08/11/2010 à 01:32
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