Tout ce qui était « travaux de voirie » à Montréal était l’objet d’une corruption entretenue par la mafia. Luc Leclerc, ingénieur à la retraite et appelé à la barre de la Commission Charbonneau –la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, déclare même que la corruption faisait bel et bien partie de la «culture d'entreprise» à la Ville de Montréal. Depuis que Luc Leclerc y était rentré en 1990, rien n’a changé jusqu’à son départ en 2010; au contraire en 2000, particulièrement, tout s’était intensifié.
À la différence du maire de Montréal, Luc Leclerc se souvient de tout, de pratiquement tout. Son premier Noël était édifiant : des camionnettes arrivaient «Deux-trois fois par jour, pendants plusieurs jours» remplies de cadeaux au nom des fonctionnaires de la ville. En tout temps, les cadeaux pleuvaient de tous les côtés. Voici d’ailleurs ce qui est rapporté par radio-canada:
Luc Leclerc raconte qu'à son arrivée à la Ville de Montréal, en 1990, il a été « estomaqué » de constater le copinage entre les entrepreneurs et les employés des travaux publics. Les entrepreneurs, a-t-il raconté, payaient la participation au tournoi de golf qui était pourtant organisé par les travaux publics. À la fin du tournoi, les entrepreneurs donnaient des cadeaux à tout le monde.
Luc Leclerc a raconté qu'à la défunte Communauté urbaine de Montréal (CUM), où il travaillait avant, son patron s'était offusqué lorsqu'un entrepreneur avait voulu agir de façon similaire.
« À la Ville, c'était complètement différent. Je me suis adapté », a commenté le témoin « Quand on va à Rome, on fait comme les Romains », dit Leclerc.
« C'est bien plus facile d'accepter la bouteille de vin que de la refuser », a-t-il ajouté, en précisant qu'il aurait été « isolé » s'il avait refusé de faire comme les autres.
« Moi je voulais me fondre dans le groupe, alors j'ai fait comme les autres. Et ce n'était pas désagréable », a-t-il déclaré avec la candeur qu'il affiche depuis le début de son témoignage.
Luc Leclerc affirme que l'existence d'un système de collusion faisait l'objet de rumeurs persistantes depuis les années 2000. Selon lui, les entrepreneurs et les fonctionnaires parlaient ouvertement de ça, notamment lors de tournois de golf.
Il a aussi dit qu'il avait entendu parler que le clan mafieux Rizzuto recevait une part de 2 % à 2,5 % de certains contrats et qu'une autre tranche de 3 % était versée à des politiques, mais sans pouvoir en dire davantage.
Le maire de Montréal, diplômé de l’université Harvard et ancien adepte de la théorie des grappes de Michael Porter ne pouvait pas savoir : tout convergeait vers lui et vers son cabinet où officiait son homme de confiance, le comptable Frank Zampino. Et les grappes de la corruption étaient formées autour des entreprises dont les dirigeants trônaient autour des fonctionnaires de la ville et des conseiller du parti politique du maire Tremblay; ce sont les entreprises bien-nommées suivantes : Que-Mar Construction, Les Excavations Super, Les Pavages Hampstead, Construction Mivela, Pavages CSF, Pavages ATG, Salvex, Simard-Beaudry Construction, etc.
Désormais, la messe et dite pour le retrait de Gérald Tremblay de la gestion de la ville de Montréal. Dans une société de droit, il y a effectivement primauté de l’éthique, il y a prépondérance de l’éthique sur le droit. Le Montréal Mafia a assez duré et, plus personne ne veut jouer dans ce film. À d’autres!