Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Gilles Rousset, Nu fauviste sur dos... Face au destin
Gilles Rousset, Nu fauviste sur dos... Face au destin

La tentative d’attentat qui a eu lieu le jour de Noël dans un avion à destination des Etats-Unis a donné le désagréable sentiment d’un éternel recommencement. Les inspections de plus en plus tatillonnes qu’ont à subir dans les aéroports les Américains comme les passagers du monde entier; les listes interminables de suspects potentiels (sur lesquelles figurait bien le nom du jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab); les millions d’empreintes digitales recueillies par les services de sécurité américains… Tout cela n’y pourra rien. Même la collaboration du propre père du jeune «djihadiste» n’a pas été suffisante. Après s’être nichée dans un simple cutter, dans les ceintures, dans les semelles des chaussures ou dans les tubes de pâte dentifrice, «l’inventivité» des candidats au terrorisme continuera toujours de bénéficier d’un coup d’avance. Obama est face à un mandat encore plus exigeant dont l’an II commence bien ce mardi par une réunion stratégique sur la Sécurité. Un face-à-face avec une réalité tenace

Mais à ce sentiment correspond surtout son double sur le grand théâtre des relations géopolitiques. En annonçant, après des mois d’hésitation, l’envoi de dizaines de milliers de renforts américains en Afghanistan, Barack Obama en donnait une indication parfaitement transparente. Le décalage sautait aux yeux: il s’agissait de justifier le renforcement d’un combat, vieux de huit ans déjà, contre les «ennemis de l’Amérique» nichés dans les montagnes afghanes. Mais c’est le Pakistan qui apparaissait de manière bien plus centrale dans le discours du président. Et, au-delà, c’étaient d’autres pays qui pointaient encore: la Somalie, en état de décomposition profonde, ainsi que, de l’autre côté du golfe d’Aden, le Yémen, cette nouvelle base arrière d’Al-Qaida, dans laquelle le jeune prétendant à la guerre sainte avait acquis son matériel explosif ainsi que les instructions visant à l’utiliser.
Aujourd’hui, les républicains ont beau jeu d’accuser le nouveau président de ne pas avoir pris la menace au sérieux. Autant le système actuel de sécurité dans les aéroports que la longue déchéance solitaire du Yémen trouvent en partie leur origine dans les décisions de l’administration Bush. Mais la dénonciation par la Maison-Blanche de cette «hypocrisie», elle non plus, n’y pourra rien. Barack Obama, s’il veut survivre politiquement, devra sans doute donner du muscle face aux récriminations. En tournant la page des années Bush, la majorité des Américains croyait avoir offert au monde un gage de réconciliation. Alors qu’Al-Qaida continue d’envoyer ses kamikazes, elle considérerait désormais toute attitude conciliante comme un insupportable signe de faiblesse.//////Luis Lema


Mot à Maux


Rédigé par psa le 05/01/2010 à 06:01
Tags : Obama Terrorisme Yemen Notez



Bertram Brooker, Le nu canadien
Bertram Brooker, Le nu canadien
Nulle part au monde, pas plus au Canada qu'ailleurs, les élections n’ont constitué des solutions aux problèmes politiques de grande envergure, particulièrement en l’absence de démocratie. Elles ne feront donc pas de miracles en mars prochain ni à Madagascar ni au Togo qui font face, tous les deux, à des réalités politiques assez contrastées dans lesquelles les paramètres d’analyse sont souvent brouillés par une certaine lassitude qui ne tarde pas à prendre le contrôle des esprits en commande de ces pays. Le pari d’Andry Rajoelina de nommer Albert Camille Vital comme nouveau Premier ministre à la place d’Eugène Mangalaze désigné le 6 octobre 2009 par consensus entre les différentes mouvances malgaches, est une pure défiance de la logique politique. Cécile Manorohanta n’a donc assumé la fonction de premier ministre que pour quelques heures. De la part du chef d’État intérimaire Rajoelina dont la vivacité d’esprit et l’impatience sont connue de tous, même s’il faut avouer que certains le prédisaient; ils n’avaient donc pas tort. La seule question qui se pose tout le monde est maintenant de savoir comment le TGV passera les nombreuses frontières que constitue la barrière diplomatique internationale qui lui a déjà fait essuyer des revers proches de l’humiliation face à son entêtement. Madagascar serait-il sur la voie royale du Togo longtemps mis au banc des accusés et auquel toute assistance internationale avaient été refusée? Personne n’est obligé de répondre à cette question dans la précipitation tégévéenne. Prenons donc le plaisir d’y méditer en voyant les choses se préciser. Étonnant pari politique que ce rapide tournant électif malgache, tout de même ! Au Togo, on va plutôt très lentement, tout doucement. On va à ce rythme au Togo parce que Faure Gnassingbé doit faire du ménage politique, aussi bien dans ses propres rangs -particulièrement dans son parti le RPT, chez les militaires et ses conseillers qui n’étaient pas forcément les siens ; les mauvaises langues ajouteraient dans sa propre famille aussi, mais personne ne connait ses réelles intentions pas plus que lui-même d’ailleurs ne sait quoi faire de certains membres de sa famille actuellement- que chez ses adversaires politiques –notamment le redoutable et populaire Gilchrist Olympio mais non moins incompétent homme politique et ces vestiges récupérateurs du réveil démocratique togolais qui ont suffisamment montré de leurs limites pour mériter retraites et félicitations, Léopold Gnininvi et Yawovi Agboyibo notamment. Il est vrai que lorsque l’on a été mal élu et que l’on en est conscient comme Faure l’est lui-même, lorsque l’on a tant de poussière à enlever chez soi et chez les autres, on peut rapidement ajouter à la confusion en opérant sans méthode. Mais il demeure que Faure manque d’audace face aux réalités et défis du Togo. On ne peut aller aussi lentement sur une voie de grande vitesse qu’est la conduite des affaires de l’État. À l’analyse, Faure est allé aussi lentement et aussi longtemps qu’il avait la maitrise relative de son environnement politique ; il roupillait pratiquement au volant jusqu’à ce qu’il se fasse klaxonner par deux téméraires politiciens : Kofi Yamgname et Agbéyomé Kodjo. Ces derniers sont devenus les deux valeurs inconnues dans l’équation politique qui se posait à Faure jusqu’à maintenant. Agbé et Kofi sont devenus des inconnues stratégiques à cause de leur audace, certains diront leur témérité et leur fronde à la David. Les lendemains d’élection avec les Olympio, Gnininvi, Agboyibo, Gogué, Lawson et autres, ça c’est du connu, c’est la même bande à mater. Mais vous êtes Faure, vous dormiez et ce ne sont plus les gars à Gil qui font du bruit à la porte, le même bruit et la même musique connus de vous et qu’ils chantent d’ailleurs de très loin pour s’annoncer à vous. Vous ne pouvez plus dire comme d’habitude : « Continuez, je dors ou si vous voulez allez-y voir Blaise à Ouaga ». Mais, ce sont deux hommes, manifestement habiles, qui se chuchotent à peine et s’affairent à introduire différentes clefs dans la serrure de votre chambre. Dormirez-vous encore en Père Noël et pour une bonne partie de votre mandat? Il y a sans doute des problèmes à reconnaitre et à régler tout de suite… bien avant les élections et qui les justifieront par ailleurs. À partir de ce constat et sous d’autres considérations également, et cela est vrai, certains autres prônent l’inutilité même des élections présidentielles au Togo. Le GRAD (groupe de réflexion er d’action pour le dialogue, la démocratie et le développement) lui en demande le report. Cette demande est supportée par plusieurs raisons dont l’essentielle est sans doute le constat que « La crise togolaise est une crise politique qui comme telle doit être réglée politiquement. » Donc, en ces quelques semaines devant, la crise politique au Togo ne saurait être résolue, mieux le Grad a trouvé réponse elle-même à la question qu’elle semblait nous poser : Faut-il s’attendre encore à un accord politique après le scrutin de 2010 ?

Adrien Hébert
Adrien Hébert
Tout en redoutant le OUI à cette question, tout en rejetant cette réponse positive dans tout son raisonnement, voilà que Dr Victor Komlan Alipui arrive fatalement à ce constat : Oui, il faut s’attendre encore à un accord politique après le scrutin de 2010. Une façon tout à fait respectueuse de constater de nouveau que le Grad, dont la noble mission est à louer, fait toujours une étonnante économie de la réflexion à laquelle elle se destine pourtant. Cette erreur constante que fait le Grad dans ces réflexions –qui à la longue finiront par devenir très ordinaires comme la plus banale des trouvailles idéelles émise seulement par une fin de semaine pluvieuse- réside dans cette cécité récurrente à ne pas s’élever au-dessus de partis politiques ; même si le Grad déclare adresser ces recommandations aussi bien aux uns comme aux autres, il ne fait pas la démonstration des bienfaits de ses recommandations pour les uns et les autres, surtout ceux qui pensent trouver avantage dans le statut quo. Les nombreux docteurs et autres respectables qui forment le bureau du Grad doivent enfin comprendre qu’il leur faut faire ce qu’eux-mêmes aiment nommer « une rupture épistémologique » pour aider à proposer une véritable porte de sortie à cette crise politique qui, manifestement, n’est nullement réglée au Togo. Le cas togolais dépasse largement les « Il faut que… » et les « On doit… » ou encore, en ce qui concerne les ONG et autres OSC (organisations de la société civile), leur dire « C’est une mission qui exige… »

Peut-être que je suis de ceux qui attendent un peu trop du Grad qui en fait sans doute assez… Je ne sais pas ! Mais la réflexion a besoin de vraiment s’élever autour du cas Togo par des Togolaises et des Togolais eux-mêmes. Pour l’instant, le résultat tarde à s’élever… cinq années après le fiasco de 2005, vingt ans après les premiers soubresauts démocratiques. Peut-être encore qu’il faudra attendre le ménage fatal qui va s’opérer dans la classe politique prochainement, quelle que soit la période de ces inévitables élections.


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