Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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Youssou Ndour
Aucune plume ne peut s’ébranler sans un arrêt sur les horreurs du moment, et ils sont nombreux : un tueur en série patenté dégainant sur des cibles innocentes sans discernement aucun en France, une trentaine de morts dont de candides enfants belges de 12 ans de vie seulement sur le chemin de retour des vacances d’hiver en Suisse, des centaines de citoyens morts à Brazzaville parce que fauchés par une poudrière d’armements d’État qui n’avaient pas leur raison d’être au cœur de la population à Mpila, des milliers de résistants encore poussés à la sauterie par un féroce régime syrien fermé à toutes les sollicitations, etc. Le drame! La tragédie! L’inquiétude…
Une autre forme d’inquiétude traverse de nouveau nos entrailles en cette veille du deuxième tour des élections présidentielles; elle est du domaine des principes. Sur la courte liste des pays africains francophones qui peuvent valablement prétendre au cercle des États démocrates, le Sénégal sert encore de laboratoire. En allant contre cette valeur démocratique à travers sa candidature aux présidentielles, le président Wade a fait l’unanimité contre sa personne. Il a aussi fait la preuve que le droit et le juridisme ne sont pas au-dessus de l’éthique. Parce que le président Abdoulaye Wade s’était pratiquement moqué de l’éthique politique dont tous les dirigeants sont redevables à leur peuple, il ne mérite que la sanction des Sénégalaises et des Sénégalais dans leur majorité et à travers les urnes. Ce n’est nullement une question d’âge, encore qu’à 86 ans l’on a mieux à faire après avoir eu la chance de diriger son pays deux mandats durant, sous une constitution ou sous une autre. Avec un brio inqualifiable, Abdoulaye Wade se donne en mauvais exemple à l’univers politique, au moment même où l’Afrique francophone a besoin de meilleures références démocratiques; les expériences maliennes et béninoises sous la gouverne respective d’ATT et de Yayi Boni ont perdu de leur superbe pour plusieurs raisons –dont le leadership endormi de l’un et la fourberie avérée de l’autre, l’Afrique francophone ne peut se permettre la perversion de l’exemple sénégalais qui déjà démontrait les errements éhontés de la dévolution familiale du pouvoir d’un père à un fils. Insulte suprême des Wade à la démocratie; ce que ni le Sénégal, encore moins l’Afrique francophone ne peuvent plus s’offrir par ces temps politiques incertains. À l’horizon, un soulagement toutefois : la convergence des adversaires politiques des Wade. C’est une prouesse politique assez rare que partout ou cette alliance s’était opérée, le ralliement est venu à bout du devancier du premier tour. Toute chose étant égale par ailleurs, la Côte d’ivoire en est un bel exemple, la guerre en moins. Il n’y a plus de place aux plaisantins-démocrates qui toujours falsifient la volonté des peuples en détournant l’une des règles fondamentales de la démocratie diligente, respectueuse et apaisée : l’alternance. C’est au nom de ce devoir d’alternance, c’est au nom du nécessaire passage de témoin après deux mandats consécutifs qu’il faut aider Abdoulaye Wade à partir. C’est en cela que le Sénégal restera cette semence démocratique sans pareil sur le continent africain. Le Sénégal ne doit pas sa démocratie à Abdoulaye Wade et peut bien se passer le lui, vivement, ce dimanche 25 mars 2012. Plus aucune place ne doit être laissée aux plaisantins-démocrates qui peuplent et parcourent l’Afrique sans état d’âme éthique. D’autres défis attendent ce continent qui doit presser le pas et passer à autre chose que la tromperie constamment renouvelée des peuples africains par leurs dirigeants. Horizon
Rédigé par psa le 20/03/2012 à 17:12
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