Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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La dernière pièce de ce puzzle démocratique africain qui interpelle les consciences, elle est gabonaise. Elle a tout l’air d’une vraie comédie aurait dit l’autre, si ce n’était à propos de la tragédie des peuples dépossédés de leurs aspirations, et contraints au compromis par la suite.
Joachim Crima, Obama russe
Voilà qu’au Palais du bord de mer librevillois, notre ami Ali succède à son père Omar. Du moins, les résultats électoraux proclamés nous demandent d’y croire et de nous y faire. De nouveau, la dynastie s’empare de la république par astuce monarchique : « C’est la maladie infantile du multipartisme en Afrique » constate Thomas Hofnung. Naturellement, cette maladie est aidée par des coups de force divers et une opposition encore incompétente et peu aguerrie à la gestion d’une ère démocratique dont elle n’a retenu que les applications théoriques généralement enseignées dans les universités françaises, l’ancienne puissance colonisatrice de ces pays aux parcours si difficiles. Et Jean-Paul Ngoupandé, ancien premier ministre de Centrafrique de conclure, logiquement : « Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle a dû expérimenter des systèmes importés et que, parfois, la greffe n’a pas pris »; trop souvent même cette greffe électoraliste simpliste ne prend, devra-t-il dire. Toujours est-il que les élections multi-partisanes sont détournées littéralement, et servent comme paravent pour légitimer des successions dynastiques impopulaires. Dans biens de pays africains, les élections ne veulent absolument rien dire et ne constituent pas encore la preuve de la démocratie. Barack Obama en disait autant dans ses discours du Caire et d’Accra il y quelques semaines. Ce fut le cas d'un si triste constat de perversion électoraliste en République démocratique du Congo, au Togo également et naturellement au Gabon aujourd’hui. Et tout semble nous faire croire que les Wade travaillent, tardivement mais fortement, pour s’inscrire dans cette logique de la succession dynastique dans un Sénégal qui tente de leur résister. Et on n’en est pas loin des perversions électoralistes ou référendaires dans plusieurs autres pays africains. Dès lors, la question mérite d’être posée : Comment sauver la République des successions monarchiques africaines? Prenons le temps d'y réfléchir...
Dorénavant, nous sommes hors-ligne de la démocratie. Et, de grands pas méritent d’être faits pour ne pas continuer à languir dans les ténèbres rétrogrades du politiquement grotesque qu’à leur tour et à leur corps défendant, les Gabonais expérimentent aujourd’hui et honteusement, eux qui croyaient en être mieux vaccinés que tout autre en Afrique. L’autopsie de la violence très caractéristique de ces genres de situations révèle, de plus, que ce sont les mêmes peuples innocents, naïvement chauffés à blanc par des vendeurs d’espoirs mal organisés qui en pâtissent. Un constat aussi froid ne laisse pas beaucoup de place à la prescription du même chemin de la violence. Au Togo, au Gabon et ailleurs, un seul citoyen de tuer pour l’avènement d’une démocratie rêvée demeurera une mort de trop, au regard des sacrifices déjà consentis par ces populations démunies. On doit pouvoir arriver à cette démocratie autrement que par des tueries et des séances de sauteries programmées. Dès lors, l’espace de responsabilité qui nous reste est relativement étroit et force à un réalisme politique novateur, selon chaque contexte politique.
C’est bien d’un drame qu’il s’agit pour des peuples entiers devant cette démocratie immaîtrisée dont les conducteurs demeurent généralement leurs frères, nos propres frères… Joseph, Faure, Ali et les autres. L’angoisse de la réponse fatale du dialogue, chemin tortueux, parfois malaisé et souvent pénible, devient un tantinet honteux puisque de part et d’autres, dans toute l’Afrique francophone, il n’existe pratiquement plus de régime fréquentable selon les standards de la pure démocratie universelle, depuis que l’expérience béninoise est hautement corrompue par un chef d’État vecteur de la zizanie politique. Cherchez alors un président hors de tout soupçon dans une des républiques de cette Afrique francophone, de Madagascar au Sénégal, de la Guinée au Congo en passant par le Niger, seul le Mali pourrait sauver l’honneur ainsi perdu de partout. Une francophonie africaine de farce et de tragédie démocratique finalement. Surtout lorsqu’ici et là, les populations s’en prennent à la France et à ses intérêts : ce n’est pas peu dire qu’il y a plus qu’un changement de perspective et de modèle à opérer dans cette famille où tout le monde porte à l’envers les habits de la démocratie.
Déjà mal élu –et on ne peut le nier, Ali le fils vient de profaner l’une des pages du testament de son défunt père Omar: celle de « Mains blanches je suis venu; Mains blanches je partirai ». À partir de cet instant où les sceaux de l’innocence gabonaise sont brisés de ses mains d'héritier, il devient nécessaire qu’il s’investisse dans un franc et sincère dialogue pour recoudre le tissu social gabonais généralement apaisé. En somme, tenir réellement sa première promesse d'être «le président de tous les Gabonais (...) sans exclusive»; tout en étant plus que le fils de son père, attentif au vrai changement des meurs politiques au Gabon : « Quelqu'un a dit en un autre temps : "Lui c'est lui et moi c'est moi [C'était Faure Gnassingbé en parlant de son père Gnassingbé Eyadema]." Je ne vois pas où est le paradoxe. Autre période, autre temps. Nous nous inscrivons à la suite de l'héritage. La rupture, Omar Bongo Ondimba l'avait commencée. Avec son discours de décembre 2007 [dans lequel il dénonçait la corruption et la mauvaise gouvernance], nous étions déjà entrés dans un processus de changement. Et de rupture. Ce devoir d'inventaire, il l'a exercé. Nous sommes aujourd'hui totalement libres de mener l'action que les Gabonais attendent de nous. » Loin de la comédie, désormais, s’il vous plaît! Fini ces temps où la bêtise nous allait si bien tous. Nous voulons changer parce que les temps changent. Nous voulons mieux. Nous voulons autre. Et vite! Mot à Maux
Rédigé par psa le 04/09/2009 à 00:18
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