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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le Brésil est devenu un pays crédible et stable sur le plan économique. Il y a plus de soixante-dix ans, le grand écrivain et voyageur Stefan Zweig, désespéré par le cataclysme de la guerre en Europe, rejoint le Brésil, le «pays du futur», écrit-il. Avant lui, beaucoup ont rêvé de ses ressources quasi infinies et même inventé l’utopie d’un nouveau monde à bâtir. Beaucoup en sont revenus ruinés, brisés par des crises politiques et financières à répétition. Que de décennies perdues alors que tout semblait possible, si proche d’éclore… Arrive Lula


Lula comme Lumière… Brésil comme rêve éveillé
Ce dimanche, les élections brésiliennes seront témoins d’un enjeu interne et d’un accomplissement de portée planétaire. Au plan intérieur, sauf surprise, Dilma Rousseff -la baptisée DilmaLula, succédera à Luiz Inacio da Silva, dit Lula, un héros du bas peuple, proche du mythe, qui se retire avec une cote de popularité stupéfiante: 80%. Pour le reste du monde, les années Lula marquent l’arrimage d’un géant dans le cercle des grandes puissances et des pays crédibles.

L’événement est considérable. C’est une bonne nouvelle et l’espoir pour tant d’autres régions du globe. Car il y a huit ans tout juste, le Brésil, ce pays-continent de près de 200 millions d’habitants, n’était encore qu’un convalescent fragile, qui se remettait difficilement de l’inflation galopante et de crises monétaires destructrices. Le prédécesseur de Lula avait fait deux promesses: rétablir la crédibilité financière du Brésil et lutter contre la pauvreté endémique, cette honte d’une croissance qui naît, s’affirme, puis se casse aussitôt en deux.


DilmaLuladasilva
DilmaLuladasilva
À l’arrivée au pouvoir de Lula, les altermondialistes rêvent d’un grand soir, d’une autre politique, résolument anticapitaliste. Il les entend mais, comme de Gaulle en Algérie, il contourne les querelles idéologiques et se montre un redoutable pragmatique. Son gouvernement approfondit les réformes économiques orthodoxes et accélère les programmes d’aide sociale. La monnaie, le real, tient le choc, les taux d’intérêt baissent, les capitaux répondent à l’appel. Lula obtient assez vite la grâce, puis la confiance de ceux qui le redoutaient. L’ouvrier au pouvoir répond tout aussi rapidement aux attentes des plus faibles; il systématise la Bolsa familia (Bourse Famille), ses aides aux familles les plus pauvres. Le bilan d’ensemble force le respect. Près de trente millions de foyers sont entrés dans la classe moyenne. Le Brésil, que la demande en matières premières a réveillé au bon moment, peut enfin compter sur les fruits de la redistribution vertueuse; le marché intérieur s’envole. Une classe moyenne, enfin, existe et prospère. La 8e économie du monde croît à un rythme régulier de 3 à 5% et permet à l’ancien assisté non seulement de rembourser ses dettes, mais de prêter sa fortune au Fonds monétaire mondial. La menace d’une rechute semble improbable

Le Brésil vit un rêve éveillé. Les superlatifs manquent pour décrire la relation fusionnelle qu’entretiennent les Brésiliens avec leur président Lula. A tel point que l’on se demande si le pays saura se passer de lui. Dilma Rousseff, qui lui succédera en janvier 2011, s’emploiera certes à poursuivre l’œuvre de son mentor, mais sans soulever l’enthousiasme. Sur le plan économique, là où on ne l’attendait pas, il est excellent. Au regard de son passé de dirigeant syndical pendant la dictature militaire et de fondateur du Parti des travailleurs (PT), trois fois candidat malheureux à l’élection présidentielle (1989, 1994, 1998), Luiz Inacio da Silva, dit Lula, se présente aux élections de 2002 avec un discours modéré, instruit par ses défaites. Ses emportements passés contre les politiques d’ajustement l’ayant desservi, il cherche à inspirer confiance.

Ministra da Casa-Civil
Ministra da Casa-Civil
La lettre au peuple brésilien du 22 juin 2002 donne le ton: «Le PT et ses partenaires ont conscience que le dépassement du modèle actuel ne se fera pas par un tour de magie»; «Une transition lucide et prudente sera nécessaire»; «Une condition de cette transition sera le respect des contrats et engagements du pays»; «La stabilité, la maîtrise des finances publiques et de l’inflation constituent un patrimoine de tous les Brésiliens.» Le PT entre dans l’ère du pragmatisme et tourne le dos à la recherche d’une alternative au néolibéralisme. Depuis, le tout marche : Le Brésil est devenu un pays crédible et stable sur le plan économique. Marlene et Marcos Antonio font partie de ces 29 millions de Brésiliens qui ont accédé à la classe moyenne depuis l’arrivée au pouvoir de Lula en 2003. Ce sont les conclusions d’une étude de la très respectée Fondation Getulio-Vargas (FGV), basée sur les chiffres de l’Institut brésilien de géographie et de statistiques. Cette fameuse moyenne compte désormais près de 95 millions de personnes, soit un Brésilien sur deux (52%). Une avancée majeure. C’est l’accomplissement d’un homme qui change le monde en deux mandats constitutionnels. La politique reste l’art du possible./////////Pierre Veya, Olivier Dabène et Frédéric Louault

Ad Valorem


Rédigé par psa le 02/10/2010 à 02:02
Tags : Brésil Dilma Rousseff Lula Notez



Une crise persistante, un président noir, un rêve brisé. Les États-Unis vivent la contradiction, l’envers de la liberté, un douteux populisme qui véhicule une supériorité raciale. Vraiment?


Tea Party… Cris d’agonie
Il y a à boire et à manger dans le Tea Party. Comme ailleurs, il a fallu du temps pour que ce mouvement soit pris au sérieux, lui qui court-circuite les partis traditionnels américains en prétendant établir une ligne directe entre les électeurs et le pouvoir. Aujourd’hui, bien qu’il puisse encore être écrasé dans le processus électoral de novembre, le Tea Party s’impose comme la seule force neuve en Amérique.

D’où sort-il? C’est le résultat de la récession et de la formidable rage qui s’empare des Américains lorsqu’ils songent au comportement de leurs élites. C’est aussi la conséquence de la crise financière, du sauvetage des banques et des excès de la finance qui ont conduit des millions de personnes à perdre leur emploi. C’est enfin la crainte d’une perte des «valeurs» de l’Amérique, de la fin de son rôle de modèle envié par le monde entier, la menée de guerres inutiles et meurtrières, la conscience que l’endettement et les déficits rendent illusoire la poursuite d’un rêve que l’on croyait éternel.

D’une certaine manière, l’irruption du Tea Party est le cri d’agonie des classes moyennes américaines, poussées vers la pauvreté tandis que la population la plus fortunée ne s’est jamais si bien portée dans le pays. Les incohérences de son programme politique sont aussi manifestes que l’ignorance de certains de ses leaders, maniant comme une seconde nature le populisme, la démagogie et parfois le mensonge éhonté. Malgré sa bonhomie de façade et le caractère rassurant de cette émanation populaire, le racisme et l’extrémisme sont parfois bien présents.

Or cette flambée populiste américaine ne devrait pas nous paraître si lointaine. Elle fait écho à la poussée de l’extrême droite dans plusieurs pays européens, des Pays-Bas à la Suède. La même crise économique est passée par là, et des craintes comparables se manifestent. L’Amérique, qui se proclame si singulière, et l’est à maints égards, semble aujourd’hui rattrapée par un même rêve de «pureté originelle» et par conséquent d’exclusion. Par un même déni de réalité.////////Luis Lema

Mot à Maux


Rédigé par psa le 01/10/2010 à 06:39
Tags : Tea Party Notez



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