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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




À 69 ans, «The Greatest» a écrit une lettre publiée par le quotidien norvégien «Verdens Gang», à la suite de la tuerie du 22 juillet, il y a deux semaines. Il y prône, comme toujours dans sa vie, les valeurs de la tolérance et du multiculturalisme; l’éternel combat de Mohamed Ali.


Mohamed Ali remet les gants
Peut-être que quelqu’un l’a écrite pour lui. À 69 ans, bien que stabilisée, la maladie de Parkinson dont souffre Mohamed Ali en est à un stade avancé. Au fond, qu’importe. L’essentiel apparaît que cet homme à la stature immense, légendaire, se montre encore capable de défendre ardemment les valeurs qu’il avait faites siennes dès que les rings de boxe lui offrirent une notoriété sportive unique. Aussi loin que remonte sa vie, Ali n’a jamais supporté l’intolérance. D’où la missive qu’il a envoyée au quotidien norvégien Verdens Gang, à la suite du carnage du 22 juillet qui a provoqué le décès de 77 personnes.

«J’ai le cœur brisé, non seulement à cause de la mort insensée de tant de victimes innocentes, y compris de nombreux jeunes gens, mais aussi à cause du prétendu raisonnement qu’il y a derrière ces actes haineux», lisait-on sous la plume du «Greatest», reproduite par l’AFP. «La peur du multiculturalisme démontre un manque de compréhension à l’égard de tous les points communs qui existent entre les gens au-delà des lignes ethniques, raciales ou religieuses», conclut l’ex-triple champion du monde, converti de longue date à cet islam honni par l’extrémiste Anders Beh¬ring Breivik.

Admirable Ali… Le seul détenteur d’une couronne planétaire à l’avoir sacrifiée sur l’autel de ses convictions personnelles. En 1966, il refuse de servir l’armée américaine, engagée dans le bourbier sanglant du Vietnam. «Je n’ai rien contre le Vietcong», «Aucun Vietnamien ne m’a jamais traité de sale nègre» seront ses arguments d’objecteur de conscience devant le tribunal militaire. Verdict prononcé le 20 juin 1967: 10 000 dollars d’amende, cinq ans d’emprisonnement, perte de sa licence de boxeur et de son titre mondial.

Grâce à un appel gagnant, il évitera la «cabane» mais perdra ses quatre plus belles années de sportif d’élite –de 25 à 29 ans, et ne reconquerra sa ceinture de «Champ» que le 30 octobre 1974 à Kinshasa face à George Foreman.

Une décennie plus tôt, le jeune Cassius Clay avait rejoint la «Nation of Islam», pris le nom de Cassius X en hommage à son mentor et ami Malcolm X, le temps que le leader du mouvement, Elijah Muhammad, lui accorde celui de Mohamed Ali. Il devient, dès lors, l’ambassadeur de la communauté noire aux États-Unis, en une période d’intense violence. L’opinion publique blanche le considère comme un fauteur de troubles, avec hostilité et indignation.

Rien n’y fait. Ali danse sur le ring tout en soutenant activement la nouvelle loi sur les droits civiques et la lutte contre la ségrégation raciale. Quarante-cinq ans après, son combat continue.//////////Fred Hirzel



Ad Valorem


Rédigé par psa le 04/08/2011 à 23:13