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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




En dehors de toute théorie flamboyante, juste une question pratique et de bon sens: quand, devant une horde d’aspirants à la Liberté, un homme a marché d’une élection présidentielle à une autre pendant pratiquement cinq ans, réclamant par gaz lacrymogènes et constantes humiliations la vérité des urnes qui lui aurait donné une victoire convaincante par ailleurs ainsi que le retour à la République, par quels critères moindrement démocratiques allez-vous disqualifier une personne aussi déterminée et le peuple fidèle à ses côtés, au prétexte qu’ils ne seraient plus aptes à incarner la dignité de cette même population? Par quels critères raisonnables et éthiques, une telle personne ne saurait être candidat à diriger cette nation togolaise? Dites-le nous! Dites-le nous vite, parce que le Togo n’a plus du temps à perdre en inutiles querelles de politiciens. Nous ne demandons qu’à être convaincus, et nous sommes nombreux.


2015: Candidature Unique de l'Opposition togolaise
2015: Candidature Unique de l'Opposition togolaise


C’est en ces termes que se pose la question de la candidature unique de l’opposition togolaise, dans la perspective des élections présidentielles de 2015; une question qu’il faut régler au plus tôt en ces temps de veille électorale. Mais en réalité, poser la question c’est y répondre de manière non-équivoque : supprimer de l’ordre anormal des ambitions politiques, au beau milieu de nous-mêmes, tous ceux qui tournent le dos à la République et tendent désespérément la main à la non-légitimité, antidémocratique de surcroît, « depuis les mendiants jusqu’aux prétendants ». Faites demi-tour, retournez-vous et regardez dans la même direction que le peuple togolais : revenez à la Patrie, revenez à la République, revenez à la «Terre de nos Aïeux», revenez à la grande Raison… Ne nous perdons plus du temps!

Le coup d’État permanent que subit le Togo –ne serait-ce que dans la fausse promesse de l’ancien régime d’établir la démocratie et la réconciliation, ne laisse de choix qu’à se porter à la défense de la République en refusant de nouvelles reculades. La République c’est la solidarité, autant que la démocratie l’est également. Il ne faut plus que le Togo soit pris par surprise –comme en 2005 et en 2010, et le peuple dépossédé de son avenir, de nouveau, parce que certains de ses dirigeants auraient mené et gagné la bataille de l’égoïsme et de l’inefficacité politique en s’arrogeant, encore une fois, le rôle de tuteur du peuple; un peuple togolais qui, à leurs yeux, serait tout simplement immature pour ne pas reconnaitre toute la compétence cachée en eux. Erreur!

La suprématie du peuple est sacrée. Cette suprématie implique que le peuple n’a pas à justifier ses choix, et nullement son adhésion à une personne plutôt qu’à une autre; et ce peuple a aussi le droit de se détourner de l’un comme de l’autre sans fournir d’explication à qui que ce soit. C’est l’immuable loi de la souveraineté du peuple; et il exprime ce pouvoir dans ses choix et à travers ses préférences populaires; et cette suprématie ne peut être assujettie à aucune condition ni obstruction, à aucune précipitation ni auto-proclamation.

De plus, lorsqu’on a vu ces dernières années le suffrage du peuple togolais servir à légitimer toutes les impostures électorales, lorsque qu’on a vu la République bâillonnée, incendiée et dépossédée, lorsque qu’on a vu des candidatures rejetées et des résultats littéralement fabriqués, lorsque qu’on a déjà été mordu par un serpent, probablement le même serpent et au même carrefour, de tout ce qui ressemble à un serpent ou en présente la silhouette à ce même carrefour de l’histoire, l’on se doit de se méfier et d’agir en conséquence. C’est le bon sens dont le commun des mortels est capable, en tout temps et tout lieu : faire des choix raisonnés fondés sur le vécu et le contexte.

Des leaders politiques désormais sous surveillance.
De nos jours, l’opposition togolaise qui s’impose à notre considération est celle qui, elle-même et par la force des choses, s’est affranchie de la puissance tutélaire désespérément inefficace de Gilchrist Olympio. Devant ce dernier, on s’en souvient, toutes les capacités politiques togolaises et non les moindres s’étaient littéralement anéanties; des Léopold Gnininvi aux Apollinaire Agboyibo en passant par les Edem Kodjo, Boukari Djobo et autres. Depuis lors, un chemin a été parcouru, et nul ne reviendra en arrière sur les temps impériaux extraordinairement stériles et peu imaginatifs de l’ère Gilchrist Olympio ou encore redonner vie à tous ces moments de gâchis et de lourds sacrifices. L’histoire en disposera. Mais aujourd’hui, le temps nous est compté : le Togo ne peut continuer à être pris au piège des actions politiques sans aboutissements de certains de ses leaders. C’est ce droit de regard et de vigilance qu’exercent désormais tous les citoyens du Togo, le peuple togolais, silencieux, muet, médusé, paralysé, aphasique même, mais toujours conscient de son destin encore inachevé, et toujours vigilent vis à vis de tous ses prétendants.

Il est vrai que dans sa diversité, l’opposition togolaise qu’incarnent les acteurs actuels s’est modelée, à nouveau et autrement, dans un esprit d’ouverture aux partis politiques et à la société civile; un esprit de collaboration que jamais la classe politique n’avait démontré auparavant avec autant de louables résultats. Une telle voie de l’efficacité dans l’unité d’action, une fois choisie, c’est tous les adeptes du changement qui doivent s’y associer, de Kofi Yamgname à Agbeyomé Kodjo, d’Aimé Gogué à Jean-Pierre Fabre, de Tchessa Abi à Abass Kaboua, etc. C’est un fait que l’opposition togolaise n’a jamais été aussi unie que maintenant, malgré toutes ses difficultés apparentes et avec l’incontestable leadership de l’Alliance nationale pour le Changement (ANC), parti-locomotive du Collectif Sauvons le Togo (CST).

C’est d’ailleurs l’éternel et universel enseignement du Chemin de Damas : se relever après tous les déboires du monde, toutes les humiliations et les brusqueries que seul le régime ancien togolais sait servir à ses adversaires. Voici donc une opposition nouvelle en marche; elle est cosmopolite, multiethnique, ouverte et elle constitue le résultat de tous les écroulements du passé, en plus d’être pourvoyeuse d’un idéal républicain à tout un peuple qui a le droit d’exister et d’espérer. Comme ce fut le cas dans l’histoire des peuples, au Togo aujourd’hui, chaque conscience citoyenne a besoin d’un idéal plus que du réel : « C’est par le réel qu’on vit; c’est par l’idéal qu’on existe. » Se pourrait-il que certains veulent entraver cette marche nouvelle, si déterminante, en s’écartant du devoir d’unité d’action? Pas cette fois-ci, s’il vous plait!

Face à une situation aussi persistante, le devoir d’une action commune s’impose à chaque adepte du changement politique au Togo. Là est le bon sens est là! Une telle fermeté dans notre conviction n’a d’égale que la sympathie profonde envers toutes les ambitions politiques individuelles. Sauf que devant l’histoire républicaine du moment, tout s’efface, et tout doit s’effacer afin que les Togolaises et les Togolais deviennent eux-aussi, ensemble, contributeurs et « créanciers de l’enthousiasme universel » que partagent déjà d’autres peuples qui ont choisi la démocratie partout à travers le monde, et plus près encore au Ghana et au Bénin voisins.

Dans un passé encore récent, les abîmes de la désunion de l’opposition togolaise avaient déjà fait tressaillir tout un chacun d’amères déceptions. Se décourager et tourner le dos au Togo, tendre une main secourable ailleurs ont parfois été l’exutoire de certains. Mais rien n’est aussi compliqué que de fuir son propre destin et laisser inachevée son œuvre de citoyen ou encore mettre un masque à sa quête de liberté en grattant ailleurs que l’endroit qui en a le plus besoin. Toutes ces fuites en avant n’avaient rien donné d’autre que la certitude que les Togolais doivent courageusement faire face à leurs responsabilités. Citoyens d’une République bâillonnée, incendiée et dépossédée, les Togolais n’en peuvent plus d’appartenir à un pays aux rêves perdus, peuplés de martyrs et de bourreaux; un pays où l’opposition républicaine, forte et unie, doit désormais refuser de servir de faire-valoir à l’arbitraire. C’est bien le sens d’une candidature unique, celle qui ne sera pas tirée par les cheveux de la désunion, celle du large consensus, celle que nous attendons. Vivement!


Le démocrate Bill de Blasio a été élu, mardi 5 novembre, 109e maire de New York en distançant largement son rival du parti républicain, Joe Lhota. Selon les estimations portant sur 99 % des votes, il a remporté 73,6 % des voix, contre 24 % pour M. Lhota, selon le New York Times. "Cette inégalité, ce sentiment que quelques-uns s'en sortent très bien pendant que tant reculent socialement : ceci est le défi de notre époque", a-t-il affirmé devant une foule de soutiens venus l'acclamer.


Bill de Blasio partageant sa victoire avec sa femme la poétesse afro-américaine Chirlane McCray
Bill de Blasio partageant sa victoire avec sa femme la poétesse afro-américaine Chirlane McCray




Un empereur-maire milliardaire en fin de règne, une dauphine incapable de se hisser à la hauteur de l'événement, un ex-jeune premier démocrate trahi par ses irrépressibles pulsions sexuelles, un candidat républicain tout droit sorti d'un film de gangsters, des violences policières, la révolte des sans-grade, l'inquiétude de Wall Street et, pour finir, le triomphe inattendu du plus anonyme et du plus modeste des candidats: l'élection du 109e maire de New York mardi a délivré son lot de surprises, comme seules l'Amérique et Big Apple savent en provoquer.

Le plus étonné est peut-être le vainqueur lui-même, Bill de Blasio, avocat public de 52 ans et ex-directeur de la campagne sénatoriale de Hillary Clinton dans l'État de New York en 2000, élu avec plus de 73% des voix. Un record parmi d'autres pour ce premier maire démocrate depuis deux décennies et la fin des «années de plomb», dans une ville alors en proie au crime et à la corruption généralisée.


Une primaire à laquelle il ne semblait même pas invité
Imaginez plutôt: en juillet dernier, il y a quatre mois à peine, ce défenseur autoproclamé des petits et des faibles semblait condamné à une élimination prématurée, sans gloire, dans une primaire démocrate à couteaux tirés et à laquelle il ne semblait même pas invité. Face à lui se dressaient deux ténors au tempérament de feu, bien décidés à succéder au républicain Michael Bloomberg sur le trône: l'ex-représentant Anthony Weiner, gloire naissante du Parti démocrate rattrapé en pleine ascension par des frasques sexuelles exposées sur Internet, et Christine Quinn, conseillère municipale démocrate adoubée par le «roi Mike» et soutenue par le prestigieux New York Times.

Patatras, mi-juillet, Weiner reconnaissait avoir de nouveau «fauté», démasqué après avoir continué ses prédations en ligne sous le pathétique pseudo de «Carlos Danger». Puis Christine Quinn dégringolait dans les sondages, plombée par une campagne trop austère et un soutien peut-être malvenu du maire sortant.


Restait de Blasio, vainqueur par KO et en guerre, justement, contre la gestion élitiste et arrogante de la cité par Bloomberg. Arpentant les quartiers défavorisés et excentrés des cinq boroughs de Big Apple, le père de famille métissée, exaltant la diversité multiraciale de la ville, ressassait une antienne digne de Charles Dickens: «A tale of two cities (deux villes en une)», sombre parabole d'une New York frappée de plein fouet par la crise de 2008, déchirée entre le monde des classes aisées et celui des plus pauvres.


Un premier impair
Le changement selon de Blasio? En promettant des hausses d'impôts pour les plus riches et la fin du profilage racial (stop and frisk) du NYPD, en surfant sur la vague du mouvement «Occupy Wall Street», dit des «99 %», il n'aura au final fait qu'une bouchée du candidat républicain, Joe Lhota, livré en victime expiatoire face au phénomène de Blasio. Petit et dégarni, roué et râblé, vieux routier de la politique new-yorkaise, Lhota était déjà maire adjoint de New York sous Rudy Giuliani, puis patron des transports en commun de la mégapole (MTA). Face au besoin de changement exprimé par la population après douze années de Bloomberg, il ne pouvait pas exister.

Le premier impair du futur maire, pourtant, n'a pas traîné: lui qui avait martelé l'importance des syndicats et loué la main-d'œuvre new-yorkaise a confié l'organisation de sa fête de victoire à une agence d'événementiel basée dans l'Ohio et proche des cercles de Barack Obama, le tout pour 63.000 dollars (46.000 euros). Cette craquelure encore bénigne dans l'armure de chevalier blanc dont s'est paré de Blasio n'est rien, finalement, au regard des défis qui l'attendent lorsqu'il entrera de plain-pied dans ses nouvelles fonctions, le 1er janvier prochain.



Bill de Blasio et son fils... Dante lui-même
Bill de Blasio et son fils... Dante lui-même

Ad Valorem


Rédigé par psa le 06/11/2013 à 10:27



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