Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




DAVOS… en continu point par point
Alors, capitalisme ou capitalisme d’état?
Plongée directe dans le grand bain ce mercredi matin avec un débat sur l’avenir du capitalisme. À ma droite, David M. Rubenstein, fondateur de la société d’investissement Carlyle, se montre pessimiste sur l’état de l’Occident. «Les pays émergents ont suivi ce qui se passait a l’ouest et commencent, depuis quelques années, à nous dépasser. Ils font même mieux que nous avec leur capitalisme d’état. Regardez ce qui se passe en Chine. Il y a davantage de jobs créés et de manière plus rapide que chez nous. Si nous ne réglons pas rapidement nos problèmes majeurs, comme celui de la dette, ce type de capitalisme risque de prévaloir.»
Une menace, ce capitalisme d’état? À ma gauche, Raghuram Rajan, professeur de finance à l’université de Chicago, le craint. «Je ne suis vraiment pas certain que ce capitalisme d’état fonctionne à long terme pour l’innovation, qui est le moteur de la croissance. En Chine, ce sont les petites structures, les petites entreprises, qui sont les plus innovantes, pas les grands groupes. Or, nous avons un sérieux problème à l’ouest car la demande glisse de plus en plus à l’est. Nos petites entreprises pourront-elles régater avec des entreprises d’état orientales? Pas certain. Pas certain non plus que celles-ci créent à long terme de la croissance.» Alors, quelle solution? Faciliter l’innovation à l’ouest, glissent les orateurs, aider les entrepreneurs et cesser de leur mettre des barrières. (Anouch Seydtaghia)


FMI: «Nous pouvons faire face aux dette»
L’un des plus hauts responsables du Fonds monétaire international (FMI) s’est déclaré confiant. Certes le problème des dettes des pays développés est gigantesque et totalement inédit mais le monde peut y faire face pour autant que tout le monde participe au sauvetage, pays avancés et pays en développement. (Pierre Veya)


Davos, situation financière
Interrogée sur la situation financière des banques et la solidité des emprunts publics, une majorité des participants d’une session de discussions (pour l’essentiel des banquiers) estime qu’elle est plus grave. L’Europe suscite toujours le plus grand scepticisme sur sa capacité politique a se reformer. La crainte est de vivre une récession de 10 ou 15 ans.

«18% des directeurs vont couper dans leurs effectifs»
Davos, hôtel Steigenberger Belvédère, 18h30. Attention à ne pas se tromper d’entrée dans l’hôtel, devenu le QG des réviseurs: Deloitte, PricewaterhouseCoopers et KPMG sont présents. Président de PwC, Dennis M. Nally présente, mains dans les poches, les résultats de son sondage annuel auprès de 1258 directeurs d’entreprise issus de soixante pays. Le tableau demeure sombre. «Il y a un an, 23% des directeurs annonçaient qu’ils allaient tailler dans leurs effectifs, aujourd’hui 18% disent qu’ils le feront dans les douze prochains mois», affirme Dennis Nally.
Seuls 15% des patrons interrogés pensent que l’économie mondiale va s’améliorer en 2012, alors qu’ils sont 40% à penser que le chiffre d’affaires de leur entreprise va augmenter durant l’année en cours. Il y a un an, cette proportion était de 48%. Bref, cela se gâte, et selon le responsable de PwC, plus de la moitié des directeurs s’estiment, d’une manière ou d’une autre, affectés par la crise de la dette.
Mais dans le sondage de PwC, effectué au troisième trimestre 2011, ne manque-t-il pas le regain d’optimisme enregistré à la toute fin de 2011 et durant les premiers jours de 2012? «Non pas du tout. De notre point de vue rien n’a changé, nos propres clients confirment d’ailleurs qu’il y a un mauvais climat actuellement», assure Dennis Nally. Et pourquoi les entreprises sont-elles plutôt positives dans l’évaluation de leur situation (beaucoup parlent d’engager des talents cette année) et négatives concernant la situation globale? «Les directeurs ont appris des crises précédentes, leur société est mieux armée face aux conditions actuelles, les sociétés réagissent plus rapidement», assure le responsable de PwC. (Anouch Seydtaghia)

Les thèmes de Davos
Le World Economic Forum de Davos (WEF) s’ouvre aujourd’hui avec deux thèmes qui dominent déjà dans la tête des participants: le risque de récession mondiale et la situation particulière de l’Europe. On attend beaucoup d’Angela Merkel qui, ces derniers jours, donne l’impression qu’elle est prête à bouger pour aider à la mobilisation des fonds nécessaires à l’Italie et à l’Espagne. Mais c’est évidemment la situation économique globale qui inquiète tout le monde, même si la Chine et l’Inde continuent de croître et semblent résolues à se lancer rapidement dans de nouveaux plans de relance si la situation devait se dégrader.
Bien entendu, le capitalisme est au centre des réflexions. A l’évidence, toutes les mesures de régulation annoncées en 2009 sont en discussion; les exigences de fonds propres pour les banques divisent encore et toujours les États.
Autre thème que l’on devine: la montée des inégalités qui discrédite les politiques publiques et met sous pression les chefs d’État mais également tous les décideurs économiques. A Davos, on ne décide de rien, on parle, on échange. «Espérons que les participants seront un peu plus optimistes à la fin du forum», faisait remarquer un cadre britannique d’une grande banque, surpris de voir autant de neige dans les Alpes suisses, «les Grisons», lui a-t-on fait remarquer, en posant le pied à Davos Platz. (Pierre Veya)


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 25/01/2012 à 05:44



Will Salisbury, Génocide Rwanda
Will Salisbury, Génocide Rwanda
En désignant l’enceinte du camp de la garde présidentielle, bastion du pouvoir hutu, comme le lieu d’où ont été tirés les deux missiles qui ont abattu l’avion du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, les experts convoqués par le juge d’instruction Marc Trevidic ont secoué l’opinion française. Depuis une quinzaine d’années en effet, les ordonnances du juge Bruguière, largement relayées par des livres et des articles, avaient accrédité l’idée d’un attentat commis par le Front patriotique rwandais (FPR, pro-Tutsi), qui aurait ainsi déclenché le dernier génocide du siècle dernier.


Au lendemain de la communication du rapport d’expertise, qui exonère le FPR de cette accusation, les avocats des neuf personnalités rwandaises incriminées par le juge antiterroriste, Maîtres Lev Forster et Bernard Maingain, ont tiré les premières conclusions de ce revirement de l’enquête. La première, c’est qu’ils espèrent que leurs clients, de hautes personnalités du régime de Kigali, dont James Kabarebe, l’actuel ministre de la Défense, bénéficieront d’un non-lieu lorsque, après trois mois environ, toutes les conclusions du rapport d’expertise auront été tirées.

La seconde constatation, c’est que l’enquête sur le terrain a été minutieuse et complète: six lieux de tirs possibles ont été visités, 56 missiles ont été examinés avant que le SA-16 d’origine russe soit désigné comme l’arme du crime. Une arme sophistiquée, dont la manipulation exige plus d’une centaine d’heures de pratique. Ce constat rejoint déjà la remarque de l’un des avocats de la famille Habyarimana, qui a rappelé que les Forces armées rwandaises (FAR) n’avaient pas été formées au maniement de tels engins.

Le troisième point qui a frappé les avocats, c’est que la déconstruction de l’enquête du juge Bruguière est désormais entamée. Rappelons que le célèbre magistrat avait instruit uniquement à charge et refusé de se rendre sur le terrain, au contraire de Marc Trevidic qui fut longtemps son disciple. Cette déconstruction passe par la remise en cause des témoins, dont la plupart (comme Abdul Ruzibiza ou Emmanuel Ruzindana) se sont rétractés, mais aussi par le dévoilement des véritables réseaux de désinformation ayant opéré en marge de l’«enquête»: des universitaires comme André Guichaoua ou Claudine Vidal ont apporté leur caution scientifique, des journalistes comme Pierre Péan ont vulgarisé la version, tandis que de nombreuses pièces du dossier démontrent une totale proximité entre enquêteurs, témoins, traducteur et magistrat.

C’est ainsi que Pierre Payebien, l’enquêteur principal de Jean-Louis Bruguière, a utilisé comme traducteur Fabien Singaye, un ami de Jean-Luc Habyarimana (l’un des fils de l’ex-président) et beau-fils de Félicien Kabuga, le financier du génocide. Fabien Singaye avait été présenté à Pierre Payebien par l’ancien gendarme de l’Élysée, le capitaine Paul Barril, omniprésent dans les opérations de diversion (lire ci-dessous). Ce réseau de connivences, cet «enfumage» du dossier, suivant les termes de Me Maingain a d’ailleurs incité les avocats à déposer plainte pour «tentative d’escroquerie à jugement» et subornation de témoins.

Le rideau de fumée s’est étendu à la Belgique et Me Maingain a rappelé le rôle joué par le professeur anversois Filip Reyntjens qui aurait entre autres conseillé l’enquêteur Pierre Payebien et eu des contacts avec le colonel Bagosora à propos des missiles. Les manœuvres ne sont sans doute pas terminées: on peut s’attendre à de prochaines «révélations» sur de possibles infiltrations de combattants du FPR à l’intérieur même du camp Kanombe, ce bastion hutu, et Théogène Rudasingwa, ancien secrétaire général du FPR, en rupture avec le président Paul Kagame, ainsi que d’autres ex-rebelles accusés de corruption, retrouvent soudain la mémoire et revendiquent l’attentat.

Les avocats ont aussi tenu à rappeler que les dix Casques bleus belges massacrés au camp Kigali ont été parmi les premières victimes de la désinformation: c’est une source française qui avait désigné les Belges comme les auteurs de l’attentat… ////////////Colette Braeckman



Chronologie
6 avril 1994 Le président Juvénal Habyarimana est tué après deux tirs de missile contre son avion à Kigali.
Avril-juillet Génocide des Tutsis accompagné d’assassinats de Hutus modérés: 800 000 morts.
Juin-août Intervention française (opération «Turquoise»).
17 novembre 2006 A l’issue de son instruction, le juge Jean-Louis Bruguière met en cause le régime de Paul Kagame, le président rwandais.



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